Dans le courant du mois
de mai dernier, chaque administrateur chef de province, à Madagascar, recevait
le document suivant :
« Tananarive, le 6 mai 1914.
« Le Président du
Comité central malgache d’aviation
« À
M. l’Administrateur chef de la Province de X…
« En raison de
l’ardent désir manifesté par la population malgache d’offrir à la colonie un ou
plusieurs biplans, M. le Gouverneur général a bien voulu accorder au
Comité central d’aviation malgache, qui vient de se former à Tananarive,
l’autorisation d’ouvrir une souscription volontaire. (Lettre n° 579, du
23 avril 1914.)
« Afin de porter
cette autorisation à la connaissance de la population indigène, j’ai l’honneur
de vous informer que le Comité a adressé aux Gouverneurs indigènes et chefs de
canton de toutes les circonscriptions de l’Île un certain nombre d’exemplaires
d’une circulaire dont vous voudrez bien trouver sous ce pli copie conforme. Il
est bien entendu que les souscriptions sont entièrement libres et volontaires
et que chacun peut donner ce qu’il veut.
« Pour le Comité :
« Le
Président,
« Rabemananjara. »
La circulaire dont il est
question dans cette lettre est rédigée dans ce style exagérément imagé et
quelque peu emphatique cher aux Malgaches. Les chefs indigènes y sont invités,
de façon pressante, à faire tous leurs efforts pour que le produit de la
collecte soit le plus élevé possible.
Pour qui connaît la
mentalité indigène et sait de quelle manière sont interprétées des invitations
de cette nature, le document que nous venons de reproduire est tout à fait
savoureux.
Au risque de contrister
M. Rabemananjara, notable commerçant de Tananarive, je me permets de
douter que le désir d’offrir à la Colonie un ou plusieurs biplans soit aussi
ardent qu’il veut bien le dire. Et cela pour une bonne raison : c’est que
les neuf dixièmes des Malgaches ne savent même pas ce qu’est un aéroplane, n’en
ayant jamais vu. Il en partit bien un pour Tananarive, il y a deux ans. Mais,
dès le deuxième vol, l’appareil fut mis hors d’usage. Il est donc exact de dire
qu’en dehors des habitants de la capitale, la foule des Malgaches ignore ce que
peut être un biplan.
(À suivre.)
Henri Cosnier,
Député de
l’Indre.
Les Annales coloniales
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