(Suite.)
Les femmes et les enfants
se laissent au contraire entraîner sans lutte et on dirait que les caïmans le
savent car la plupart des victimes qu’ils font annuellement sont des indigènes
en bas âge ou du sexe féminin.
On évite assez facilement
avec quelques précautions l’attaque du mamba. Tous, même les mangeurs d’hommes,
craignent le grand bruit et sont au fond très couards et faciles à effrayer.
Ils fuient, même dans l’eau, à l’approche d’une bande bruyante d’indigènes ou à
la détonation d’une arme à feu. Mais, ici encore, il ne faut pas trop
généraliser. Certains bruits au contraire l’attirent, par exemple l’aboiement
d’un chien ou les cris d’un enfant qui pleure. J’en ai vu même qui avaient pris
l’habitude de venir, au coup de fusil, ramasser la pièce qu’un chasseur venait
d’abattre dans un étang.
On ne peut guère songer à
débarrasser maintenant l’île de ces animaux, les seuls réellement dangereux
pour l’homme qui existent à Madagascar. Ils n’ont pas d’ennemis naturels, sauf
le sanglier qui, parfois, dévore leurs œufs. L’homme peut essayer aussi de
détruire ces œufs, mais leur découverte n’est pas toujours aisée et ils sont si
nombreux et la vie d’un voay est si longue qu’une seule ponte oubliée suffit à
assurer le sort de l’espèce dans toute une région. On peut aussi détruire les
adultes à coups de fusil, mais le seul résultat qu’on obtienne ainsi est de
diminuer la grosseur des caïmans de
la rivière où ce moyen est employé et non leur nombre, qui s’accroît au contraire. Ce résultat qui, de prime
abord, semble extraordinaire, est simplement la conséquence de ce fait que les
chasseurs tirent plus volontiers sur les plus gros adultes et de cet autre que
ces derniers dévorent souvent les jeunes et empêchent ainsi la trop grande
multiplication de l’espèce.
Les Malgaches piègent les
crocodiles de nombreuses façons et ces moyens, qui n’ont pas plus d’intérêt
pratique que le fusil quant à la destruction de l’espèce, sont parfois assez
ingénieux.
(À suivre.)
Perrier de la Bathie.
Bulletin de l’Académie malgache
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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