18 août 2015

Il y a 100 ans : Grand émoi à la Pointe Hastie

Dimanche dernier, dans la matinée, Madame X… vaquait à ses occupations dans son domicile à la Pointe Hastie, lorsque des cris venant de la rue attirèrent son attention. Elle allait sortir par la porte, pour se rendre compte de ce qui se passait, lorsque, par la fenêtre, une masse énorme se précipite chez elle avec le bruit et la rapidité d’une bombe. La pauvre dame, à qui le temps de la réflexion ne fut pas donné, n’eut que celui de se sauver.
C’était un zébu de grande taille, pourvu de puissantes cornes, qui, poursuivi par une meute de gens enragés qui le rendaient fou de terreur, avait cru pouvoir trouver un refuge dans cette habitation à l’apparence si paisible.
Mais le malheureux n’était pas seul. Tout un troupeau s’était enfui, de l’abattoir disent les uns, du frigorifique, disent les autres. La police doit avoir vérifié ce point qui nous importait peu.
Mais ne pourrait-on pas faire comprendre aux Malgaches que ce n’est pas en hurlant, en courant par bandes après ces animaux et en leur jetant des pierres, des bâtons, toute sorte de projectiles, qu’ils arriveront à les calmer et à les prendre ? Bien au contraire. Aux gardiens se joignent tous les gamins, tous les désœuvrés, et c’est alors une sarabande qui renverse tout ce qu’elle rencontre à travers les rues de la ville, et dans les immeubles où le hasard la fait pénétrer. Tout le monde oublie que ces animaux sont très doux de leur nature. En voici la preuve.
Cinq de ces animaux, fuyant la rue, ont pénétré en trombe dans mon jardin, en brisant les clôtures. Sur leur trace, une bande de gardiens a fait irruption en criant, en gesticulant et lançant des projectiles. À grand’peine j’ai pu les arrêter, – les gardiens, non pas les bœufs, – et ces derniers, ne se sentant plus poursuivis, se sont arrêtés tout seuls. Après les avoir laissé souffler un moment derrière un massif, je m’approche d’eux avec un seul gardien, et très doucement, à tout petits pas, sans crier et sans gesticuler, je les conduis jusque dans la rue, où ils se laissent mener sans aucune résistance. Ils auraient marché de même jusqu’à l’abattoir ou le frigorifique, s’ils n’eussent été de nouveau poursuivis de cris et de projectiles.

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 26 titres parus à ce jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire