10 décembre 2013

Il y a 100 ans : Le cheval et le mulet à Madagascar

Le cheval tend à remplacer de plus en plus le filanzane à Madagascar, du moins dans les services administratifs, et c’est là une initiative qu’on ne saurait trop encourager.
L’administrateur, par la rapidité de ses déplacements, réalisera une notable économie de temps, qui lui permettra d’en consacrer davantage à l’examen des affaires. Il échappera, de plus, à la paresse et au mauvais vouloir des bourjanes, qui vont même parfois jusqu’à l’abandonner en route malgré les miliciens dont il est entouré.
La Colonie, de son côté, réalisera une sensible économie sur les frais de transport : le coût de l’entretien d’un ou deux chevaux, y compris l’assurance contre la mortalité, restant bien inférieur à la rémunération d’une équipe de porteurs.
Les colons trouveront d’abord un sérieux appoint de main-d’œuvre dans les bourjanes sans situation. Le métier d’ouvrier agricole sera le premier à leur portée.
Les colons pourront d’autre part entreprendre l’élevage des chevaux, certains qu’ils seront d’en trouver le débouché, soit auprès de l’administration, soit auprès des particuliers qui adopteront ce moyen rapide de déplacement.
Au début, le seul obstacle à l’emploi du cheval sera la question du ferrage, qu’ignore l’indigène.
Mais il sera facile d’envoyer un milicien de chaque chef-lieu de district passer quelques jours à l’atelier de forges de l’artillerie, à Soaneriana, pour apprendre la maréchalerie.
De retour à son poste, non seulement il ferrera les chevaux de l’administrateur, mais il pourra former des maréchaux-ferrants pour les particuliers.
À côté de la question de l’emploi du cheval dans l’île, se place celle de l’utilisation du mulet.
Les deux animaux ne feront pas double emploi, car chacun a son utilité différente.
Le cheval est un animal de luxe dont l’emploi est tout indiqué pour les transports rapides des personnes.
L’emploi du mulet devient au contraire plus avantageux pour le transport des marchandises.
Il y aurait donc intérêt pour la colonisation, à introduire à Madagascar une bonne race d’ânes, par exemple, celle de Kabylie : leur croisement avec les chevaux déjà existant dans l’île, donnerait certainement d’excellents produits.

Le Courrier colonial

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1 commentaire:

  1. En fait, le journaliste semble ignorer que des mulets ont été introduits en grand nombre par l'armée française avant 1900 et que des ânes d'Algérie l'ont également été pour la reproduction. Voir Lyautey "Dans Le Sud de Madagascar" (p.333 et suivantes) : "La ferme de l'Iboaka a reçu 166 anesses et 14 baudets d'Algérie, amenés en deux convois, en novembre 1900 et décembre 1901. Nous avons cru devoir préconiser avec insistance l'introduction à Madagascar du petit âne d'Algérie. Rustique, résistant, se nourrissant de peu, demandant un minimum de soins, spécialement conformé pour la charge avec le dos large et court, de prix peu élevé, il nous a semblé que, dans un pays où la
    main-d'œuvre est limitée et sera de plus en plus onéreuse, c'était le porteur de l'avenir. Jusqu'ici ces prévisions semblent justifiées. Ces animaux se sont depuis dix-huit mois admirablement comportés, sans un accident, sans un symptôme de maladie ou d'anémie. "

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