(Suite.)
Il eût été bon de
sacrifier un peu aux âges passés et de faire, à côté des productions modernes,
une petite place aux peintres illustres, à l’aide de reproductions simplement
passables de leurs chefs-d’œuvre. Des copies de tableaux de Greuze, de Nattier,
de Corot de la dernière manière, des dessins typiques d’Ingres ou de Géricault
ne seraient nullement déplacés à Tananarive, et même permettraient, au
contraire, de donner un utile enseignement aux indigènes : grâce,
hardiesse, précision du trait, position des plans, groupement des personnages,
tout cela serait mis en lumière grâce à quelques-uns de ces tableaux.
M. Dumoulin fera
remarquer que ces leçons se dégagent également des œuvres des maîtres vivants.
Je le reconnais volontiers, tout en rappelant que rien ne vaut, en matière
d’éducation artistique, la comparaison entre deux époques.
Quoi de plus intéressant
que de mettre, par exemple, sous les yeux des Hovas, une de ces plates
compositions de la fin du premier Empire, puis une de ces éclatantes manifestations
de l’impressionnisme et de leur dire : voilà où vous en êtes… Voilà où
vous devez tendre.
L’indigène est
observateur : il possède au plus haut point la mémoire, surtout visuelle.
Un rapide examen de simples copies d’une vingtaine de chefs-d’œuvre, déjà assez
éloignés de nous, constituerait pour lui le meilleur des enseignements.
Au reste, les remarques
que je formule ici n’ont rien d’absolu. Avec quelques-unes des productions dont
M. Dumoulin a organisé l’exposition, un éducateur peut encore faire
d’excellente besogne, mais il lui faut pour cela une sérieuse culture
artistique et, sans vouloir froisser personne, je crois pouvoir dire que l’on
ne trouverait pas aisément, à Madagascar, l’homme nécessaire.
Une complète éducation
artistique, une expérience de plusieurs années, etc., sont en effet
indispensables à celui qui assumerait cette tâche difficile.
Or les hommes qui
remplissent ces conditions vont rarement aux colonies, ou du moins s’ils y
vont, ce n’est pas pour y rester.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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