18 octobre 2014

Il y a 100 ans : Un séjour à Madagascar de 1822 à 1825 (7)

(Suite.)
« Le Dieu et sa femme[1] étaient de même grandeur : tous deux peints en noir et ressemblant à nos poupées, mais pas si polies ; deux petits morceaux d’argent formaient les yeux ; une tache rouge et blanche indiquait la place du nez et de la bouche. Leur cou et leur corps étaient couverts de petites pièces de bois, enfilées comme des perles, toutes de différentes grandeurs ».
« Quand je voulus toucher l’idole, l’homme m’en empêcha disant : “N’y touchez pas, sinon le Dieu cesserait d’être saint”… »
« M. Jeffreys lui demanda l’utilité des morceaux de bois suspendus sur le corps du Dieu et de sa femme. Il répondit que c’étaient des remèdes contre les coups de feu, contre la grêle et le danger d’incendie… »
« Un matin[2] que les soldats habitant notre village étaient appelés par le roi, je vis un des chefs entrer dans la case de l’idole pour acheter un morceau de bois sacré ; la porte se referma derrière lui. Un de nos domestiques écouta à la porte et nous rapporta que le chef avait prié l’idole de le protéger lui et ses hommes de tout danger pendant la guerre, et qu’il avait fait emplette d’un des morceaux de bois attachés au corps de l’idole, pour écarter les balles sur le champ de bataille ».
« Voici comment on procède en cas de grêle[3]. Quand le mpisorona[4] ou prêtre aperçoit un nuage menaçant, il attache un morceau de bois sacré au haut d’une longue perche, et sortant de la maison, considère les progrès de l’orage, en secouant la perche dans la direction du nuage, comme s’il espérait que ses menaces pouvaient arrêter la tempête dans sa marche. Bien que l’inutilité de ces pratiques ait plusieurs fois été démontrée par le fait de la tombée de la grêle juste à l’endroit qu’on prétendait protéger, le peuple semble peu disposé à abandonner sa foi dans ses superstitions. »
(À suivre.)
G. Mondain.
Bulletin de l’Académie malgache



[1] La description de cette idole d’Ambatomanga, que les indigènes appellent Rahodibato, a été faite d’après les traditions des gens de l’endroit dans notre livre sur Les idées religieuses des Hova avant l’introduction du christianisme, page 85.
[2] Page 145.
[3] Page 147.
[4] Écrit par Mme Jeffreys, Panousourana.


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