29 octobre 2014

Il y a 100 ans : De la pudeur S.V.P. (3)

(Suite et fin.)
Donc, qu’on le sache bien : le gouvernement de Bordeaux mettra de côté les questions si complexes qui se rattachent à la défense nationale, remettra à plus tard la lecture des rapports du généralissime Joffre et, toute affaire cessante, s’occupera, dare-dare, de la « protestation des commerçants » (au pluriel) Déchavanne-Jullien. Cela va mettre en jeu le sort de l’Europe !… Brrr… ça donne froid rien que d’y penser !…
Ah ! les temps ne sont plus où le commerçant Jullien allait auprès de M. le Gouverneur Général Picquié protester de son respectueux dévouement à sa personne pour qu’il le nomme membre de la commission municipale. Également son ami, l’administrateur Berthier, le fantoche malfaisant, a quitté Tamatave. Et alors c’est par la menace qu’il veut imposer sa personne. Le geste ne serait que ridicule s’il n’était odieux.
*
Un petit bouquet pour finir. Un commerçant nous apprend que quelques-uns de ses confrères, dont les articles à vendre s’épuisent, auraient demandé à l’Administration locale la permission d’acheter à la maison O’Swald les articles qui leur manquent.
Naturellement cette affreuse, cette criminelle Administration locale a refusé. Inde Iræ !
Le Journal de Madagascar, mieux renseigné cette fois, serait bien aimable de nous faire connaître le nom de ces commerçants évincés.
Enfin, notre éminent confrère termine en adjurant les Tamataviens de ne plus acheter, de ne plus consommer de produits allemands.
Pour ne pas trop froisser l’amour-propre de ses amis d’hier, il n’a pas osé dire : la camelote allemande.
Pécaïre ! mais il n’y a presque plus que de la camelote allemande sur la place de Tamatave. Presque tous les magasins en ont été inondés. Notre confrère en sait quelque chose et certaines maisons pour qui il fait de la réclame seraient bien empêchées s’il leur fallait jeter à la mer les produits allemands qu’elles vendent.
*
Les choses ainsi remises au point, tirons le rideau et, élevant nos regards loin des vilénies ci-dessus, que notre pensée se reporte à la frontière vers nos petits soldats qui versent leur sang pour le salut de la France et le triomphe de la civilisation.

Le Tamatave


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