Monsieur le Directeur du Tamatave,
Votre numéro du 4 octobre
reproduit sous le titre Exécution
Capitale un article de la Dépêche de
la Réunion qui s’élève contre l’honneur fait à certains criminels en les
fusillant comme des braves, alors que la Veuve
inspire plus de terreur aux assassins.
Le rédacteur de l’article
veut nous prêter la guillotine de la Réunion.
J’estime qu’il est
inutile de nous envoyer cet instrument avec le Deibler de l’île voisine. Il n’y
a qu’un moyen de punir cruellement les assassins malgaches ; qu’ils soient
exécutés par le fusil ou par la guillotine à Madagascar ou ailleurs, peu leur
importe ; en fatalistes, ils se laisseront conduire à la guillotine avec
la même indifférence que si leur sort est réglé au poteau d’exécution.
Mais ce qu’ils craignent,
c’est le séjour définitif de leurs restes mortels ailleurs que sur la terre de
leurs ancêtres, surtout, s’ils sont certains à l’avance que leur famille ne
sera jamais autorisée à les faire transporter sur la terre natale.
Ceux qui ont connu
l’humilité et l’insistance des familles des Hova décédés en exil à la Réunion,
sollicitant du général Galliéni la faveur de faire exhumer les dépouilles
mortelles de leurs parents, afin de les transporter à Madagascar pour y être
déposés dans leurs tombeaux, seront certainement de mon avis.
Il en est de même de ceux
qui ont assisté au débarquement de ces cercueils en mai 1902.
Voulez-vous me permettre
en outre de redresser une double erreur au sujet de l’article de la Dépêche que je vous signale.
À la fin de cet article
je lis que « Rainibetsimisaraka, héros de l’indépendance madécasse, que la
France fit fusiller pour s’en débarrasser tomba crânement sous nos balles,
debout, le chapeau en main, saluant d’un dernier et tragique défi nos
officiers. » Il y a dans cette phrase deux erreurs :
Ranibetsimisaraka était un brigand et non pas un héros, il n’est pas mort
fusillé, mais atteint de pneumonie double.
1° Rainibetsimisaraka
n’a jamais été un héros de l’indépendance madécasse comme le ministre patriote
Ramandriamampandry, qui a été fusillé à Tananarive en 1896 ni comme Rabozaka et
Rabezavana, les deux chefs de rebelles qui firent leur soumission, le premier
en février 1898, le 2e en mai 1897 (Histoire du royaume Hova par Malzac).
(À suivre.)
Le
Tamatave
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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