12 septembre 2014

Il y a 100 ans : M. Picquié aime l’aviation (1)

Dans le courant du mois de mai dernier, chaque administrateur chef de province, à Madagascar, recevait le document suivant :
« Tananarive, le 6 mai 1914.
« Le Président du Comité central malgache d’aviation
« À M. l’Administrateur chef de la Province de X…
« En raison de l’ardent désir manifesté par la population malgache d’offrir à la colonie un ou plusieurs biplans, M. le Gouverneur général a bien voulu accorder au Comité central d’aviation malgache, qui vient de se former à Tananarive, l’autorisation d’ouvrir une souscription volontaire. (Lettre n° 579, du 23 avril 1914.)
« Afin de porter cette autorisation à la connaissance de la population indigène, j’ai l’honneur de vous informer que le Comité a adressé aux Gouverneurs indigènes et chefs de canton de toutes les circonscriptions de l’Île un certain nombre d’exemplaires d’une circulaire dont vous voudrez bien trouver sous ce pli copie conforme. Il est bien entendu que les souscriptions sont entièrement libres et volontaires et que chacun peut donner ce qu’il veut.
« Pour le Comité :
« Le Président,
« Rabemananjara. »
La circulaire dont il est question dans cette lettre est rédigée dans ce style exagérément imagé et quelque peu emphatique cher aux Malgaches. Les chefs indigènes y sont invités, de façon pressante, à faire tous leurs efforts pour que le produit de la collecte soit le plus élevé possible.
Pour qui connaît la mentalité indigène et sait de quelle manière sont interprétées des invitations de cette nature, le document que nous venons de reproduire est tout à fait savoureux.
Au risque de contrister M. Rabemananjara, notable commerçant de Tananarive, je me permets de douter que le désir d’offrir à la Colonie un ou plusieurs biplans soit aussi ardent qu’il veut bien le dire. Et cela pour une bonne raison : c’est que les neuf dixièmes des Malgaches ne savent même pas ce qu’est un aéroplane, n’en ayant jamais vu. Il en partit bien un pour Tananarive, il y a deux ans. Mais, dès le deuxième vol, l’appareil fut mis hors d’usage. Il est donc exact de dire qu’en dehors des habitants de la capitale, la foule des Malgaches ignore ce que peut être un biplan.
(À suivre.)
Henri Cosnier,
Député de l’Indre.

Les Annales coloniales


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