Accompagné d’un
commandeur et porté sur un filanzane par ses bourjanes, le prospecteur se rend
sur le Zoma (marché). Là, il engage
tous les indigènes consentant à le suivre, pour chercher de l’or qu’il leur
achètera de 2 à 2 fr. 30 le gramme suivant la concurrence.
Les Malgaches aiment les
kabary, l’argent, la bonne chère. En foule, ils accourent et le commandeur les
enrôle.
Le prospecteur a vite
ainsi à sa disposition les travailleurs nécessaires, dont un tiers de femmes.
Il les organise par groupes de trois : un piocheur, un pelleteur, une
laveuse. Et la fouille commence sous la surveillance du commandeur.
Munis d’un permis de
recherche et guidés par un indigène ayant promesse de récompense, les
chercheurs d’or plantent un piquet dans un terrain propice. Ce piquet portant
leur nom très apparent est le centre d’une circonférence de 3 kilomètres
de diamètre.
Avant de se décider à
planter des piquets il faut bien s’assurer de la qualité des terrains. Les
indigènes, pour toucher une récompense, emploient tous les moyens possibles
pour tromper l’Européen. Ils « fusillent la mine », c’est-à-dire
tirent, sur un point choisi, un coup de fusil après avoir glissé au préalable
de la poudre d’or dans le canon ou encore, ils la « fument » sous
votre nez, en laissant choir de la poudre d’or de leur cigarette allumée et
truquée…
Ici, point d’amalgame, le
simple lavage à la battée laissant perdre la moitié de l’or, dont on abandonne
encore une si grande quantité sur les terrains fouillés à la hâte, que deux ans
après, quand les pluies ont renivelé le sol, il paraît tout aussi riche
qu’auparavant.
Le Malgache étant payé au
jour le jour, suivant l’or qu’il rapporte et que le prospecteur lui achète
après l’avoir pesé, il a intérêt à sauter d’un point à un autre, quand le
premier ne renferme pas suffisamment de métal précieux.
Certains travailleurs se
font des journées splendides quand ils tombent sur des poches d’or. Dans la
région de Diégo-Suarez, on a vu ainsi des Antaimoros découvrir de véritables
fortunes. Mais ce sont là d’heureux accidents. Ceux qui ont la chance de tomber
sur de pareils nids sont presque aussi rares que ceux qui gagnent le gros lot à
la loterie.
L. C.
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