(Suite.)
La lutte fut ardente
entre le clan anglais et le gouverneur ; celui-ci réussit néanmoins à
doter la colonie d’un Conseil législatif, partiellement élu, destiné à
continuer son œuvre.
Il quitta Maurice après
avoir subi une enquête royale dont il se tira à son honneur.
Après son départ, le Colonial Office, dans un but
d’apaisement et sur les instances des nouveaux députés locaux, laissa ses
successeurs continuer à nommer des Franco-Mauriciens aux emplois élevés dans
l’administration.
Mais, depuis les
dernières élections législatives qui ont donné lieu à des rixes sanglantes, les
noirs ayant décidé de massacrer tous les blancs, qui échappèrent par miracle,
la situation s’est modifiée.
Ce qu’on appelle à
Maurice « le parti démocrate » réclama l’envoi dans l’île d’une
commission royale d’enquête et les effets de la venue des commissaires royaux
commencent à se faire sentir : peu à peu, les hauts fonctionnaires
mauriciens sont remplacés par des Anglais, et déjà sont désignés les
successeurs de ceux qui restent.
Pour justifier ce retour
en arrière, le Colonial Office donne
comme prétexte que les Mauriciens ne peuvent s’entendre entre eux : afin
de les mettre d’accord, l’Anglais joue le rôle du… troisième larron ! On
feint, à Londres, de ne pouvoir point distinguer entre les éléments d’ordre,
constitués par la population blanche et la partie éclairée de la population de
sang mêlé, d’une part, et les éléments d’anarchie composés de la masse des
noirs et des Hindous dits mauricianisés, d’autre part.
L’Angleterre reprend son
vieux rêve de rendre le séjour de l’île impossible à l’élément français ;
n’ayant pu l’éliminer au bénéfice de l’élément anglais, elle tente de lui
substituer l’élément hindou : aux british-born,
tous les hauts emplois administratifs ; aux Hindous, le sol qu’ils
accaparent peu à peu, grâce au concours des maisons de crédit anglaises qui
leur facilitent l’achat des terres. Une statistique récente montre que les
petits planteurs hindous possèdent déjà pour plus de 30 millions de biens
fonciers ; ils cultivent surtout la canne à sucre qu’ils font traiter dans
les usines voisines, en attendant qu’ils s’y installent eux-mêmes.
(À suivre.)
Francis Mury.
Le Courrier colonial
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