22 mai 2015

Il y a 100 ans : Autour de la mobilisation (2)

(Suite.)
Tel est l’esprit qui a présidé aux décisions des commissions instituées par M. Garbit, en vue d’examiner, une à une, les demandes de sursis. Seulement, les exemptions y sont conditionnelles, précaires. Les individus, pareils à des soldats en permission, y sont congédiés jusqu’à nouvel ordre, jamais libérés aussi longtemps que dureront les hostilités ; les sursis étant pratiqués dans l’intérêt de la Colonie, qui a besoin d’agriculteurs, d’ouvriers et de fonctionnaires, seraient supprimés dans l’intérêt supérieur de la patrie si, par impossible, le besoin un jour s’en faisait sentir.
C’est là le devoir évident, supérieur, national ; mais non, il est des gens peu nombreux, nous l’espérons, mais enfin il s’en trouve, qui, sous l’influence d’un égoïsme léger, ne s’arrêtent pas à de telles considérations. À un point de vue qui n’a rien de militaire, ils offriraient un curieux sujet d’étude – depuis l’homme qui ne sait se passionner pour ce qui dépasse la sphère de ses intérêts personnels, jusqu’au pauvre hère qui manque sinon de courage et de patriotisme, du moins dont le patriotisme est prudent et mitigé.
Eh quoi ! disent quelques-uns, ne suis-je donc pas libre de discuter comme je l’entends les décisions des commissions de sursis et de les apprécier à ma manière ? Vous êtes certainement libres, personne ne conteste votre droit ; seulement nous touchons ici à un point curieux de notre hygiène politique. La liberté, pour certaines personnes, consiste à ne tenir compte que de leur bien-être, de la prospérité de leurs affaires ; à faire ce qu’on veut ou plutôt ce qui passe par la tête de quelques meneurs, sans s’inquiéter des conséquences.
Il y a une question bien autrement importante. Certes, s’il y a aujourd’hui pour tous les Français de Madagascar une nécessité manifeste, impérieuse, c’est celle d’éviter les agitations, les mobilités ; de donner l’appui moral le plus absolu au gouvernement local qui porte dans ses décisions, comme il l’a montré depuis plus de six mois, un esprit résolu et ferme en même temps que libéral, très préoccupé d’introduire dans son administration la simplicité et l’économie.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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