15 janvier 2014

Il y a 100 ans : La vulgarisation artistique chez l’indigène (3)

(Suite.)
Il eût été bon de sacrifier un peu aux âges passés et de faire, à côté des productions modernes, une petite place aux peintres illustres, à l’aide de reproductions simplement passables de leurs chefs-d’œuvre. Des copies de tableaux de Greuze, de Nattier, de Corot de la dernière manière, des dessins typiques d’Ingres ou de Géricault ne seraient nullement déplacés à Tananarive, et même permettraient, au contraire, de donner un utile enseignement aux indigènes : grâce, hardiesse, précision du trait, position des plans, groupement des personnages, tout cela serait mis en lumière grâce à quelques-uns de ces tableaux.
M. Dumoulin fera remarquer que ces leçons se dégagent également des œuvres des maîtres vivants. Je le reconnais volontiers, tout en rappelant que rien ne vaut, en matière d’éducation artistique, la comparaison entre deux époques.
Quoi de plus intéressant que de mettre, par exemple, sous les yeux des Hovas, une de ces plates compositions de la fin du premier Empire, puis une de ces éclatantes manifestations de l’impressionnisme et de leur dire : voilà où vous en êtes… Voilà où vous devez tendre.
L’indigène est observateur : il possède au plus haut point la mémoire, surtout visuelle. Un rapide examen de simples copies d’une vingtaine de chefs-d’œuvre, déjà assez éloignés de nous, constituerait pour lui le meilleur des enseignements.
Au reste, les remarques que je formule ici n’ont rien d’absolu. Avec quelques-unes des productions dont M. Dumoulin a organisé l’exposition, un éducateur peut encore faire d’excellente besogne, mais il lui faut pour cela une sérieuse culture artistique et, sans vouloir froisser personne, je crois pouvoir dire que l’on ne trouverait pas aisément, à Madagascar, l’homme nécessaire.
Une complète éducation artistique, une expérience de plusieurs années, etc., sont en effet indispensables à celui qui assumerait cette tâche difficile.
Or les hommes qui remplissent ces conditions vont rarement aux colonies, ou du moins s’ils y vont, ce n’est pas pour y rester.
(À suivre.)

Le Courrier colonial


L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
  • Lulu, intermédiaire habituel de la Bibliothèque malgache, au format epub - sans couverture: 6,99 €
  • Amazon, qu'il est inutile de présenter, au format Kindle (Calibre, un logiciel gratuit, permet de convertir aisément en epub si on ne possède pas de liseuse spécifique): 7,49 €

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire