(Suite.)
Par suite, les notes que
je condense ici s’appliquent aux crocodiles malgaches en général et non à l’une
ou l’autre espèce en particulier. Au fond d’ailleurs, cela n’a pas d’importance
puisque, d’après nombre d’auteurs, les mœurs des deux espèces ne paraissent pas
différer.
En malgache, le crocodile
est appelé mamba ou voay. Le premier de ces vocables est
plus souvent employé dans le centre, et le second chez les peuplades de
l’Ouest, mais tous deux sont connus partout et certaines tribus de l’île
désignent par mamba les crocodiles adultes et par voay ceux qui sont plus
jeunes. Mamba ou voay sont abondants dans tout Madagascar. Il n’est pas de
ruisseaux, d’étangs, de cours d’eau, de simples mares, pour peu que la
profondeur en dépasse 1 mètre, qui ne soient habités par un ou plusieurs
de ces sauriens. Ils abondent dans les grands lacs et les grands fleuves de
l’Ouest, surtout dans les bassins de la Betsiboka et de la Tsiribihina, qui
semblent bien être leur habitat de prédilection. Au reste, la distribution
géographique de l’espèce dans l’île est facile à résumer en deux traits. Elle
manque au-dessus de 1 000 mètres d’altitude et, plus bas, devient
d’autant plus commune que les eaux douces et profondes sont plus abondantes et
que la température est plus chaude.
Les œufs de crocodile
sont généralement pondus aux premières chaleurs d’octobre, dès que les premiers
orages de la saison chaude ont troublé l’eau des cours d’eau. La femelle alors
sort de l’onde et recherche aux environs une plage de sable bien ensoleillée,
que ne visitent pas trop les mâles de son espèce. Après plusieurs essais
successifs, elle finit par creuser un trou de plus de 1 mètre de
profondeur au fond duquel elle pond de douze à trente œufs. Elle rebouche
ensuite soigneusement cette cavité, tasse le sable au-dessus en pesant de tout
son corps, puis abandonne la couvée à elle-même, sans d’ailleurs s’éloigner
bien loin. Quinze ou vingt jours après, les jeunes caïmans, qui ont alors 12 à
15 centimètres de long, sortent péniblement de leur tombeau de sable et se
répandent dans les cours d’eau en évitant d’instinct les endroits trop profonds
où leurs frères plus âgés les avaleraient sans remords.
(À suivre.)
Perrier de la Bathie.
Bulletin de l’Académie malgache
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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