(Suite.)
De l’initiative de
M. Supparo, je ne dirai rien pour le moment. Il faut attendre qu’elle ait
donné des résultats. Mais le principe me semble excellent : si la
population de Madagascar en général me paraît incapable, pendant de longues
années, de priser l’art tel que nous le comprenons, les Hovas, au moins, ont un
sens artistique embryonnaire mais réel. Les rabanes que connaissent les
Européens ayant séjourné en Émyrne suffisent pour le prouver. Aussi paradoxal
que cela puisse paraître, cette race en est à la période préraphaëlique et je
suis convaincu qu’il suffira d’un peu de culture générale et de quelques bonnes
leçons pour obtenir, d’artistes Hovas, des œuvres dignes de retenir notre
attention.
Les naïfs tableaux de ces
indigènes rappellent assez l’époque bâtarde de Bertin, chère à la
chromolithographie : si la maestria des couleurs y manque, si la notation
des valeurs y est imparfaite, on ne peut nier qu’il y a là quelque sens de
l’harmonie dans la composition.
Quant à l’initiative de
M. Dumoulin, elle est surtout intéressante parce qu’elle tend à créer,
dans un milieu lointain, déprimant au point de vue intellectuel, – il faut
avoir le courage de l’avouer, – une atmosphère d’art, qui retrempe l’esprit et
élève la pensée de nos compatriotes. C’est à ce point de vue, particulièrement,
que je me place quand j’approuve l’idée de M. Dumoulin et que je lui
souhaite plein succès.
Car je reste un peu plus
sceptique au sujet de son influence sur l’éducation des indigènes.
Si j’en juge par la liste
des œuvres destinées au musée de Tananarive, M. Dumoulin ne sort pas des
écoles modernes, tout en pratiquant le plus large éclectisme.
Or, c’est là,
semble-t-il, un danger, car nous ne voyons guère comment la visite de ce musée
fournira, à un éducateur d’indigènes, les bases d’une utile leçon à ses élèves.
Faute de rétrospectivité, il est impossible de trouver les éléments
indispensables pour faire un rapide historique de l’art plastique en France.
(À suivre.)
Le
Courrier colonial
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire