Les journaux de
Madagascar reçus par le dernier courrier nous montrent que la nouvelle de la
guerre a été accueillie dans la Grande Île avec un extraordinaire enthousiasme.
M. le gouverneur général
Picquié, qui était en tournée dans les provinces, se hâta de rentrer à
Tananarive : il y fut l’objet, à son arrivée, d’une manifestation
grandiose.
Sur le quai de la gare,
l’attendaient le général Rion, le commandant Koch, M. Valroff, directeur
des postes et télégraphes, tous les chefs de service, toutes les notabilités de
la capitale et un grand nombre de colons qui, déjà touchés par l’ordre de
mobilisation, s’étaient empressés d’accourir de la brousse.
Quand le gouverneur
général descendit du train, il fut salué d’un immense cri de Vive la France ! auquel firent écho
les acclamations chaleureuses poussées par les indigènes, maintenus à
grand’peine sur la place.
Bientôt après,
M. Picquié apparaissait dans l’encadrement de la porte de sortie de la gare,
entouré par les colons et par les fonctionnaires qui l’acclamaient. Ce fut
ensuite le tour des indigènes. Dans une indescriptible ovation, ils agitaient
leurs chapeaux de paille, leurs lambas dont la blancheur éclatait sous le grand
soleil : « Vive la France ! Vive le Gouverneur ! Vivent les
Français ! » criaient-ils.
Puis, un groupe de
notables indigènes s’approcha et vint solliciter de M. Picquié
l’autorisation de lui exposer un plan qu’ils avaient combiné entre eux :
il s’agissait d’organiser immédiatement des corps de volontaires indigènes pour
aller combattre en France, et ils promettaient des milliers d’engagements.
Profondément ému, le
gouverneur général remercia les notables et leur donna rendez-vous pour le
lendemain.
Son automobile eut toutes
les peines du monde à se faire un passage à travers la foule qui l’acclamait
toujours et qui l’accompagna jusqu’à la résidence.
« Nous sommes
certains, dit la Tribune de Madagascar,
que cette manifestation trouvera un écho dans tout le pays. Pour nous, Européens,
unis dans une pensée de concorde, nous ne craignons pas d’affirmer que nous
sommes prêts à répondre à l’appel du chef de la colonie. L’heure n’est plus aux
dissensions. N’ayons plus qu’une pensée, qu’un cri de ralliement : Au
drapeau ! »
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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