26 septembre 2014

Il y a 100 ans : L’enthousiasme à Madagascar (1)

Les journaux de Madagascar reçus par le dernier courrier nous montrent que la nouvelle de la guerre a été accueillie dans la Grande Île avec un extraordinaire enthousiasme.
M. le gouverneur général Picquié, qui était en tournée dans les provinces, se hâta de rentrer à Tananarive : il y fut l’objet, à son arrivée, d’une manifestation grandiose.
Sur le quai de la gare, l’attendaient le général Rion, le commandant Koch, M. Valroff, directeur des postes et télégraphes, tous les chefs de service, toutes les notabilités de la capitale et un grand nombre de colons qui, déjà touchés par l’ordre de mobilisation, s’étaient empressés d’accourir de la brousse.
Quand le gouverneur général descendit du train, il fut salué d’un immense cri de Vive la France ! auquel firent écho les acclamations chaleureuses poussées par les indigènes, maintenus à grand’peine sur la place.
Bientôt après, M. Picquié apparaissait dans l’encadrement de la porte de sortie de la gare, entouré par les colons et par les fonctionnaires qui l’acclamaient. Ce fut ensuite le tour des indigènes. Dans une indescriptible ovation, ils agitaient leurs chapeaux de paille, leurs lambas dont la blancheur éclatait sous le grand soleil : « Vive la France ! Vive le Gouverneur ! Vivent les Français ! » criaient-ils.
Puis, un groupe de notables indigènes s’approcha et vint solliciter de M. Picquié l’autorisation de lui exposer un plan qu’ils avaient combiné entre eux : il s’agissait d’organiser immédiatement des corps de volontaires indigènes pour aller combattre en France, et ils promettaient des milliers d’engagements.
Profondément ému, le gouverneur général remercia les notables et leur donna rendez-vous pour le lendemain.
Son automobile eut toutes les peines du monde à se faire un passage à travers la foule qui l’acclamait toujours et qui l’accompagna jusqu’à la résidence.
« Nous sommes certains, dit la Tribune de Madagascar, que cette manifestation trouvera un écho dans tout le pays. Pour nous, Européens, unis dans une pensée de concorde, nous ne craignons pas d’affirmer que nous sommes prêts à répondre à l’appel du chef de la colonie. L’heure n’est plus aux dissensions. N’ayons plus qu’une pensée, qu’un cri de ralliement : Au drapeau ! »
(À suivre.)

Le Courrier colonial


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