19 mars 2015

Il y a 100 ans : Six millions de bœufs à Madagascar (3)

(Suite.)
Certes, le concours de l’administration locale sera indispensable pour décider les indigènes à céder une partie de leurs bœufs, car il n’y a pas de longues années qu’ils se sont laissés tenter par cette vente, cependant rémunératrice, mais nous connaissons trop les sentiments patriotiques du gouverneur général intérimaire, M. Garbit, pour douter qu’il mettra toute son autorité au service d’une pareille entreprise. Il saura démontrer aux indigènes qu’il s’agit de venir en aide à la mère patrie, et les Malgaches feront avec joie ce petit sacrifice, sacrifice d’amour-propre seulement, bien entendu, car ils recevront évidemment un prix suffisant de leurs bovidés.
Comment les amènera-t-on en France ?
Les expériences faites à bord des bâtiments de la Compagnie Havraise Péninsulaire prouvent que des installations, en somme rudimentaires, suffisent pleinement. Mais aujourd’hui où il s’agit de transporter des milliers de bœufs, il est indispensable de consacrer des navires entiers à ces chargements. Or, on ne saurait mettre des animaux vivants dans les cales. Il convient donc d’amener en France à la fois des bœufs sur pied et des bœufs frigorifiés. Ces transports mixtes permettront seuls d’utiliser toute la place disponible dans les navires et de réduire les dépenses qui seraient trop élevées si les cargaisons ne comprenaient que des bœufs vivants.
Ces transports seront-ils effectués par des entreprises privées ou bien par l’administration militaire ?
La question est délicate et il sera du devoir de la commission, réunie à cet effet, de l’examiner attentivement.
Un système mixte pourrait être envisagé, surtout si l’entreprise privée qui assurera ces transports se trouvait dans l’impossibilité de réunir le nombre de bâtiments nécessaire. Elle se chargerait d’amener les bovidés au port d’embarquement, de mettre, par une nourriture appropriée, en état d’effectuer ce long voyage, ceux qui seraient transportés vivants, d’abattre et de préparer ceux qui seraient expédiés frigorifiés, d’embarquer sur les bateaux le personnel nécessaire pour soigner les animaux vivants, etc. Le gouvernement fournirait les bateaux et prendrait livraison des bœufs à l’arrivée.
(À suivre.)

F. M.
Le Courrier colonial

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