Le Tamatave, dans un article intitulé « Fausses nouvelles »
paru le 19 juin, semble prendre à partie les créoles et fait allusion à
une lettre vraie ou fausse d’un soldat qui se plaindrait de la nourriture qui leur
serait donnée, prétendant qu’on leur fait manger du beefsteak de cheval
saignant et du pain de seigle.
Est-ce vrai ? Il
faudrait le voir pour le croire, étant donnés les sentiments profondément
créolophobes si connus du Tamatave
qui, à plusieurs reprises, ne s’est pas gêné pour les étaler dans ses colonnes.
Messieurs les abonnés créoles ont pu en prendre pour leur rhume.
Nous ne savons pas ce que
mange l’auteur de l’article intitulé « Fausses nouvelles », si c’est
de la poularde et du pain blanc, mais je suis certain que les créoles
voudraient bien en faire autant si la nature n’avait fait pousser chez eux du
riz au lieu de blé et si le climat débilitant et souvent fiévreux des pays
chauds n’exigeait pour réveiller leur appétit endormi par les chaleurs et les
malaises dus à l’ambiance dans laquelle ils vivent, des mets épicés
indispensables pour appeler la faim.
L’habitude une fois
prise, il n’y a rien d’étonnant à ce que le créole préfère le riz et le rougail
au pain et au beefsteak saignant.
Est-ce un crime pour le
chanter à cor et à cri dans un journal surtout colonial ?
Les peuples ne peuvent
être que divers et diverses sont leurs coutumes. La nature dans son œuvre
gigantesque n’a pas fait qu’un seul modèle et un seul climat.
En somme, si nous relevons
les propos perfides de cet article, c’est que son auteur n’a pas seulement
envisagé la question nourriture, mais bien une occasion de chercher à rabaisser
les créoles.
Qu’a-t-il donc à leur
reprocher, surtout en ce moment où sur leur demande ils sont, non comme on a
voulu l’insinuer, chargés simplement de la garde des prisonniers, mais sur le
front en France et aux Dardanelles à faire bravement leur devoir tout comme les
métropolitains.
C’est petit et mesquin de
la part d’un journaliste d’attaquer des Français, qu’ils soient créoles de la
Réunion ou d’ailleurs, lorsqu’ils paient sans sourciller l’impôt du sang,
surtout sans avoir couru après des sursis comme beaucoup, hélas !!!
S’il y a des critiques à
faire, elles doivent être dirigées contre les « embusqués » et les
quémandeurs de sursis.
Un Créole « même ».
La Dépêche malgache
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