(Suite et fin.)
Mais là où leur verve
éclatait, c’est lorsqu’ils constataient avec joie que ces « imbéciles », comme ils qualifiaient nos officiers,
avaient fait tuer des milliers de leurs soldats en leur faisant ouvrir une
route dans les marais alors qu’il eût été si facile de remonter la Betsiboka et
l’Ikopa par des chaloupes qui n’auraient eu à franchir que quelques rapides.
Ces chaloupes en effet avaient été commandées mais elles n’ont jamais servi. Si
les Français sont si bêtes, on pourra les battre avec la plus grande facilité
lorsqu’on sera en guerre avec eux.
On voit que les Allemands
approfondissaient une multitude de choses auxquelles ils semblaient
parfaitement indifférents et qu’il y avait peu d’habitants de ce pays, voire
même de fonctionnaires, qui connussent l’île aussi bien qu’eux.
La conclusion de ce
rapport était celle-ci : « Il ne nous est pas nécessaire,
disaient-ils, d’envoyer des forces imposantes pour prendre possession de l’île.
Quand nous serons sur le point d’écraser la France, nous n’aurons qu’à expédier
quelques détachements pour occuper les principales villes. Après le traité qui
nous cédera l’île, nous y enverrons de nombreuses forces non pour nous y
affermir, mais pour utiliser les admirables positions stratégiques qui s’y
trouvent. »
Ils parlaient donc de
Madagascar comme d’un pays dont l’acquisition ne serait pour eux qu’une
question de temps. Dans les circonstances actuelles cela peut s’appeler, je
crois, vendre la peau de l’ours avant de l’avoir mis par terre.
Le Tamatave
Le feu à bord du
« Djibouti »
Depuis quelques jours, le
feu avait éclaté dans la principale soute à charbon du steamer Djibouti de la Compagnie Havraise
Péninsulaire actuellement sur rade. Cette soute contient 400 tonnes de
charbon. Malgré toute la diligence du bord et les moyens employés, le feu
continuant à se propager et à augmenter d’intensité, le commandant, voyant son
navire en danger, demanda au Sidon
qui se trouvait sur rade de remorquer, plus près de terre, son navire de façon
à ce qu’il puisse au besoin l’immerger.
Les pompes ont fonctionné
toute la nuit, la cale 2 est pleine d’eau et la soute noyée ; tout
danger semble actuellement conjuré.
Le Djibouti n’avait aucun colis à bord.
La Dépêche malgache
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