(Suite.)
Après avoir comploté leur
crime quelques jours avant, le samedi soir 3 octobre 1914, les
accusés dénommés ci-dessus ont attendu aux environs de la place Duchesne que
M. Chabas fût rentré de la promenade qu’il avait l’habitude de faire
chaque soir après le souper. Il était aux environs de neuf heures quand
M. Chabas a regagné son domicile. Les accusés l’ont suivi dans la cour
sous prétexte d’un travail à exécuter et, après un bref échange de paroles, ils
l’ont frappé en pleine figure avec des morceaux de bois équarris. Chabas,
étourdi et voulant sans doute gagner la rue pour appeler au secours, a trébuché
sur un tas de madriers sur lesquels il est tombé. C’est alors que Laurent, l’un
des agresseurs, lui a asséné sur le sommet de la tête plusieurs coups d’une
hache lourde qui ont provoqué une mort instantanée.
L’instruction a établi
depuis que cette hache avait été volée le 4 juin précédent à l’usine
frigorifique de la Société Rochefortaise par Morange.
Le crime accompli, les
assassins ont dépouillé la victime de sa montre avec chaîne en argent, des
valeurs qu’elle pouvait avoir sur elle, ainsi que des clefs de son appartement,
dont ils se sont servis pour pénétrer dans ledit appartement, sis au premier
étage. Mais avant de monter, ils ont recouvert le cadavre de copeaux, débris de
bois, vieilles toiles, etc. Pendant ce temps, l’un des accusés, Lezoma, faisait
le guet dans la rue.
Dans l’appartement, ils
ont fracturé une armoire et une petite malle, dans lesquelles ils ont pris
4 000 et quelques cents francs en or, ainsi que trois cents francs en
argent et divers bijoux. Dans la malle, ils ont laissé 2 500 fr. en
billets de banque, formant une liasse ; dans un tiroir d’une table, qu’ils
n’ont pas songé à ouvrir, ils ont également laissé environ 500 fr., partie
en or, partie en argent.
Après quoi,
tranquillement, ils ont mangé et bu. Puis, voulant sans doute dépister la
justice, ils ont trouvé plaisant d’écrire, sur un grand morceau de papier
laissé sur la table, une phrase donnant à entendre que l’auteur du crime
n’était autre que l’excellent agent de la sûreté Ahmadi. Cette phrase a été
écrite avec un crayon vert, taillé
des deux bouts, et ce crayon a été laissé sur le papier. C’est ce qui les a
perdus.
(À suivre.)
Le Tamatave
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