29 novembre 2008

Jean-Pierre Haga au forum littéraire du CCAC

Comme j'ai essayé d'en prendre l'habitude, je publie ici la présentation des écrivains, au moins les Malgaches, invités aux forums littéraires du CCAC.
Aujourd'hui, et avec deux heures d'avance sur le programme (puisque cela se passe aujourd'hui à 10h30, heure de Madagascar), Jean-Pierre Haga sera soumis au feu roulant de mes questions. (Euh... est-ce que je n'en fais pas un peu trop, là?)
On recommencera le même numéro le samedi 13 décembre à l'Alliance franco-malgache d'Antsirabe.
Voici donc cette présentation. (Tenez compte du fait qu'il ne s'agit pas d'un texte destiné à être publié, mais lu devant un public.)

* * *

Jean-Pierre Haga n’a pas aimé l’école.
Il n’a pas aimé l’armée.
Il n’aime pas les 4x4.
Il n’aime pas les méchants.
Il n’aime pas les adultes.
Il n’aime pas les penseurs qui se poussent du col. Ni d’ailleurs, plus généralement, en dehors des penseurs, ceux qui se prennent au sérieux.
Il n’aime pas les skinheads.
Il n’aime pas… encore plein d’autres choses, d’autres personnes. « Je ne suis pas un gentil », me disait-il il y a quelques jours.
Je me demande s’il va aimer être parmi nous pendant l’heure et demie que nous avons prévu de passer ensemble… Je vais essayer, en tout cas, de rendre supportable son séjour sur cette scène. J’ai eu et j’ai toujours, en gros, les mêmes détestations que lui. Peut-être que cela va aider…
Ce qui va aider aussi, c’est qu’il n’est pas seulement une boule de colère qui haïrait le monde entier.
Il a aussi des passions, comme le prouve la sortie de son deuxième livre, prétexte à la rencontre d’aujourd’hui, Sitarane Blues. Comme le prouve aussi la présence de sa guitare, un instrument qui ne le quitte jamais et dont il fait un usage… un usage… bon, vous verrez bien.

Mais reprenons au début : bien que son nom soit bien malgache, il est né à Paris – personne n’est parfait, n’est-ce pas, Jean-Pierre ? Malgré cela, il a passé l’essentiel de sa jeunesse, une dizaine d’années, à Tana et à Ambohidratimo. Ses parents, tous deux universitaires, avaient en effet décidé de rentrer au pays.
Il a longtemps travaillé dans le domaine du marketing, et quand je dis « dans le domaine », c’est un territoire très large dont il a exploré à peu près tous les aspects. En France métropolitaine, à Madagascar et à la Réunion, il a acquis une expérience pour le moins éclectique et l’énumération de ses emplois ressemble à un inventaire à la Prévert :
  • vendeur de bougies décoratives, vendeur de posters de pin-ups au porte à porte
  • vendeur d’encyclopédies
  • garçon de piste, pompiste, caissier, co-manager dans une station service
  • chef de rayon stagiaire dans une grande surface
  • distributeur de journaux, responsable de zone de distribution pour France-Soir puis chef de zone pour le Figaro-portage
  • chef de ventes produits frais à Tana
  • organisateur d’enquêtes et concepteur de questionnaires d’enquête
  • formateur en techniques d’accueil et de vente
  • enseignant en Marketing…
Expérience éclectique, je vous le disais… Pendant ce temps, il avait l’air d’un homme normal. Enfin, normal, dans le genre marketing…
Au fond, il n’aimait pas trop ça. Il y avait de l’argent, certes, c’est le genre du marketing. Pour l’épanouissement, c’était autre chose. Alors, comme ce sont toujours les femmes qui comprennent avant les hommes, c’est son épouse, Fanja, qui lui a dit à peu près : « Tu es en train de devenir très con. Arrête ce boulot. Ecris ! »

C’était il y a huit ou neuf ans, à la Réunion. Depuis, Jean-Pierre Haga a fait comme ses parents : il est rentré au pays. Et semble aujourd’hui, malgré ses colères, le plus heureux des hommes.
A tel point que, si vous vous souvenez de deux ou trois choses dont je disais tout à l’heure qu’il ne les aimait pas, il assume tranquillement un apparent paradoxe. Lui qui n’a pas aimé l’école s’occupe depuis 2005, toujours avec son épouse, d’une… école à Antsirabe. Mais attention : pas n’importe quelle école ! Une école que les enfants aiment. Où il y a un potager dont les enfants s’occupent, et quand les légumes ont poussé, c’est lui qui fait la cuisine. Oui, Jean-Pierre Haga s’occupe de la cuisine. Et, d’après ce qu’il dit – je ne crois pas qu’il se vante – les enfants apprécient. Forcément : il y met tout son cœur.

Mais bon, vous n’êtes pas venu pour entendre parler de gratin d’aubergines, n’est-ce pas ? Nous sommes dans un forum littéraire. Avant d’en venir à la littérature, il faut quand même faire encore un détour. Par la musique, par la chanson. Sous le nom de Hagamena, Jean-Pierre a sorti un CD, Made in Antsirabe.
L’orchestration est minimale : Fafah joue de la guitare et des instruments traditionnels, Jean-Pierre Haga chante… Il n’en faut pas plus, car l’essentiel est dans les textes. Le disque reprend une grande tradition de la chanson française, défendue par des chanteurs-compositeurs-interprètes.
On y trouve, on y revient toujours, l’écho de ce qu’il n’aime pas. Comme lorsque, dans Les hypocrites, il explique pourquoi certains de ces hypocrites prient : « au nom du pèze, du fisc et de leur saint profit », ou « au nom du fer, du crime et de son saint fusil », à moins que ce soit « au nom du verre, du vice et de leur sainte orgie », tandis que la femme aimée prie, elle, « au nom des mères, des filles et puis des fils aussi ».
J’insiste sur la qualité de l’écriture. Un des titres (Amours océanes) lui a d’ailleurs valu un prix de « chanson à texte » tout à fait justifié dans le cadre d’un concours organisé par l’association « Bon baisers de Jules Verne ».

Et j’en viens aux livres. Il a publié d’abord, chez Magnard, il y a trois ans, Vert de peur, un court roman fantastique pour la jeunesse. Il était d’ailleurs déjà sur cette scène il y a quelques mois, c’était fin mai, dans le cadre d’un forum consacré à la littérature de jeunesse, avec Laurence Ink et Jean-Claude Mourlevat.
Il aimerait bien ne pas garder l’étiquette d’écrivain pour la jeunesse – pas exclusivement, en tout cas. Pas de chance : Sitarane Blues paraît encore dans une collection destinée aux jeunes. Je ne vais pas m’y attarder, puisque nous allons en parler ensemble – et avec vous. Mais je ne résiste pas au plaisir de lire quelques lignes de la quatrième de couverture, l’avis de trois personnes sur ce texte. Deux éloges et un coup de griffes :

« Un récit sublime et plein d’humour ! »
(ma femme)

« Trop cool ! Super coooool ! »
(ma fille)

« N’importe quoi ! En plus, il dit des gros mots ! »
(ma voisine que je n’aime pas et qui me le rend bien)

On voit le genre d’humour que pratique Jean-Pierre Haga. Je précise aussi, même si nous y reviendrons probablement, que ce texte, Sitarane Blues, appartenait en fait à un recueil de douze nouvelles, auquel son auteur avait donné un titre qui claque : « Bien fait ! » (Comme on dit, pardon pour l’expression, mais je n’en ai pas trouvé de plus juste : bien fait pour ta gueule !)

Et puis, comme il n’est résolument pas qu’un auteur pour la jeunesse, il a écrit un roman, L’œil du cyclone, pour lequel il a reçu en 2004 le prix de l’Océan Indien. Jean-François Samlong en dit : « Jean-Pierre Haga passe à la loupe les faits et gestes des personnages, leurs pensées, tout en jouant avec les onomatopées (à la manière d’une Anna Gavalda). »
A propos de ce roman, je vous confie un scoop, comme on dit quand on est déformé par le journalisme : L’œil du cyclone est annoncé pour le début de l’année prochaine.
J’ai presque envie de vous raconter aussi de quoi parle le roman auquel il travaille actuellement. Le sujet est excitant.
Je le fais ?
Non, il le dira mieux que moi tout à l’heure si on trouve le temps d’envisager l’avenir. Je vais donc en rester là et permettre à Jean-Pierre Haga de s’exprimer. Après tout, c’est lui que vous êtes venus écouter.

28 novembre 2008

Benoît Jacques, son baobab et Madagascar

La photo ci-contre n'est pas à la hauteur de l'objet. Il s'agissait d'une bande dessinée réalisée en ferronnerie sous l'impulsion de Benoît Jacques, auteur et illustrateur qui était venu à Madagascar il y a quelques années. Il avait partagé son talent avec des artisans malgaches dont le savoir-faire est bien connu. Et cette pièce appartenait à l'exposition où l'on pouvait voir le résultat des travaux.
Pourquoi donc parler de Benoît Jacques aujourd'hui?
Parce qu'il a été couronné à Montreuil, dans la banlieue parisienne, pour La nuit du visiteur.
Cet album a été élu à l'unanimité du jury (chose assez rare pour être signalée) pour le principal prix d'un Salon du livre et de la presse jeunesse qui en attribue beaucoup d'autres.
Et devinez comment s'appelle le prix? (Non, il n'y a rien à gagner.) Le prix Baobab de l'album!
Amusant: quelque temps après son séjour malgache, le voici doté d'une récompense qui porte le nom d'un de nos arbres emblématiques...
Pour en savoir plus sur ce créateur hyperdoué et qui travaille en marge des circuits habituels, je vous renvoie à un article du Monde paru dans l'édition datée d'aujourd'hui.

22 novembre 2008

Un nouveau titre de la Bibliothèque malgache papier

Vous le savez, la Bibliothèque malgache se décline sous plusieurs formes.
L'une de celles-ci est le livre papier non distribué en librairie, disponible sur commande par Internet.
Un nouveau volume vient de sortir sous cette forme: Le "décivilisé", de Charles Renel.

Réédité plusieurs fois en d'autres lieux, ce classique du roman colonial, propose un cas intéressant…
Adhémar Foliquet, ancien pion dans un lycée français, est devenu malgré lui instituteur dans un village de la côte est à Madagascar. Il se trouve bien d’une nouvelle vie dans laquelle il s’éloigne progressivement de la civilisation européenne. Et découvre le plaisir qu’il y a à ne pas avoir toujours quelque chose à faire, à ne plus se préoccuper de l’heure. Bien sûr, il se pose des questions : est-il bien raisonnable de devenir à ce point un autre ?
Le livre fourmille de scènes saisies sur le vif et de discussions sur la valeur comparée de différentes cultures. De Charles Renel, la Bibliothèque malgache a déjà réédité un autre roman, La race inconnue, et un recueil de nouvelles, La coutume des ancêtres.

Ces livres restent bien entendu disponibles sous leur forme électronique, en téléchargement gratuit.
Tous les détails sur le site de la Bibliothèque malgache.

19 novembre 2008

Faut-il réhabiliter Benyowsky ?

Il y avait quelques jours que cela me démangeait, depuis la pose d'une plaque à Tsaralalana (Antananarivo) en souvenir de Benyowsky. Un article qui paraît aujourd'hui dans Midi Madagasikara me décide à mettre les points sur les i. Il est signé Patrice Rabe et le voici:
C’était un de ces grands aventuriers, bâtisseurs d’ouvrage qui ont laissé lors de leur passage un souvenir impérissable. Le comte de Benyowski, riche aristocrate polonais, après une belle carrière militaire en Europe, débarquera à Madagascar en 1773, accomplissant une mission au service de la France. Il s’établira à Foulpointe après avoir conclu avec le souverain du coin une alliance. Il fera œuvre d’éducateur et de pacificateur sur la côte est de la grande île. Les manuels scolaires en parlent comme d’un chef militaire habile et magnanime avec ses adversaires. L’association Polka, à l’initiative de sa présidente Mme Aneta Ignatowicz, a voulu honorer son illustre compatriote lors de la fête nationale polonaise, mardi 11 novembre, en inaugurant une plaque commémorative dans la rue qui porte le nom de ce dernier à Tsaralalana. Un sympathique cocktail a ensuite réuni les représentants des autorités malgaches et la nombreuse communauté polonaise de Tana à la galerie Kamoula.
J'avais même lu ailleurs, dans un autre quotidien, le rappel de son oeuvre humanitaire...
Bien. Pourquoi n'honorerions-nous pas nos grands hommes?
Mais ce Benyowsky fut surtout un aventurier - aux aventures passionnantes, certes. Un homme assoiffé de pouvoir et de richesse. Un affabulateur dont les Mémoires sont en partie le récit de sa vie et surtout une entreprise d'autoglorification. Voire, parfois, d'autojustification quand cela s'imposait.
Pas vraiment de quoi célébrer une grande figure historique, me semble-t-il...
La Bibliothèque malgache a réédité deux ouvrages consacrés à Benyowsky, disponibles en téléchargement gratuit (sur cette page du site Internet) ainsi que sur papier, à commander par Internet.
L'un, Le dernier des flibustiers, est un roman de Gabriel de La Landelle, fortement inspiré par les Mémoires de Benyowsky - et qui lui est donc favorable.


Le second, Un Empereur à Madagascar au XVIIIe siècle, est une biographie plus rigoureuse. Propsper Cultru y confronte les Mémoires à d'autres documents. Benyowsky ne sort pas grandi de cette lecture attentive de sa vie. Voici les premières lignes de ce livre qui me paraît plus digne de foi que le premier:
Nulle histoire ne ressemble plus à un roman que celle du baron de Benyowszky ; il est peu d’auteurs parmi ceux dont on vante l’imagination qui aient prêté à leurs personnages autant d’aventures qu’il s’en attribue à lui-même dans ses Mémoires.

Lisez, relisez... Et ne vous contentez pas des plaques commémoratives.

15 novembre 2008

Mikea, le beko, RFI et... Jean-Claude Mouyon

Honneur au beko lors de la finale du prix RFI Découvertes puisque le groupe malgache Mikea, qui pratique celle musique, est le lauréat 2008.
Sur le site du Conseil francophone de la chanson, Mikea est décrit ainsi:
La musique des Mikea se caractérise par une harmonisation très particulière basée sur le beko: une incantation a cappella, à l’origine en solo ou en duo.
Voix chaleureuse et saisissante, venue de loin, tel est le style vocal des Mikea. C’est cette voix reconnaissable entre toutes, unique et envoûtante, que Théo, le lead vocal, nous fait découvrir par son groupe.
Le deuxième roman de Jean-Claude Mouyon, Beko ou La nuit du Grand Homme, en appelle aux mêmes rythmes, à la même musique, comme l'explique le texte en quatrième de couverture:
Pratiqué dans les régions Sud de Madagascar, le beko est un chant polyphonique a capella généralement interprété par un groupe d’hommes, nommés sahiry, composé d’un récitant et de choristes.
Perpétué depuis la nuit des temps par les ethnies du Grand Sud, le beko fait résonner sa litanie répétitive et gutturale durant les nuits où amis et famille du défunt sont réunis devant des feux et des bassines de rhum pour accompagner l’esprit du mort dans sa marche vers l’Est, là où vivent les ancêtres.
Beko
, le roman, n’est en rien une explication ethnologique du culte des ancêtres mais l’appropriation d’un fait social et culturel qui m’a permis de bâtir une fiction à partir de la structure rythmique et narrative d’une cérémonie revisitée en présence de ses acteurs : Grand Homme, le défunt ; les sahiry ; les vivants.
Sur le thème d’une histoire policière inspirée d’un fait divers réel, Beko ou La nuit du Grand Homme se veut aussi un chant, une musique à la fois tendre et violente dédiée à l’extrême Sud de Madagascar et aux hommes libres qui y vivent, ceux qui souffrent mais ne pleurent jamais.
Vous le saviez déjà si vous êtes fidèle à ce blog. Mais la mise à l'honneur du beko par le prix RFI Découvertes valait bien un petit rappel. Le roman est actuellement disponible sur commande par l'intermédiaire de cette page. Il sera prochainement disponible à Madagascar dans une édition produite localement, comme l'est le précédent livre de Jean-Claude Mouyon, Roman Vrac. (Disponible aussi sur commande.)

7 novembre 2008

Un inédit de Charlotte Rafenomanjato

Après Rado, une autre grande figure des lettres malgaches a donc disparu cette semaine. Charlotte Rafenomanjato n'était pas qu'une femme de lettres: sage-femme et puéricultrice, elle avait côtoyé la "vraie vie", à Madagascar et ailleurs.
Pour être sincère, je ne la connaissais pas très bien, même si nous nous sommes rencontrés à de multiples reprises. La dernière fois, il y a quelques mois, avant d'autres contacts par messagerie électronique, elle animait la proclamation des résultats d'un concours qu'elle avait initié pour faire connaître de jeunes écrivains.

A ma connaissance, son dernier ouvrage paru doit être Felana, aux Editions Le Cavalier bleu, en 2006. Je ne l'ai pas lu. Mais voici comment le présente l'éditeur:
Felana est née sous le signe funeste de l'Alakaosy, l'Etre de feu. Selon les croyances malgaches, elle porte le malheur, ce que les événements semblent confirmer depuis l'incendie la nuit de sa naissance jusqu'à la mort de ses parents également par le feu. S'engage alors un long combat contre ce terrible destin qui l'amène à croiser tour à tour le sorcier du village de ses ancêtres, les sœurs du pensionnat d'Antananarivo où elle a trouvé refuge, un scientifique américain auprès duquel elle va travailler, confrontant alors la raison et la certitude aux racines profondes de l'univers malgache. L'auteur nous fait découvrir ici les coutumes et les croyances malgaches au travers de personnages attachants et d'un récit palpitant.
Plus récemment, Charlotte m'avait demandé de lire son dernier manuscrit - ce que, à ma grande honte, je n'ai pas trouvé le temps de faire. Le signe de Satan est un roman assez épais, dont je vous confie le premier paragraphe comme une bouteille à la mer, en espérant qu'il verra le jour dans un avenir plus ou moins proche.
La nuit des ombres n’est plus bien loin. Les arbres de la forêt se pelotonnent les uns contre les autres, et forment une masse de plus en plus indistincte. En bas de la colline, les silhouettes floues des paysans montent à queue leu leu sur les sentiers des rizières vers leur village sur les hauteurs. La récolte est bonne et, demain dès l’aube, des épis de riz rempliront les charrettes à bœufs. Ce sera le jour attendu impatiemment depuis ceux lointains des semailles et du repiquage. De l’aire de battage retentiront les bruits sourds des grappes contre la large pierre plate. Les grains se détacheront, formeront un tapis de soleil éclaboussé par les rires et les calembours qui fuseront jusqu’au soir. Très bientôt, les silos se rempliront des fruits du labeur des villageois. Une partie sera vendue en ville en échange des petites choses de leurs modestes besoins, comme le pétrole lampant, les bougies, les allumettes, le savon, entre autres. Le reste assurera leur quotidien jusqu'à la prochaine récolte. A la campagne, la vie s’écoule dans les veines du temps, sereine, quelquefois à peine troublée par une larme égarée entre deux rires.
Pour en savoir plus sur son oeuvre et découvrir d'autres inédits, je vous conseille cette page qui n'est pas tout à fait à jour mais contient des informations précieuses.

30 octobre 2008

Le reggae malgache en ébullition

Pas content, Sammy Rastafanahy, principal porte-parole des reggaemen malgaches (président de ceci, chef spirituel de cela, j'en passe parce que je ne comprends pas tout).
Très content, Sammy Rastafanahy - le même.
Et pareil pour ses copains, amoureux et pratiquants de la même musique et de toute la philosophie qui va avec.
Alors, qu'est-ce qu'il se passe-t-il donc?
Alpha Blondy, le rasta ivoirien le plus connu au monde, se produit dimanche à Tana.
Une bonne nouvelle pour tout le monde, en particulier Sammy et ses potes.
La mauvaise nouvelle, c'est qu'aucun chanteur reggae malgache ne montera sur scène à l'occasion de ce concert - du moins selon la configuration actuellement prévue par l'organisateur.
Cherchez l'erreur...

Le Madaraid d'Anselme

Il y a trois ans, M. et Mme Hobokop (que je ne connais pas) ont, raconte leur blog, "fait un bon bout de chemin avec leur oncle Anselme : Antsirabe, Morondava, Fianarantsoa, Manakara, et retour à Antsirabe. Et cette vieille éponge imbibée de rhum d'Anselme (il avait dû réduire les doses pour nous accompagner) tenait le journal de bord de l'équipée, noircissant dans des conditions parfois rocambolesques des cahiers de dessins achetés chez des Chinois au cours de la route. Résultat : ces carnets d'Anselme, que je garde toujours précieusement, et que je rêvais tellement de pouvoir publier que j'avais déjà maquetté une couve."


En effet, un savoureux carnet de voyage dessiné comme seul Anselme peut le faire. C'est-à-dire toujours un peu foutraque et très savoureux, avec des détails dans tous les coins de ses images. En voici une - la première - mais je vous conseille vivement d'aller voir les autres, et régulièrement, car la publication est toujours en cours.


On espère que ce sera un jour un véritable album...

19 octobre 2008

Madagascar en beaux livres

Dans l'édition française, la fin de l'année civile est le moment où les beaux livres, souvent coûteux, s'accumulent sur les tables des libraires. Je me souviens de la folie d'achats qui précédait les derniers jours avant Noël et le Nouvel an dans la librairie où je travaillais autrefois. Un livre reste en effet un cadeau apprécié.
Et pourquoi pas un livre sur Madagascar? Trois nouveautés sont à l'affiche.

Je commence par Cacao Vanille, l'or noir de Madagascar, par François Pralus et Laurence Caillier, avec des textes d'Ingrid Astier et des photographies d'Hervé Nègre et Thierry Beguin. En voici ce qu'on appelle l'argumentaire:
Présentation de la culture, la récolte, l'affinage, les crus, les rencontres et les accords de ces deux produits exotiques et pourtant quotidiens que sont le cacao et la vanille.
L'occasion également d'une découverte de l'île de Madagascar à la rencontre de sa population et des relations qu'elle entretient avec ces produits.
Avec 40 recettes salées et sucrées en fin d'ouvrage.
Editions Agnès Viénot, 192 pages, 29,90 €, sortie le 23 octobre.
Un autre ouvrage qui n'est pas seulement sur Madagascar, mais dont le titre fait rêver: Tour du monde des bouts du monde, par Véronique Durruty et Patrick Guedj.
Les bouts du monde sont des promesses de temps suspendu, d’espaces en dehors du monde et ouverts sur le monde, ces lieux magiques où l’on peut se perdre et se retrouver, écouter battre le bruit de son cœur, goûter le vent et regarder l’herbe boire.
• Ils peuvent être tout proche ou à l’autre bout du monde
• Ils nous donnent envie de sourire, de nous asseoir.
• Ce sont des lieux où rêver en descendant du petit avion à hélice qui nous laisse sur l’aéroport de l’île de Sainte-Marie à Madagascar (ainsi nommée car bénie des dieux), en suspendant notre hamac sur le Rio Negro en Amazonie, en marchant sur les chemins de la Chalosse, en descendant, l’estomac un peu chaviré, du bateau qui nous laisse sur l’île de Samalona, au large de Sulawesi, dans un petit havre de paix du Larzac…
Stop ! Nous sommes arrivés là où l’on n’a pas envie d’aller plus loin.
• Avec plus de 200 photographies du monde entier.
• Des informations pratiques et insolites : Carte avec emplacement, nombre d’habitants, nombre de kilomètres depuis le pôle Nord / Paris et New York, comment y aller ? , où dormir ?, que faire ?
Editions Aubanel, 384 pages, 32 €, à paraître le 23 octobre.
Enfin, Didier Mauro, qui a déjà beaucoup écrit sur la Grande Ile, donne, dans la nouvelle collection Guide culturel du monde un nouveau Madagascar.
Il nous semble connaître les pays étrangers.
De leur histoire, nous déduisons leur situation actuelle, les livres de photos nous montrent leurs paysages, leurs villes, leurs monuments, nous pouvons lire leurs auteurs et les médias nous donnent régulièrement de leurs nouvelles.
Mais pourquoi nous sentons-nous perdus quand nous visitons ces pays que nous croyons connaître, quand nous essayons de comprendre leurs habitants, quand nous voulons améliorer nos connaissances ou nous faire des amis ?
Les Guides Culturels du Monde veulent être une aide pour ceux qui désirent mieux connaître une autre culture. Quand nous sommes brutalement plongés dans un autre monde, il faut adopter d'autres règles, accepter d'autres valeurs. Quelle est la place de l'homme dans la société ? Comment vivent ensemble les hommes et les femmes ? Comment se comporter en public et en privé ? Quel est le rôle de la religion ? Quelles sont les superstitions ? Où s'amusent les hommes et où travaillent-ils ? Comment font-ils la fête ? Comment accueillent-ils l'étranger et qu'attendent-ils de lui ? Comment doit se comporter le visiteur ?
Les cultures étrangères ne sont pas si éloignées de nous que nous le pensons. Les Guides Culturels du Monde retracent l'histoire et le développement des sociétés afin que nous comprenions leurs modes de vie et de pensée, que nous en sachions plus sur leur vie quotidienne. Il s'agit d'éviter qu'un choc culturel vienne dresser entre les peuples un mur d'incompréhension. Car plus on connaît les autres et mieux on les comprend.
Editions Pages du monde, 224 pages, 21 €, en librairie.

17 octobre 2008

Citation / Antoine Piazza

Ce livre d'Antoine Piazza est un roman. Mais Les ronces ressemble davantage à la chronique de quelques années vécues par le narrateur (l'auteur?) dans un village du Haut Languedoc. C'était au début des années 1980 et, parfois, on croit que c'était il y a bien plus longtemps. L'endroit semble hors du monde moderne et cela fait une partie de son charme. En même temps que cela crée des difficultés.
Mais je ne vais pas vous raconter l'ouvrage de cet auteur que j'avais découvert il y a quelques années avec un magnifique premier livre, Roman fleuve.
Si je parle des Ronces ici, c'est, vous l'avez deviné, pare qu'il y est question de Madagascar, dans l'histoire d'un policier, Henri Nègre, après sa démobilisation.
Les racines qui avaient attaché le jeune flic à son village ne se rompirent pas quand, après la guerre, on lui offrit le recrutement sur titre de commissaire, à Madagascar, c'est-à-dire aux antipodes, chez les mangeurs de criquets et de chair humaine. Les racines ne rompirent pas car le jeune homme était alors sous la tutelle de ses beaux-parents qui s'empressèrent de lui demander ce qu'il pouvait bien aller f... là-bas. Ces quelques mots suffirent à le contenir dans le bocal étanche de de sa petite vie et trente ans plus tard, il racontait volontiers l'épisode au premier passant venu. En riant. Avec ses baobabs corpulents et lisses comme des hercules de foire, Madagascar n'était rien à côté de l'apanage planté de châtaigniers greffés qu'il avait reçu en compensation.

Actes Sud, Babel, n° 904, 224 pages, 7,50 € (pages 103 et 104)

12 octobre 2008

Johary Ravaloson au forum littéraire du CCAC

Hier, Johary Ravaloson se prêtait au jeu des questions et des réponses dans la cadre d'un forum littéraire au CCAC.
Avant de l'interroger, et comme c'est la coutume, j'ai tracé de lui un petit portrait (subjectif et incomplet).
Je vous en livre le texte tel quel, amputé seulement des quelques lignes qui, au début, avaient pour fonction de faire sourire le public.

Regardez bien Johary Ravaloson. Parce que, si vous le croisez en ville un jour de semaine, vous risquez de ne pas le reconnaître. Il ne sera pas habillé de la même manière. Le costard-cravate est de mise dans le milieu juridique où il travaille – je dois dire qu’il endosse cet habit de circonstance avec une élégance certaine. Johary est docteur en droit – mais tous les chemins mènent à l’art, à la littérature… et au pays Zafimaniry.
Il est né à Tana – j’allais dire tout bêtement – en 1965. Il s’est posé en France dans les années 80, puis à la Réunion à la fin du siècle dernier – si, si, on peut le dire ainsi. Entre-temps, il avait rencontré Sophie Bazin, le genre de rencontre qui change la vie et lui donne une nouvelle orientation.
Nouvelle orientation géographique, puisque le retour dans l’Océan Indien n’était qu’un prélude au retour à Madagascar, décidé cette année.
Nouvelle orientation artistique aussi, parce que le travail de l’un allait nourrir le travail de l’autre, à moins que ce soit le contraire – en tout cas, bien des entreprises ont été menées ensemble, y compris le livre qui est le prétexte à la rencontre d’aujourd’hui : Sophie a accompagné Johary sur les sentiers du pays Zafimaniry et a pris les photos qui illustrent l’ouvrage.
Et nouvelle orientation dans la vie privée, sur laquelle je ne m’étendrai pas, sinon pour dire que, quand Johary rentre chez lui, avant même d’enlever sa cravate et son costard, il devient mari et père, un rôle qui lui va bien si j’en juge d’après les réactions de Félix et Zoé l’autre soir.
La sphère privée n’étant pas le sujet de ce forum, j’en reviens à la partie visible de la vie de notre invité. Elle impressionne. La première fois que je l’ai rencontré, il y a cinq ans, il avait investi Tana avec Sophie et quelques autres complices. Rebaptisé TsyKanto sy Tsimaninona, le couple avait réalisé expositions, performances et installations à l’espace Rarihasina et au CCAC, dans la galerie du regretté Richard Razafindrakoto, les balais avaient dansé dans l’ancien tribunal, près du Rova, au rythme des percussions de Ricky… J’en oublie. Paradoxalement, parce Johary et Sophie aiment utiliser les négations pour mieux affirmer, l’ensemble de la manifestation s’appelait « Padar à Tana » - Padar en un mot, mais on voit ce que voulait dire, par l’action, TsyKanto sy Tsimaninona.
Le couple utilise d’autres noms : ils sont aussi Arius et Mary Batiskaf. Leur maison d’édition, dans laquelle ils publient notamment des livres pour enfants – et Zafimaniry intime – s’appelle Dodo vole. On voit combien les mots sont importants dans cette démarche.
Forcément : Johary Ravaloson s’exprime aussi (j’ai envie de dire : surtout, mais ce ne serait que l’expression de mon propre intérêt), s’exprime donc aussi par la littérature.
En 2003, il a publié La porte du sud, prix de la nouvelle de l’Océan Indien. Il y relate une course de dahalo (des voleurs de zébus) dans le sud de Madagascar, sur le plateau pelé de l'Horombe. Il s'agit presque, comme on le sait, d'un sport traditionnel qui n'exclut pas pour autant la violence, surtout quand il s'agit de s'emparer d'un troupeau et pas seulement de quelques têtes de bétail.
Avec ses complices, le narrateur remonte vers le nord, ils poussent les bêtes devant eux dans la poussière, formant un convoi furieux sous la menace des gendarmes à leur poursuite avec des hélicoptères. S'ils arrivent à La porte du sud, ils pourront entrer dans le massif de l'Isalo et décourager les poursuivants avant d'aller vendre leur cheptel au marché d'Ambalavao.
Le récit est nerveux, entrecoupé de cris pour encourager les zébus à avancer, de pauses pour avaler du riz salé et de la viande boucanée, et aussitôt ça repart, avec cette impression de vitesse qui affole et disperse le regard.
C’était un coup d’essai très prometteur. Pas vraiment un coup d’essai, d’ailleurs, puisqu’il avait été précédé, en 1996, du Prix du Centre régional des œuvres universitaires, à Paris, pour une autre nouvelle, Heurt-terres et frappe-cornes
Johary ne pouvait pas en rester là. La voie du roman s’ouvrait devant lui, avec l’exigence que représente la distance du genre, la nécessité d'une construction, l'importance des personnages...
Mais voilà. Il semble capable de tout, cet écrivain-plasticien-vidéaste: il écrit Les larmes d'Ietsé, présente le texte au jury qui l'a déjà couronné pour sa nouvelle, et, en 2005, décroche un nouveau Grand prix de l'Océan Indien. La même année, il reçoit aussi le prix Williams Sassine en Belgique, pour une nouvelle qui sera publiée dans un recueil collectif.
Collectif est un mot qui lui va bien, on l'a compris avec "Padar à Tana". C'est donc tout naturellement qu'il trouve sa place dans le recueil où Dominique Ranaivoson publie, il y a deux ans, douze écrivains malgaches sous le titre Chroniques de Madagascar - elle était venue nous le présenter ici.
En ce qui concerne le roman, on en attend encore la publication. Mais un extrait en est paru cette année dans L'archipel des lettres. C'est le début. Je vous le lis:
Depuis quelque temps, Ietsé se réveillait alors que rien vraisemblablement n'aurait dû troubler ses nuits. Souvent, à ces moments, aucun grillon ne stridulait, aucun hibou, chat-huant ne hululait. Les chauves-souris semblaient avoir interrompu leurs volettements voraces et ne produisaient plus ce flap-flap caractéristique de leurs ailes sans poils battant l'air. Il n'y avait même pas de brise qui aurait froissé quelque peu les feuillages des arbres. Le bois habituellement craquetant dans la vieille maison se taisait. Aucun frottement ni agitation ne se percevait sous les draps du lit conjugal. A croire que le silence le tirait du sommeil.
Il y a un autre roman, aussi - au moins un -, Géotropique, je pense qu'on aura l'occasion d'en parler plus tard, ainsi que de bien d'autres écrits. Car je pressens qu'on n'en a pas fini avec Johary Ravaloson et qu'il nous réserve encore bien des surprises - de bonnes surprises.
Aujourd'hui, donc, il y a ce Zafimaniry intime, un récit de voyage, une approche lente qui prend son temps puisqu'avec Sophie il a pris dix ans pour connaître la région, l'art, les hommes et les femmes.
Je vais vous avouer une chose que je n'ai pas osé lui dire encore: ce livre, je croyais qu'il ne l'écrirait jamais. Ou du moins qu'il ne serait jamais terminé. Il m'en parlait depuis longtemps, mais j'avais l'impression que les séjours chez les Zafimaniry étaient devenus plus importants pour lui que l'ouvrage auquel il avait pensé. Je m'étais trompé, et je m'en réjouis.
D'autant que le livre est beau. Pas seulement à cause du texte. Pas seulement à cause des photos. Mais aussi parce que le choix du format, la mise en page, la typographie, tout y a été réalisé avec un goût très sûr.
En outre, et c'est la deuxième fois que cela nous arrive en peu de temps, après Madagascar 1947 de Raharimanana dont nous parlions ici même en septembre, il s'agit d'un ouvrage bilingue, en français et en malgache. Je crois très sincèrement qu'il faut féliciter notre invité pour les choix qu'il a effectués, pour nous avoir donné ce livre, pour avoir passé du temps à chercher... à chercher quoi, au fait?
Peut-être va-t-il nous le dire, et même nous dire aussi ce qu'il a trouvé.

10 octobre 2008

Le Clézio, notre voisin


Le Clézio prix Nobel de littérature, voilà ce que j'appelle une excellente nouvelle. Il est depuis longtemps l'écrivain français auquel je suis le plus attaché, j'ai eu la chance de le rencontrer plusieurs fois et son oeuvre occupe une place très importante dans la littérature contemporaine.
En outre, il est notre voisin. Il aime à rappeler qu'il a deux passeports, l'un français, l'autre mauricien, et il ne manque jamais d'en parler.
Hier, par exemple, lors de la conférence de presse qu'il a donnée chez Gallimard, son éditeur:
C’est aussi au nom de l’île Maurice que je suis très heureux d’avoir reçu ce prix. L’île Maurice est une petite nation indépendante, qui ne reçoit aucune subvention pour la culture française, et qui, malgré cela, se bat pour faire vivre la langue française.
Il y a quelques années, le Centre culturel Albert Camus avait essayé de le faire venir pour rencontrer le public de Tana dans le cadre d'un forum littéraire - j'avais, il est vrai, un peu insisté. Malheureusement, cela ne s'était pas fait.
Une autre fois, peut-être?
En attendant, on peut le lire et le relire, ce n'est jamais du temps perdu.

7 octobre 2008

Johnny confirme : Madagascar le 15 septembre

Cela fait moins d'un an à attendre. Une broutille pour les fans.
Johnny Halliday a présenté hier à Saint-Etienne le programme de sa tournée d'adieu: Route 66. M'arrêter là.
Décodage: il aura 66 ans, il s'arrête...
Dans cette ultime tournée des stades, le gigantisme sera de mise entre mai et juillet prochain.
Puis, le 15 septembre 2009, il sera à Madagascar, au profit de l'Unicef, pour laquelle intervient sa femme Laeticia.
Ce sera peut-être son tout dernier concert, à moins qu'un projet au Vietnam, non encore confirmé, se concrétise.
Je vous avais déjà dit tout ça. Mais une confirmation venue de l'artiste lui-même est toujours donne à prendre.

3 octobre 2008

Où est le scandale ?


Le Journal de l'Ile de la Réunion l'annonçait il y a quelques jours:
Un enseignant de lettres a été suspendu vendredi par le rectorat : le texte qu’il avait donné à ses élèves a été jugé “tendancieux, polémique et provocateur”. Le rôle critique de la nouvelle de Jean-Luc Raharimanana, qui dénonce les massacres et leur médiatisation, n’a pas été spontanément perçu par les parents.
Raharimanana, polémiste et provocateur?
Certes, je crois même qu'il serait prêt à le revendiquer. Sa littérature n'appartient pas à la catégorie lénifiante. Elle n'est pas de tout repos. Elle bouscule, secoue, fournit matière à réflexion - cette réflexion qui, à moins que je me trompe beaucoup, est une des bases de la formation prodiguée par l'enseignement.
Ah! il y avait un autre qualificatif: "tendancieux"... On peut mettre tout ce qu'on veut, et même le contraire, là-dedans. En ce qui me concerne, si cela veut dire que Raharimanana est "tendance", à la mode, ça me va...
L'extrait de Rêves sous le linceul donné à lire à des jeunes d'une quinzaine d'années est âpre, douloureux.
Très bien, ça me va aussi.
J'ai assez souffert de cours de français où les textes proposés étaient d'une insupportable mièvrerie pour ne pas me réjouir d'une "audace" toute relative. Car enfin, lisez ce livre, vous verrez pas vous-mêmes.
Parler de pornographie à son sujet ne peut se faire que si l'on a depuis toujours fermé les yeux sur la violence du monde. Car voilà bien la pornographie d'aujourd'hui, l'insupportable fracas que Raharimanana dénonce à sa manière, avec ses mots, et avec talent.
Le talent est-il une non-valeur?
S'il faut en croire Libération, rendant compte du Festival des Francophonies à Limoges, où la pièce 47, de Raharimanana (encore lui, donc) était jouée, peut-être.
La première du spectacle, il y a dix jours, au centre culturel français d’Antananarivo, a fait tiquer l’ambassade de France.
Je ne sais pas d'où vient cette information, et je n'étais pas à la représentation...
Pour en revenir à cette malheureuse affaire de professeur suspendu à la Réunion, une chose est rassurante: les réactions des lecteurs à l'article sont, dans leur très grande majorité, favorables à l'enseignant. Ouf!

Et pour finir cette note sur une tonalité plus sereine - sans quitter la Réunion -, ce petit extrait d'un livre qui vient de paraître, signé Bernard-Henri Lévy et Michel Houellebecq. Ennemis publics est une correspondance entre les deux écrivains. On y trouve, sous la plume de Houellebecq (pour lequel je n'éprouve pas une grande affection), ce passage:
J'ai vu ma mère assez peu de fois dans ma vie, une quinzaine tout au plus, mais un jour où elle m'a vraiment écœuré est celui où elle m'a raconté avoir croisé par hasard, à la Réunion, mon ancienne nounou malgache, et que celle-ci lui avait demandé de mes nouvelles. Elle trouvait ça marrant, incongru, que mon ancienne nounou malgache, trente ans plus tard, demande de mes nouvelles; moi, je trouvais ça bouleversant, mais je n'ai même pas essayé de lui expliquer pourquoi.
Cela me le rend plus humain.

26 septembre 2008

Parution: Aina, Lalatiana et Alisoa vivent à Madagascar, de Dorine Leleu

Je vais essayer, le plus souvent possible, de signaler ici les nouveaux ouvrages ayant un rapport avec Madagascar.
La parution de la semaine est un roman pour enfants (à partir de 9 ans), que l'on doit à Dorine Leleu, présente dans la Grande Ile il y a quelque temps - elle avait notamment, dans Les Nouvelles, publié des textes sur des photos de Pierrot Men.
Voici la présentation de ce livre:
Madagascar, quatrième plus grande île du monde, est exceptionnelle par sa faune, sa flore et la richesse de ses habitants. Elle compte une multitude d'espèces végétales et animales présentes nulle part ailleurs, comme les forêts de baobabs ou les fameux lémuriens. Une mosaïque colorée de dix-huit ethnies peuple ce pays, à mi-chemin entre l'Afrique et le monde indien. Aina vit à Vohipeno, un village situé sur la côte Est de l'île. Il grandit au milieu des rizières, que son père cultive, et des girofliers. Lalatiana vit à Antananarivo, la capitale. C'est une Merina, l'ethnie des nobles. Elle est une privilégiée, mais elle connaît aussi la situation de nombreux Malgaches, qui sont très pauvres. Alisoa vit à Ilakaka, un village aux allures de western. Les parents d'Alisoa s'y sont installés avec l'espoir d'y faire fortune. Il paraît que le sous-sol regorge de pierres précieuses : des saphirs ! Dorine Leleu nous parle avec passion de l'" île Rouge ", où elle a vécu plusieurs années.
Aina, Lalatiana et Alisoa vivent à Madagascar vient de paraître aux Editions de La Martinière (47 pages, 12 €).

20 septembre 2008

Madagascar, l'empire des sens


Non, non, ce n'est pas un titre accrocheur faisant référence à un célèbre film japonais.
C'est la thématique principale d'un article paru aujourd'hui dans Libération (dans l'édition papier) et hier sur le site du même journal.
Je l'attendais depuis un moment, cet article qui avait été signalé parmi les finalistes d'un concours de reportages, Jeunesse autour du monde, réservé à des jeunes de moins de 26 ans.
Marine Courtemanche, 21 ans, a reçu le deuxième prix pour Madagascar: les sens dessus dessous, sous-titré Itinéraire sensible d'un vazaha à Madagascar.
Le regard est aigu, l'écriture vive et les sens en alerte, bien sûr. Mais je laisse de côté les commentaires que je pourrais faire, jugez vous-même, par un extrait, d'abord, qui, je l'espère, vous donnera envie d'y aller voir de plus près:
Le nez occidental connaît toutes ces odeurs : gaz de pots d’échappement, poubelles, eaux insalubres, poussière…Par contre il est agressé quand elles se manifestent toutes dans un même espace temps.
De la pollution aux senteurs poussiéreuses, des bennes à ordures gigantesques mêlées aux égouts vomissants : le nez blanc se sent mal car il les sent trop bien. Manque d’habitude.
Pensée polluée et question naïve : pourquoi Antananarivo (Tana) la capitale obtient la deuxième place du palmarès planétaire des villes où la pollution de l’air est reine ? Voyons voir. Deux simples constats : les 4x4 démesurés, ou 4L et mini-bus déglingués (« taxi be ») constituent l’essentiel du parc automobile à Mada, et tout ce petit monde est en constante augmentation. Implacable.
On n'oublie pas non plus la belle soirée annoncée aujourd'hui avec Jaojoby à l'Olympia.
Notre ami ambassadeur de la musique malgache (il n'est pas le seul, mais il est bien présent) a été reçu dans l'émission Couleurs tropicales que l'on peut écouter en suivant le lien.
Un article dans la partie musicale du site Internet de RFI complétera l'information: Jaojoby à l'Olympia. Un maître à danser à Paris. Il se termine ainsi:
Son passage à l’Olympia, "salle prestigieuse s’il en est", Jaojoby sait que cela restera un souvenir fort dans sa mémoire, aussi intense que celui de cette chaîne de solidarité qui s’est constituée en 2006 pour qu’il puise aller se faire soigner à la Réunion, après un accident grave de la circulation sur une route de Madagascar, qui aurait pu lui être fatal. "Je suis un miraculé", lance Jaojoby, jubilant à l’idée de faire trembler les murs de l’Olympia.

18 septembre 2008

Bref hommage à Rado

J'ai trop peu lu les textes de Rado pour en dire quelque chose. (La faute à mon incapacité à lire le malgache.)
La mort de ce poète qui aurait mérité le titre de "poète national", comme il en existe dans certains pays, ailleurs qu'à Madagascar, me touche néanmoins comme elle touche n'importe quelle personne accordant un minimum d'importance à la culture d'ici.
Je l'avais rencontré plusieurs fois, dans des circonstances prévisibles - forum littéraire, atelier d'écriture, vernissage, etc. - ou moins prévisibles. Chaque fois, l'impression de côtoyer un homme d'exception, habité par une noblesse naturelle qui l'auréolait d'un je ne sais quoi, indéfinissable mais puissant.
Le souvenir le plus vif est celui d'un jour où nous nous étions croisés sur le trottoir, à Analakely. J'allais monter dans un taxi-be, il passait par là. Nous avons bavardé cinq ou dix minutes, de l'importance de la littérature dans la vie de tous les jours. Il possédait une force de conviction qui a dû en convertir plus d'un.
L'image que je garde de lui est celle d'un homme grand - plus grand probablement dans ma mémoire que dans la réalité, parce qu'il était un grand homme. Et le restera à travers son œuvre.
Qui reste en vente, je l'espère, dans les librairies malgaches et, pour ceux qui vivent à l'étranger, dans la boutique de Laterit.

11 septembre 2008

Le deuxième roman de Jean-Claude Mouyon

Après la trilogie de Roman Vrac, meilleure vente de tous les ouvrages publiés sur Madagascar chez Lulu.com (en vente aussi dans les principales librairies de Tana et de Toliara), Jean-Claude Mouyon revient en force avec une deuxième fiction profondément enracinée dans son Sud.
Beko ou La nuit du grand homme est un roman encore plus malgache que le précédent. Et personne ne pourrait en parler mieux que Jean-Claude Mouyon lui-même:
Pratiqué dans les régions Sud de Madagascar, le beko est un chant polyphonique a capella généralement interprété par un groupe d’hommes, nommés sahiry, composé d’un récitant et de choristes.
Perpétué depuis la nuit des temps par les ethnies du Grand Sud, le beko fait résonner sa litanie répétitive et gutturale durant les nuits où amis et famille du défunt sont réunis devant des feux et des bassines de rhum pour accompagner l’esprit du mort dans sa marche vers l’Est, là où vivent les ancêtres.
Beko, le roman, n’est en rien une explication ethnologique du culte des ancêtres mais l’appropriation d’un fait social et culturel qui m’a permis de bâtir une fiction à partir de la structure rythmique et narrative d’une cérémonie revisitée en présence de ses acteurs : Grand Homme, le défunt ; les sahiry ; les vivants.
Sur le thème d’une histoire policière inspirée d’un fait divers réel, Beko ou La nuit du Grand Homme se veut aussi un chant, une musique à la fois tendre et violente dédiée à l’extrême Sud de Madagascar et aux hommes libres qui y vivent, ceux qui souffrent mais ne pleurent jamais.
Ce livre n'est pas encore édité à Madagascar. Il faut donc actuellement le commander sur Internet, par l'intermédiaire de Lulu.com (114 pages, 12,38 € + frais de port).
Je rappelle au passage que le catalogue complet des ouvrages disponibles chez Lulu.com se trouve à cette adresse et que l'ensemble de tous les catalogues, électronique et papier, est regroupé sur le site de la Bibliothèque malgache.

Bonne lecture.

9 septembre 2008

Un feuilleton de la Bibliothèque malgache dans Les Nouvelles

Le quotidien malgache de langue française Les Nouvelles a commencé aujourd'hui la publication d'un roman réédité par la Bibliothèque malgache: Voyage et aventures d'un aérostat à travers Madagascar insurgée.

Edouard Deburaux (1864-1904) a signé Léo Dex de nombreux ouvrages écrits en collaboration avec Maurice Dibos (1855-1931) et consacrés aux voyages en ballon. Ce roman prend prétexte de troubles à Madagascar pour une traversée aérienne de la Grande Île. Les faits, imaginaires, ne sont pas précisément datés. Mais on peut les situer, par recoupement, vers 1893 ou 1894. Il s’agit d’un grand roman d’aventures, dans l’esprit où Jules Verne a pu écrire Cinq semaines en ballon. Madagascar n’est ici qu’un décor. Décrit cependant avec précision grâce à la présence, parmi les aéronautes, d’un explorateur qui a beaucoup voyagé dans l’île.

Pour ceux qui n'ont pas la patience d'attendre les quelques mois pendant lesquels paraîtra ce texte, il est possible de le télécharger sur le site de la Bibliothèque malgache au format DOC ou PDF. D'autres liens de téléchargement sont disponibles sur cette page qui reprend tout le catalogue des livres électroniques gratuits.

Pour ceux qui ne supportent que de lire sur papier, il faut encore passer par l'édition réalisée chez Lulu.com, posséder une carte bleue, etc. Et débourser 12,16 € augmentés des frais de port.

A propos de ce livre, je compte bientôt en donner une édition complétée des gravures réalisées à l'époque. Je ne les possédais pas au moment où j'ai travaillé sur le texte. Et je les ai trouvées chez un ami qui mérite bien que je lui fasse un peu de publicité gratuite puisque Alain est le patron de l'hôtel qui porte son nom, Chez Alain, à Toliara.

8 septembre 2008

La quinzaine Raharimanana au CCAC

Ce doit être ce qu'on appelle un hasard objectif. J'étais occupé à rechercher l'image ci-contre, que j'avais déjà publiée en mai, pour la réutiliser ici.
A ce moment, le téléphone sonne dans la pièce d'à côté.
Encore un importun, me dis-je en courant...
Erreur.
C'était Raharimanana, que j'ai entendu sourire (si, si) quand je lui ai raconté ce que j'étais en train de faire.
(Tu vas le raconter dans ton blog? me demande-t-il? Voilà, la réponse est oui.)
Je reviens quand même, après cette introduction à laquelle je ne pouvais pas m'attendre, au véritable sujet de cette note - puisqu'il ne s'agit pas, vous l'aurez compris, de me mettre en scène dans mon appartement, de vous dire comment je suis habillé ni ce que je suis en train de boire...

Une vraie quinzaine Raharimanana s'est ouverte au CCAC à Antananarivo, depuis ce matin. La littérature de Madagascar sera donc en fête.

Actuellement, et jusqu'à vendredi, l'écrivain anime un atelier d'écriture dans un esprit que je lui laisse le soin de dévoiler:
Un atelier d’écriture autour de la mémoire, passée et présente. Autour de mes deux livres Madagascar, 1947 et Za. Quels sont les liens entre l’histoire, la voix, le corps ? Si la pièce 47 est une exploration de la mémoire, le corps demeure un enjeu de domination.
Parcourir la mémoire ou la traversée des vies, d’un lieu à un autre, d’un parcours individuel à la destinée d’un groupe, les visages disparus dans le temps, des réapparitions souvent singulières, inexplicables, parfois brutales, presque violentes. Des voix et des visages couverts par les pans de l’histoire, des voix et des visages déformés par les clichés, racontés par d’autres.
Za quant à lui, tisse un lien très fort encore la voix et le corps, sa voix éraillée, zézayante, et son corps meurtri, le corps de son fils disparu, le corps des ancêtres tombé en poussière mais censé demeurer parmi les vivants.
L’atelier explorera ainsi les notions de mémoire et la charge des voix et la présence du corps dans l’écriture.
Je crois qu'ils ont bien de la chance, celles et ceux qui y participent!

Samedi à 10h30, toujours au CCAC, j'aurai le périlleux honneur de présenter Raharimanana dans un forum littéraire. Nous reparlerons de Za, bien entendu. Et aussi, j'imagine, d'un tas d'autres choses. Venez nombreux, c'est gratuit. Et il s'agit d'un grand, d'un très grand écrivain malgache.

La quinzaine se terminera, comme il se doit, à la fin de la semaine prochaine, avec une double représentation de 47, une pièce interprétée par Romain Lagarde et Sylvain Tilahimena.
Des rires sur l’absurdité de ces lignes cherchant à comprendre pourquoi je devrais me justifier pour revendiquer ma mémoire. (…) De quoi parlons-nous en fait ? De 1947, mars 1947 et de tout ce qui s’ensuivit. Insurrection contre la colonisation française. L’oppression pendant près de deux ans. Je parlais comme d’une évidence : le chiffre même de 47 sonne douloureux sur la Grande Île, la fin d’un monde, la perte et la défaite, le silence lourd d’une période qui n’en finit pas de nous ronger, de nous hanter…
Raharimanana dans un court texte incisif revient sur une période de l’Histoire, entre Madagascar et la France. C’est une œuvre qui nous interroge sur les rapports entre colonisés et colonisateur, entre pouvoir actuel et passé, sur le silence de part et d’autre, sur l’écriture de l’histoire par le Nord et la nécessité d’interroger cette histoire par le Sud.
Notez donc ces rendez-vous: le vendredi 19 et le samedi 20, chaque fois à 19 heures.

6 septembre 2008

En vrac...

... Mais il ne s'agit pas, cette fois, de Roman Vrac, la trilogie romanesque de Jean-Claude Mouyon.
Plutôt d'infos cueillies ici ou là, au hasard de mes butinages sur Internet.

Tout de suite, parce que c'est aujourd'hui à Bruxelles, je signale un Festival malgache, Un baobab au bois de la Cambre, deuxième édition. L'affiche est sympa, graphiquement (donc, je vous la montre), et aussi au sens du programme attendu:
Cette nouvelle édition de notre festival malgache ouvrira ses portes avec la présentation de Contes Musicaux Malagasy destinés à tous, enfants et parents, et accueillera, le soir, le retour du groupe Njava au complet sur scène avec en introduction et en exclusivité un film tourné à Madagascar sur leur famille.
Et tout au long de la soirée : Repas, boissons, animations, artisanat, photos... de Madagascar.
Tous les bénéfices de l'événement sont destinés à des projets de développement à Madagascar.
Aujourd'hui aussi, Le Figaro Magazine publie un petit article (presque publicitaire, il faut bien le dire...) de Bénédicte Menu: Votre île à Madagascar. Il y est question du Tsara Komba Lodge, sur l'île de Nosy Komba, près de Nosy Be. Un havre de paix, bien sûr. Malheureusement, les prix sont illisibles, il faudra acheter le magazine papier pour celles et ceux que cela intéresse.

Dans un tout autre registre, Linda Caille est allée sur la côte est se pencher sur le cas des Jumeaux maudits de Mananjary. C'est à lire dans Le Monde daté d'aujourd'hui. Je cite l'accroche, accrocheuse comme il se doit:
Dina et Diari, 5 mois, entrelacent leurs doigts délicats. Allongés sur le dos, côte à côte, au centre d'un vieux lit à barreaux à la peinture écaillée, ces deux frères jumeaux fixent les visiteurs de leurs grands yeux noirs et brillants. Ils ont été recueillis par le Centre d'accueil et de transit des jumeaux abandonnés (Catja), à Mananjary, ville froide et humide de la côte sud-est de Madagascar, à 450 kilomètres de la capitale, Antananarivo. Il y a un siècle, leur crâne aurait été fracassé sous les sabots des zébus. Aujourd'hui encore, Dina et Diari sont jumeaux, donc maudits.

C'est dans Le Soir (oui, oui, l'excellent journal belge pour lequel je travaille) que je suis tombé sur une information discrète et à côté de laquelle je serais passé si je ne nourrissait pas depuis longtemps une grande admiration pour Peter Gabriel. C'est d'ailleurs très discrètement, en plein été, sans aucune promotion (je cite mon ami Thierry Coljon) qu'il vient de sortir un nouveau disque, Big Blue Ball. Les enregistrements datent du début des années 90 et rassemblent un certain nombre de complices habituels, notamment dans cette période, du musicien.
Parmi eux, Sinead O’Connor, Natacha Atlas, Joseph Arthur, Hukwe Zawose, les Holmes
Brothers, Vernon Reid, Hossam Ramzy, Tim Finn, Francis Bebey, Andy White, Tchad Blake, Jah Wobble, Manu Katché, PapaWemba, Deep Forest, Guo Yue et... notre Rossy.

Enfin (pour aujourd'hui), on annonce pour bientôt le lancement de Noot TV, une nouvelle chaîne télé à la Reunion, censée programmer des créations de tout l'Océan Indien. Nous verrons bien. En attendant, voici la démo.

14 août 2008

Petit jeu linguistique

Je vais commencer par préciser:
1. que je ne suis pas linguiste, et
2. que ma connaissance de la langue malgache est proche de zéro, ce que j'avoue toujours avec honte avant d'avancer quelques explications qui n'excusent pas tout, et dont je ferai l'économie aujourd'hui - mon niveau me permet seulement de faire mes courses dans une épicerie de Madagascar où personne ne parle français (et je ne fais pas non plus collection d'injures ou de mots orduriers).

Ceci étant dit, j'ai été frappé tout à l'heure par le titre d'un article comme je n'en lis guère, mais du genre qui ne passe pas inaperçu quand on survole l'info sur Internet:
Elton John et son mari font du shopping à Portofino
Vous imaginez bien ce qui a attiré mon attention: Portofino, c'est où, ça?

Euh... non, pas du tout. L'expression "Elton John et son mari", pour légale qu'elle soit dans les Etats où le mariage homosexuel est pratiqué, reste malgré tout inhabituelle et provoque une demi-seconde d'arrêt devant les mots.

Demi-seconde que je prolonge.

D'autres que moi ont déjà remarqué la confusion que font les Malgaches peu francophones entre "mari" et "femme" (dans le sens d'épouse). Cela arrive tout le temps dans les conversations, et je ne me moque jamais. Il n'y a d'ailleurs aucune raison de se moquer puisqu'en malgache, le même mot, "vady", est utilisé pour les deux sexes.
J'en viens à mon audacieuse conclusion: la langue malgache aurait-elle intégré bien avant la française la possibilité du mariage homosexuel?

Bon, encore une note à ne pas prendre trop au sérieux...

12 août 2008

Ca fait toujours plaisir...

... même si la modestie doit en souffrir.
Je viens de tomber sur une note postée par Vola dans son blog: Attention site culte (-urel). Je ne connais pas Vola, mais elle est parfaite: elle dit tout le bien que je pense de ce blog-ci et... de moi-même (euh... je précise quand même qu'il ne faut pas prendre ces derniers mots au sérieux).
J'ai pourtant le souvenir de n'avoir pas été trop bon lors de la présentation de Zovy au CCAC en janvier. Si néanmoins, dans la salle, les spectateurs ont été heureux, c'est bien.
Et si je lançais un concours d'éloges?...

10 août 2008

Bibliothèque malgache électronique / 41 : Le "Décivilisé", de Charles Renel


Je l'avais promis, je l'ai fait: la Bibliothèque malgache électronique (BME) est de retour après une trop longue interruption.
Symboliquement, le 41ème volume est un ouvrage de l'auteur par qui j'avais ouvert la collection: Charles Renel, que vous êtres nombreux à connaître.

"Le Décivilisé" est un classique du roman colonial, et un cas intéressant... Adhémar Foliquet, ancien pion dans un lycée français, est devenu malgré lui instituteur dans un village de la côte est à Madagascar. Il se trouve bien d'une nouvelle vie dans laquelle il s'éloigne progressivement de la civilisation européenne. Et découvre le plaisir qu'il y a à ne pas avoir toujours quelque chose à faire, à ne plus se préoccuper de l'heure.
Bien sûr, il se pose des questions: est-il bien raisonnable de devenir à ce point un autre?
Le livre fourmille de scènes saisies sur le vif et de discussions sur la valeur comparée de différentes cultures. De Charles Renel, la BME a déjà réédité un autre roman, La race inconnue, et un recueil de nouvelles, La coutume des ancêtres.

Et, puisque nous en sommes à une sorte de nouveau démarrage, on peut faire le point sur la circulation de tous ces textes.
Les 41 titres de la Bibliothèque malgache électronique ont été chargés au total près de 30.000 fois, surtout bien entendu par l'intermédiaire d'Ebooks libres & gratuits. Mais il y a aussi dans ce chiffre des consultations sur le site Scribd. Et un peu - ça commence - sur le nouveau site de la maison d'édition Bibliothèque malgache.
En vedette, et dans un ordre décroissant, le Voyage du général Gallieni, avec plus de 1.600 chargements et consultations, puis le texte seul de Madagascar à vol d'oiseau, de Désiré Charnay (mais il y a plus de 2.400 lecteurs de ce volume et du volume illustré, si on les additionne), le Voyage à Madagascar de Louis Catat, d'adolphe Badin, Une famille parisienne à Madagascar...Au pays malgache, d'Emile Blavet, et l'autre Voyage à Madagascar d'Ida Pfeiffer. Ceci pour ceux qui ont dépassé les 1.000 chargements et/ou consultations.
On continue donc, puisque cela semble le mériter...

5 août 2008

En avant-première, Madagascar dans la rentrée littéraire

Chaque année, je fouine, dans la rentrée littéraire, pour trouver les passages d’ouvrages qui font référence à Madagascar. Honnêtement, je n’ai encore presque rien lu de ce qui va paraître, à partir du 15 août, pendant deux mois – plus de six cents romans, sans compter le reste. Mais j’ai pu, grâce aux vertus particulières du livre électronique, effectuer une recherche dans une trentaine de textes. Le résultat n’est pas très riche, même si Madagascar n’est jamais tout à fait absent.

On aurait pu en attendre une présence moins discrète, cependant, dans les deux ouvrages de Malcolm de Chazal, le Mauricien, publiés par Jean-Pierre Orban dans la collection L’Afrique au cœur des lettres qu’il dirige à l’Harmattan. La Grande Île n’apparaît cependant que dans les commentaires.

Dans le texte de Robert Furlong, d’abord, après l’Autobiographie spirituelle, à propos de l’édition de Sens-Plastique chez Gallimard, à l’initiative de Jean Paulhan :

Jean Paulhan, adepte des hain-teny malgaches – ces poèmes traditionnels courts fonctionnant sur des associations subtiles, qu’il a connus lors de deux années passées à Madagascar comme enseignant et sur lesquels il a publié une étude en 1930 –, aurait-il retrouvé des tonalités similaires dans l’écriture de Chazal, qu’il qualifie dans sa préface à Sens-Plastique de « gerbe d’à la fois science, arts, poésie, psychologie, métaphysique et mystique : secret de la vie, présence de Dieu » ?

Une autre fois, aussi, mais il s’agit d’une redite par rapport à ce qu’on trouve dans l’autre livre, Moïse, où le même commentateur écrit, à propos de cette pièce restée inédite jusqu’à présent et que beaucoup pensaient disparue :

Mais une version dactylographiée de la pièce existait, la pièce ayant dû être tapée en quelques exemplaires pour un enregistrement radiophonique dont la diffusion a eu lieu sur les ondes de Radio Tananarive à Madagascar le 13 décembre 1951.

Un extrait de presse (extrait de Advance) en témoigne d’ailleurs.

Plus inattendu, un personnage du roman de Melanie Abrams, Jeux dangereux (Calmann-Lévy), profite d’une réflexion sur la mort pour faire surgir une image venue de chez nous, et utilisée ici dans le but de séduire :

— Les gens ont des réactions très bizarres face à la mort, conclut-il en lui rendant son manuel. À Madagascar, les Sakalava représentaient sur leurs tombes des hommes et des femmes en postures lascives.

Il laissa sa main posée sur le livre et lui sourit, d’un sourire malicieux qui lui serra le cœur.

— Ça valait le coup d’œil ! commenta- t-il en retirant enfin sa main.

Chez le même éditeur, Xavier Mauméjean décrit un parc floral dans Lilliputia :

Il se trouvait dans un temple vivant aux colonnes fermement enracinées. Angraecum fragrans de Madagascar que l’on infuse avec des feuilles de thé, tubercules d’Inde que l’on réduit en poudre, Spathoglotis plicata qui enivrent les rats de Malaisie, Epidendrum mutelianum refusée aux Lilliputiens car on la surnomme « Orchidée du Haut »…

Bref hommage funèbre aux morts de la campagne des Balkans (1915-1917) dans Zone, de Mathias Enard (Actes Sud), lors d’une visite à la nécropole de Zeitenlick à Salonique :

dans la nécropole se trouvent un carré britannique bien entretenu, un parterre russe, un monument italien, un gigantesque ossuaire serbe, un recoin pour les musulmans d’Algérie, pour les français israélites, pour les bouddhistes d’Indochine, les Malgaches et les Sénégalais le monde entier était venu se faire trucider par les Bulgares sauvages les Allemands et leurs alliés Autrichiens, et le monde entier reposait maintenant entre les cyprès sur l’avenue Langada à deux kilomètres de la mer, dans le soleil d’août

Enfin, et pour être tout à fait complet à propos du corpus visité, j’ajoute une note de bas de page dans la Correspondance entre Jean Malaquais et Norman Mailer qui paraîtra au Cherche midi. Jean Malaquais, en 1953, fait allusion aux événements du Maroc, éclairés par cette note :

Pour avoir soutenu le principal mouvement indépendantiste marocain, Mohammed V fut déposé le 20 août 1953 et contraint à l’exil en Corse, puis à Madagascar ; le 16 novembre 1955, il fut rappelé par le gouvernement Edgar Faure, qui était aux prises avec le conflit algérien naissant.

Je vous parlerai bientôt d'un livre pour la jeunesse et d'un album de bande dessinée, qui nous touchent de plus près.

A suivre, donc.

15 juillet 2008

www.bibliothequemalgache.com



La Bibliothèque malgache possède désormais son propre site Internet, dont voici la page d'accueil.
J'ai choisi le nom le plus simple: www.bibliothequemalgache.com. Tout le monde le retiendra?
On y trouve l'ensemble du catalogue, électronique et papier, ainsi que tous les liens utiles pour les téléchargements des ebooks.
En ce qui concerne les livres papier, il est possible d'en lire les premières pages et, donc, de se faire une idée de ce qu'ils sont.
Le blog Actualité culturelle malgache (vous y êtes) reste actif, de même que le groupe Yahoo.
Les deux permettent en effet d'être informé des nouveautés plus directement que par des modifications sur le site. Le blog, en outre, propose des sujets qui débordent du cadre de la Bibliothèque malgache - mais toujours en rapport avec Madagascar.
Dans le blog comme dans le groupe, les renseignements sur les livres publiés sont éparpillés au fur et à mesure de leur arrivée. Ils sont rangés plus rationnellement sur le site.
D'où son existence.
J'espère que vous serez nombreux à le visiter et que vous ne retiendrez pas vos critiques. Il n'est probablement pas exempt de défauts - je l'ai réalisé rapidement, pour qu'il soit fonctionnel tout de suite - et la grande crainte, sur un nouveau site, est d'y avoir introduit des liens erronés. J'ai tout fait pour que ce ne soit pas le cas, mais je ne suis pas infaillible.
Une adresse électronique accueillera volontiers toutes vos remarques: bibliothequemalgache@bibliothequemalgache.com.

8 juillet 2008

Qu'est-ce qu'on bois ?

Non, non, je n'ai pas fait de faute d'orthographe dans le titre de cette note. Même si j'ai pris quelques libertés avec la norme...
C'est que, pour une fois, je voudrais vous parler des arbres - si, si, il en reste à Madagascar, et même de certaines essences précieuses, très recherchées dans le monde, qui s'exportent encore parfois illégalement. Un "pays d'accueil" est souvent montré du doigt pour pratiquer ce pillage, certes souvent grâce à des intermédiaires sur l'honnêteté desquels il vaut mieux ne pas se poser trop de questions.
Ce pays, c'est la Chine, qui accueille les Jeux olympiques dans un mois. Libération lui consacre une bonne partie de son numéro d'aujourd'hui. Voici la couverture. (Attention, demain, ce ne sera plus celle-là, forcément.) Mais, comme vous êtes sages, je vous la place ici:

On trouve, dans le numéro chinois de Libé, un article intitulé L'atelier mondial du bois illégal. Une belle description sous la plume (comme on dit encore bien que, vous en avez vu souvent, vous, des journalistes écrire encore à la plume?) d'Abel Ségrétin qui est allé à Zhangjiagang où sont débarqués ces bois.
Il commence ainsi:
Sur les quais, au milieu des grues et des cohortes de coolies du XXIe siècle, des dizaines de milliers de troncs d’arbres de toutes les tailles et de toutes les teintes, fraîchement débarqués par bateau, sont empilés en rangées formant des allées, comme une ville dont les immeubles seraient du bois mort. Sinistre image d’immenses forêts couchées à perte de vue, en amas de dix à vingt mètres de haut, coupés à la taille des conteneurs.
Un peu plus loin, il fournit quelques informations sur l'origine de ce bois:
Aux alentours, des milliers d’ateliers et de petites usines débitent sept jours sur sept, vingt-quatre heures par jour, les arrivages permanents de ces gros troncs d’arbres venant du monde tropical et boréal. Sibérie, Indonésie, Brésil, Chili, Gabon, Cameroun, Congo, Mozambique, Birmanie, Cambodge, chaque nouvelle cargaison est empilée selon sa valeur et son origine. Selon l’association Global Timber, plus de la moitié des importations chinoises de bois brut seraient illégales ou intraçables, provenant de forêts officiellement protégées.
Ben non... pas d'arrivage de Madagascar, en tout cas ce jour-là. Je ne suis pas certain que cela soit suffisant pour se consoler... En tout cas, le pillage est global, comme la mondialisation.

1 juillet 2008

Joël A. est partout

Joël Andrianomearisoa est un des artistes malgaches les plus internationaux qui soient. Aujourd'hui, je retrouve son nom au détour d'un article de Libération consacré au dernier spectacle de la chorégraphe haïtienne Kettly Noël. En fait, je lisais cet article pour Kettly elle-même. J'avais apprécié son travail autant que sa personne lors de la dernière édition tananarivienne de Sanga, les biennales de chorégraphie africaine. Et il me plaît de voir sa renommée grandir avec son nouveau spectacle, Chez Rosette, donné à La Villette après Montpellier.
Elle ne travaille pas toute seule:
Kettly Noël, avec la complicité du scénographe Joël Andrianomearisoa et de l’auteur congolais Dieudonné Niangouna, franchit une étape. Elle avait proposé précédemment des spectacles plus convenus, comme gênés aux entournures. Là, elle resplendit, y compris sur scène où elle interprète une méchante femme.
Et c'est là, donc, la petite touche de Madagascar apportée par Joël A., après bien d'autres créations - dont une des plus spectaculaires fut 30 et Presque-Songes l'an dernier à Tana.
Bon vent pour la suite, Joël!

19 juin 2008

Un format de plus pour la Bibliothèque électronique malgache

Les heureux propriétaires d'un Sony Reader, s'il y en a parmi vous, peuvent se réjouir: la plupart des titres de la Bibliothèque malgache électronique ont été convertis au format LRF (le meilleur, semble-t-il, pour lire sur cet appareil qui fonctionne aussi avec les fichiers PDF mais, pour ce que j'en sais, moins bien) par Jean-Yves, membre du groupe Ebooks libres & gratuits.
La liste complète des ouvrages du groupe disponibles sous cette forme se trouve sur cette page. Elle ne contient qu'une liste par ordre alphabétique des fichiers, mais je vais m'empresser d'ajouter au catalogue les liens permettant d'accéder directement au téléchargement des différents titres.

Quant à ceux qui se languissent de nouveautés, je peux les rassurer: cela ne va pas tarder...

17 juin 2008

Madagascar, porte-bonheur des Bleus, ou...?

Une info amusante et qui ne mange pas de pain (ni de riz, ni de manioc), pour une fois. L'équipe de France qui participe à l'Euro 2008 de football, et qui joue contre l'Italie tout à l'heure sa dernière carte, sans trop savoir ce que les adversaires ont en mains, a pris une heure de détente dans la journée.
Sympa, non?
Mais, me direz-vous, quel rapport avec l'actualité culturelle malgache?
C'est tout simple: comme ils sont à Zürich, et que cette ville possède un zoo, ils y sont allés.
D'accord, l'explication n'est pas suffisante.
Mais je suis certain que beaucoup d'entre vous savent et ont déjà compris.
Le zoo de Zürich a reconstitué, sur 11.000 mètres carrés, le biotope de la réserve de Masoala (2.400 kilomètres carrés, quand même), qui se trouve à l'est de Maroantsetra, sur le cap Est. Sous une bulle d'un hectare (je cite cette source), "nous voyageons loin, très loin de la Suisse, sur une grande île près de l'Afrique qui s'appelle Madagascar. Tout y est fidèlement reconstitué, de la moindre plante au plus petit insecte. Il fait 30 degrés et aucun animal n'est enfermé. Ils se cachent au-dessus de nos têtes."
Maintenant, quant à savoir si ce bain de Madagascar transformera les Bleus en reliques ou leur donnera l'agilité de lémuriens, c'est une autre histoire - dont, entre nous, je me moque complètement. Mais l'histoire était belle, non?

16 juin 2008

Elle n'est pas belle, la province?


Je rentre d'Antsirabe, et je découvre ce matin dans la presse malgache le compte-rendu des "derniers" concerts de la tournée de Rossy. Je devrais dire: la presse tananarivienne. Car celle-ci semble ignorer (les journaux que j'ai lus, du moins), qu'il y aura encore un concert le 22 juin, dans quelques jours, annoncé un peu partout dans la ville d'eaux par des grandes banderoles.
Les quotidiens arrivent à Antsirabe à partir de la fin de la matinée. Ceux qui les liront là, à trois heures de route de la capitale, se sentiront frustrés d'être ainsi ignorés. Et ils auront raison de l'être. Un fait divers sanglant trouve sa place dans les pages. Mais que la tournée de Rossy ait un prolongement après les ultimes prestations tananariviennes, on s'en moque.
Dommage.
Pour ma part, je ne regrette pas les conversations culturelles que j'ai eues là-bas.
Avec Ben Arès, écrivain belge en séjour à Madagascar pour s'imprégner d'une atmosphère qu'il compte restituer dans son prochain roman. Le premier, Ne pas digérer, est paru au début de cette année et m'a fait une forte impression.
Avec Bekoto, de retour d'une tournée internationale en compagnie des autres membres de Mahaleo, nous avons surtout parlé de littérature. Et en particulier de Raharimanana, dont il a ramené Za dans ses bagages.
Avec Vahömbey, enfin, il a été question de musique et de sa volonté de s'y impliquer complètement après un an et demi de travail.
C'est cela aussi, Antsirabe: des rencontres comme on peut en faire en province.
Dans la province française, à Montpellier pour l'instant, le Printemps des Comédiens accueille aussi des artistes malgaches. Doly Odeamson a lu des poèmes avec Clarisse et... l'ancien premier ministre français, Dominique de Villepin. Dans Les précieuses ridicules, de Molière, Fela Karlynah Razafiarison et Haingo Ratsimbazafy jouent, Haingo Ratsimbazafy est à la mise en scène tandis que Hanitraviro Rasoanaivo-Anderson chante. Pour lire un compte-rendu du spectacle, voir ici.
Alors, elle n'est pas belle, la province?
Bien sûr qu'il se passe aussi des choses à Antananarivo et à Paris. Mais ne nous limitons pas aux capitales, de grâce!

Et puis, pour ceux qui préfèrent parler aux arbres et aux plantes, voici un bel outil: l'atlas des Plantes de Madagascar, par Lucile Allorge qui n'en est pas à son coup d'essai sur ce terrain. Aux 850 photos annoncées sur la couverture s'en ajoutent 2500 autres sur un CD-rom. Avis aux amateurs...