(Suite et fin.)
« Tout cela fut sans
aucun effet, tant les préjugés des gens étaient enracinés dans leur esprit. Les
membres de la députation continuèrent à attendre, espérant quelque chose de
plus de la part du missionnaire ».
« M. Jeffreys
leur fit alors observer que, s’ils n’étaient pas satisfaits de sa réponse, ils
pouvaient s’adresser aux juges et au roi à Tananarive. “Si l’ordre lui était
donné par ces hautes autorités d’observer le repos du vendredi il n’y
résisterait pas, mais alors il chercherait un autre endroit où il lui serait
loisible de travailler comme il lui semblait bon”. Ce dernier argument parut
les toucher, ils craignaient la colère du prince, s’ils forçaient l’Européen à
quitter la région ».
« Pourtant, continue
le récit de Mme Jeffreys[1], ils montèrent à Tananarive, et allèrent
consulter les magistrats ; accompagnés d’un de ces derniers, ils se
dirigèrent vers le palais, et ayant présenté le don usité en pareille circonstance,
ils développèrent leur requête. Quand ils eurent fini, le roi, souriant, leur
rendit leur cadeau et leur dit : “Retournez chez vous et laissez
l’Européen agir en paix, il a bien le droit d’observer le jour qu’il lui
plaît”. »
« Nous fûmes très heureux
de l’attitude du roi et remerciâmes le Seigneur dans la main de qui sont les
cœurs des princes. Mais en dépit du peu de succès de la démarche faite,
l’ascendant des prêtres sur les esprits est tel, qu’on condamna à mort les
trois hommes qui avaient travaillé chez nous au jour interdit. Cela nous jeta
un instant dans une grande angoisse ; pourtant, comme nous savions que les
sacrifices humains n’étaient plus permis par la loi, nous espérâmes qu’ils
n’oseraient pas mettre leur sentence à exécution. Nous apprîmes plus tard que
ces hommes avaient imploré publiquement le pardon de l’idole, acceptant d’être
livrés à la mort s’ils recommençaient à travailler le vendredi ».
Ces quelques détails,
sans être bien nouveaux, apportent quelques précisions au sujet de coutumes
anciennes déjà connues, et ont, en tous cas, l’attrait que présente toujours un
témoignage direct. C’est à ce titre que nous avons cru devoir les signaler à
l’attention de ceux qui s’intéressent à l’ethnographie malgache.
G. Mondain.
Bulletin de l’Académie malgache
[1]
Page 158.
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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