(Suite.)
Tel est l’esprit qui a
présidé aux décisions des commissions instituées par M. Garbit, en vue
d’examiner, une à une, les demandes de sursis. Seulement, les exemptions y sont
conditionnelles, précaires. Les individus, pareils à des soldats en permission,
y sont congédiés jusqu’à nouvel ordre, jamais libérés aussi longtemps que
dureront les hostilités ; les sursis étant pratiqués dans l’intérêt de la
Colonie, qui a besoin d’agriculteurs, d’ouvriers et de fonctionnaires, seraient
supprimés dans l’intérêt supérieur de la patrie si, par impossible, le besoin
un jour s’en faisait sentir.
C’est là le devoir
évident, supérieur, national ; mais non, il est des gens peu nombreux,
nous l’espérons, mais enfin il s’en trouve, qui, sous l’influence d’un égoïsme
léger, ne s’arrêtent pas à de telles considérations. À un point de vue qui n’a
rien de militaire, ils offriraient un curieux sujet d’étude – depuis l’homme
qui ne sait se passionner pour ce qui dépasse la sphère de ses intérêts
personnels, jusqu’au pauvre hère qui manque sinon de courage et de patriotisme,
du moins dont le patriotisme est prudent et mitigé.
Eh quoi ! disent
quelques-uns, ne suis-je donc pas libre de discuter comme je l’entends les
décisions des commissions de sursis et de les apprécier à ma manière ?
Vous êtes certainement libres, personne ne conteste votre droit ;
seulement nous touchons ici à un point curieux de notre hygiène politique. La
liberté, pour certaines personnes, consiste à ne tenir compte que de leur
bien-être, de la prospérité de leurs affaires ; à faire ce qu’on veut ou
plutôt ce qui passe par la tête de quelques meneurs, sans s’inquiéter des
conséquences.
Il y a une question bien
autrement importante. Certes, s’il y a aujourd’hui pour tous les Français de
Madagascar une nécessité manifeste, impérieuse, c’est celle d’éviter les
agitations, les mobilités ; de donner l’appui moral le plus absolu au
gouvernement local qui porte dans ses décisions, comme il l’a montré depuis
plus de six mois, un esprit résolu et ferme en même temps que libéral, très
préoccupé d’introduire dans son administration la simplicité et l’économie.
(À suivre.)
Le Tamatave
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