13 janvier 2014

Il y a 100 ans : La vulgarisation artistique chez l’indigène (1)

L’initiative, qu’a prise M. Dumoulin de créer un musée d’art à Tananarive avec l’appui de l’administration locale, n’a recueilli lundi que des éloges.
M. Morel, bien que n’étant plus ministre, a tenu à inaugurer l’exposition organisée 45, rue Richepanse et à apporter ses félicitations à M. Dumoulin.
L’œuvre de l’éminent artiste est, en effet, de celles qui honorent leur auteur. Son initiative, toutefois, soulève une des questions les plus complexes et les plus délicates qui soient : la vulgarisation artistique chez les primitifs. Comment arriver à découvrir avec notre cerveau d’homme civilisé ce qui peut intéresser des indigènes dont les notions en matière artistique sont extrêmement vagues et rudimentaires ?
Nos sujets, qui n’entendent rien aux subtilités de notre législation, sont-ils plus aptes à apprécier les beautés de l’art moderne ? Il est au moins permis d’en douter.
Il y a là tout un enseignement long et difficile dont le musée projeté par M. Dumoulin ne semble guère être que le premier stade. Je ne pense pas que le sympathique artiste ait envisagé sérieusement la perspective de donner par ce seul moyen aux populations de la Grande Île, l’éducation artistique qui doit ouvrir à leur esprit des horizons nouveaux.
Je ne vois guère un Sakalave, par exemple, se rendant à Tananarive pour admirer les œuvres actuellement exposées chez Bernheim.
La lecture du Courrier colonial m’a permis de nous rendre compte que nous assistons dans nos colonies de l’Océan Indien à trois manifestations d’art absolument distinctes et toutes intéressantes.
Les frères Leblond organisent le musée Léon Dierx, à Bourbon ; M. Supparo ouvre un cours de peinture à Tananarive ; enfin M. Dumoulin crée, dans cette même ville, le musée qui fait l’objet de cet article.
L’initiative des frères Leblond s’imposait par le fait qu’elle s’adresse à une population civilisée, fine, éprise, elle-même, d’art. Il est même étonnant qu’elle se soit produite aussi tardivement.
Les envois sont peut-être éclectiques, mais d’une formule d’art très nette, si j’ose dire. Enfin, beaucoup de pièces du musée se rapportent à l’histoire et aux légendes de Bourbon. On conçoit facilement qu’une collection, relative à Paul et Virginie, ne saurait être mieux placée qu’au musée Léon Dierx.
(À suivre.)

Le Courrier colonial



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