Dimanche dernier, dans la
matinée, Madame X… vaquait à ses occupations dans son domicile à la Pointe
Hastie, lorsque des cris venant de la rue attirèrent son attention. Elle allait
sortir par la porte, pour se rendre compte de ce qui se passait, lorsque, par la fenêtre, une masse énorme se
précipite chez elle avec le bruit et la rapidité d’une bombe. La pauvre dame, à
qui le temps de la réflexion ne fut pas donné, n’eut que celui de se sauver.
C’était un zébu de grande
taille, pourvu de puissantes cornes, qui, poursuivi par une meute de gens
enragés qui le rendaient fou de terreur, avait cru pouvoir trouver un refuge
dans cette habitation à l’apparence si paisible.
Mais le malheureux
n’était pas seul. Tout un troupeau s’était enfui, de l’abattoir disent les uns,
du frigorifique, disent les autres. La police doit avoir vérifié ce point qui
nous importait peu.
Mais ne pourrait-on pas
faire comprendre aux Malgaches que ce n’est pas en hurlant, en courant par
bandes après ces animaux et en leur jetant des pierres, des bâtons, toute sorte
de projectiles, qu’ils arriveront à les calmer et à les prendre ? Bien au
contraire. Aux gardiens se joignent tous les gamins, tous les désœuvrés, et
c’est alors une sarabande qui renverse tout ce qu’elle rencontre à travers les
rues de la ville, et dans les immeubles où le hasard la fait pénétrer. Tout le
monde oublie que ces animaux sont très doux de leur nature. En voici la preuve.
Cinq de ces animaux,
fuyant la rue, ont pénétré en trombe dans mon jardin, en brisant les clôtures.
Sur leur trace, une bande de gardiens a fait irruption en criant, en
gesticulant et lançant des projectiles. À grand’peine j’ai pu les arrêter, –
les gardiens, non pas les bœufs, – et ces derniers, ne se sentant plus
poursuivis, se sont arrêtés tout seuls. Après les avoir laissé souffler un
moment derrière un massif, je m’approche d’eux avec un seul gardien, et très
doucement, à tout petits pas, sans crier et sans gesticuler, je les conduis
jusque dans la rue, où ils se laissent mener sans aucune résistance. Ils
auraient marché de même jusqu’à l’abattoir ou le frigorifique, s’ils n’eussent
été de nouveau poursuivis de cris et de projectiles.
Le Tamatave
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