L’initiative, qu’a prise
M. Dumoulin de créer un musée d’art à Tananarive avec l’appui de
l’administration locale, n’a recueilli lundi que des éloges.
M. Morel, bien que
n’étant plus ministre, a tenu à inaugurer l’exposition organisée 45, rue
Richepanse et à apporter ses félicitations à M. Dumoulin.
L’œuvre de l’éminent
artiste est, en effet, de celles qui honorent leur auteur. Son initiative,
toutefois, soulève une des questions les plus complexes et les plus délicates
qui soient : la vulgarisation artistique chez les primitifs. Comment
arriver à découvrir avec notre cerveau d’homme civilisé ce qui peut intéresser
des indigènes dont les notions en matière artistique sont extrêmement vagues et
rudimentaires ?
Nos sujets, qui
n’entendent rien aux subtilités de notre législation, sont-ils plus aptes à
apprécier les beautés de l’art moderne ? Il est au moins permis d’en
douter.
Il y a là tout un
enseignement long et difficile dont le musée projeté par M. Dumoulin ne
semble guère être que le premier stade. Je ne pense pas que le sympathique
artiste ait envisagé sérieusement la perspective de donner par ce seul moyen
aux populations de la Grande Île, l’éducation artistique qui doit ouvrir à leur
esprit des horizons nouveaux.
Je ne vois guère un
Sakalave, par exemple, se rendant à Tananarive pour admirer les œuvres
actuellement exposées chez Bernheim.
La lecture du Courrier colonial m’a permis de nous
rendre compte que nous assistons dans nos colonies de l’Océan Indien à trois
manifestations d’art absolument distinctes et toutes intéressantes.
Les frères Leblond
organisent le musée Léon Dierx, à Bourbon ; M. Supparo ouvre un cours
de peinture à Tananarive ; enfin M. Dumoulin crée, dans cette même
ville, le musée qui fait l’objet de cet article.
L’initiative des frères
Leblond s’imposait par le fait qu’elle s’adresse à une population civilisée,
fine, éprise, elle-même, d’art. Il est même étonnant qu’elle se soit produite
aussi tardivement.
Les envois sont peut-être
éclectiques, mais d’une formule d’art très nette, si j’ose dire. Enfin,
beaucoup de pièces du musée se rapportent à l’histoire et aux légendes de
Bourbon. On conçoit facilement qu’une collection, relative à Paul et Virginie,
ne saurait être mieux placée qu’au musée Léon Dierx.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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