(Suite.)
D’autres encore mal
éduqués ou d’intelligence plus lourde jappent furieusement au bord de la
rivière à l’endroit même où ils vont passer et se jettent ainsi d’eux-mêmes
dans la gueule des crocodiles qu’ils ont rassemblés à cet endroit. J’ai eu
longtemps un chien né en France qui, après quelques désagréables contacts avec
les sauriens, et, je pense aussi, quelques conversations avec les chiens
natifs, s’est parfaitement et très vite approprié à la bonne méthode. Enfin,
j’ai observé un caïman si habile chasseur qu’il n’avait laissé subsister aucun
chien maladroit dans son domaine, ayant modifié sa manière de faire et
s’empressant, chaque fois qu’un chien aboyait en amont, d’aller se mettre à
l’affût bien en aval de ce point, à l’endroit précis où il prévoyait qu’alika
devait passer, après sa feinte.
De taille supérieure à
celle du chien, le sanglier malgache, au dire des indigènes, résisterait
parfois victorieusement au caïman. Les Sakalaves, notamment, racontent des
combats terribles au cours desquels le sanglier, lorsqu’il est pris par un
membre postérieur, finirait presque toujours par se délivrer en labourant à
coup de boutoir le ventre de son adversaire. Je n’ai jamais eu l’occasion
d’assister à un de ces combats, mais je les crois possibles, car le sanglier
malgache est un luron merveilleusement armé pour bien découdre.
J’ai souvent au contraire
assisté à des luttes de crocodiles entre eux, soit au moment de la pariade,
soit lorsqu’ils se disputaient une proie. Les deux adversaires se précipitent
alors avec rage l’un sur l’autre en poussant une sorte de grognement rauque et
se donnent de grands coups de mâchoires qui semblent, d’ailleurs, ne faire que
peu d’effets sur leur solide cuirasse. Néanmoins on trouve souvent des voay
mutilés, avec la queue ou un membre en moins.
Plus fréquents qu’on
pourrait le croire, d’autres combats ont lieu parfois entre le crocodile et
l’homme qu’il a surpris sans armes et qu’il essaye d’entraîner sous l’eau. Et,
chose curieuse, de tels combats ne tournent pas toujours à l’avantage du
saurien. J’ai connu en effet des Malgaches qui s’étaient délivrés par une lutte
corps à corps et qui n’ont dû leur salut qu’à leur courage et à leur énergie.
(À suivre.)
Perrier de la Bathie.
Bulletin de l’Académie malgache
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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