La Chambre des mises en
accusation,
Vu la procédure suivie
contre les nommés Laurent Marcel, Morange Gaston, dit Faustin, Thomas Joseph,
dit Petit Frère, Lezoma et François ou Francis, inculpés d’assassinat, de
complicité d’assassinat et de vol qualifié ;
Vu les réquisitions de
M. le Procureur général :
Attendu que de
l’information soumise à la Cour résultent les faits suivants :
Le dimanche
4 octobre 1914, les domestiques du sieur Louis Chabas, entrepreneur à
Tamatave, trouvaient ce dernier mort à sa maison sise rue de la Batterie.
L’autorité judiciaire fut
immédiatement prévenue.
Le corps de Chabas fut
retrouvé recouvert de copeaux humides et de divers objets. Les premières
constatations démontrèrent que la victime, après avoir été assommée à coups de
bâton, avait été frappée avec une hache trouvée enfoncée et recouverte dans le
sable à quelques mètres du cadavre.
L’expertise médicale
établit que la mort remontait à plusieurs heures et que le meurtre avait dû
être commis la veille au soir vers 9 heures (3 octobre).
La visite de
l’appartement de la victime révéla que le vol qui avait dû suivre l’assassinat
avait été le mobile du crime, et qu’en outre les coupables devaient être en
nombre.
Plusieurs arrestations
furent opérées parmi les indigènes suspects au service de la victime, ainsi que
parmi les indigènes en relations avec ces indigènes. L’information se
poursuivant depuis un mois lorsque le magistrat instructeur présenta à un
témoin, le père de l’inculpé Joseph Thomas, dit Petit Frère, un crayon saisi
comme pièce à conviction, qui avait été abandonné sur la table de la salle à
manger de Louis Chabas et qui avait servi aux assassins à écrire quelques mots.
Le crayon fut
spontanément reconnu par le père de Thomas comme lui appartenant.
L’inculpé Joseph Thomas
déclara que cet objet appartenait bien à son père et il entra aussitôt dans la
voie des aveux. Il reconnut avoir prêté ce crayon à Gaston Morange pour copier
les télégrammes.
(À suivre.)
La Dépêche malgache
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