(Suite.)
Ils le pêchent, par
exemple, à la ligne soit avec de gros hameçons, soit à l’aide d’une simple
baguette de bois dur, aiguë aux deux bouts, qu’un fil tenu maintient
horizontale tant qu’elle n’est pas avalée, mais qui se place en travers de la
gorge sitôt que la proie, dans laquelle elle est cachée, a pénétré dans
l’estomac. Ils le prennent aussi en plaçant un appât à l’extrémité fermée de
deux rangées parallèles de pieux, écartées entre elles de la largeur
approximative du caïman à prendre. Le saurien entre dans cette sorte de couloir
et ne peut ni se retourner ni reculer par suite de la conformation de ses
pattes, ou du moins ne peut pas le faire avec assez de célérité pour échapper à
la sagaie du chasseur, qui veille non loin de là. Les Sakalaves, en outre, en
sagaient assez souvent soit qu’ils les trouvent dans leurs cavernes lorsqu’ils
vont chercher les tortues qui s’y cachent, soit qu’ils les surprennent à terre
pendant les voyages, dépassant quelquefois 30 kilomètres, que les
crocodiles font à la baisse des eaux pour regagner les points d’eau permanents.
Mais les Sakalaves ne les
tuent pas toujours et dans maints endroits ces indigènes considèrent même ces
animaux comme des réincarnations de leurs ancêtres. Ils leur donnent alors, au
contraire, tous leurs soins, les nourrissent en cas de disette et, lorsqu’un
malheur a privé de vie un de ces voay, ils en enveloppent soigneusement le
corps avec un linceul de soie et l’ensevelissent en grande pompe. Les Sakalaves
de la Mahavavy poussent plus loin encore ce culte. Chaque année, ils baignent
dans le fleuve les restes de leurs anciens rois et les descendants des esclaves
de ces rois doivent traverser la rivière à la nage à la suite de ces restes.
Tous ceux d’entre eux que les crocodiles monstrueux et sacrés de ces lieux
happent à ce moment sont considérés comme avoir été rappelés par leurs anciens
maîtres pour servir auprès d’eux. Il n’est pas d’année où ces ombres de rois
n’augmentent ainsi leur troupe d’ombres d’esclaves d’une ou plusieurs unités.
(À suivre.)
Perrier de la Bathie.
Bulletin de l’Académie malgache
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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