6 octobre 2014

Il y a 100 ans : Les crocodiles malgaches (8)

(Suite.)
Mais ces luttes épiques n’ont manifestement lieu que pour les proies très grosses que le mamba ne peut entraîner dans son antre. Est-ce pour cette raison et pour éviter toute lutte ou parce qu’ils sont de capture plus facile que le crocodile malgache semble avoir une préférence marquée pour les animaux de la taille du chien, tels que cochons, moutons, chèvres, petits veaux, etc. ? Je ne sais, mais parmi ces derniers eux-mêmes c’est encore le chien qu’il poursuit avec le plus d’acharnement.
Le chien, en malgache alika ou fandroaka, et le voay tiennent une grande place dans le folklore malgache. Leurs deux noms sont souvent employés comme qualificatifs signifiant à la fois : le premier, rusé et vicieux, et le second, rusé et méchant. Et en effet, alika et voay se livrent une éternelle lutte, toute défensive de la part du premier, dans laquelle ils font preuve non seulement de ces qualités, mais encore de part et d’autre d’une somme également grande d’activité et d’intelligence. Si je dis intelligence, c’est que cette faculté préside de toute évidence à ces méthodes de lutte manifestement apprises au cours de la croissance, c’est-à-dire de l’éducation, et modifiées ensuite dans leurs détails, suivant les circonstances et les aptitudes individuelles de celui qui les applique.
C’est un fait assez connu que le chien malgache, qui désire traverser une rivière, monte un peu en amont du point où il veut traverser et jappe furieusement. Il attire ainsi les caïmans des alentours à ce point de la rivière, puis, ceci fait, revient en aval et traverse rapide et silencieux pendant que les sauriens continuent à l’attendre en amont, à l’endroit où il vient d’aboyer. Ce fait est vrai, mais on l’observe rarement avec autant de netteté, à moins d’avoir affaire à un chien vieux routier, connaissant parfaitement certains passages et les caïmans qui les gardent. Le plus souvent la scène se passe avec d’intéressantes variantes suivant les différents caractères des individus en présence dans les deux camps. C’est ainsi que l’on peut voir souvent de jeunes chiens malgaches ou des chiens étrangers adultes se mettre à l’eau sans précaution et se faire happer sans essayer d’échapper à leur sort.
(À suivre.)
Perrier de la Bathie.

Bulletin de l’Académie malgache


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