(Suite et fin.)
Les nombreux partisans de
la voie fluviale disent : il n’y a pas plus de 70 à 80 kilomètres
d’Ambato au confluent actuel de la Betsiboka avec l’Ikopa au sud de Marololo.
Pour rendre cette partie navigable en toute saison, il suffirait d’un dragage
continuel ou de l’établissement, de distance en distance, de barrages biais,
autour desquels les sables amoncelés renforceraient les berges et obligeraient
le fleuve à rester dans son lit, à creuser lui-même son chenal.
Nous ne sommes pas assez
documenté pour apporter ici les mêmes précisions de prix que pour la route,
mais tout le monde est d’accord pour dire que même la construction d’un canal
latéral serait moins onéreuse que celle d’une route d’Ambato à Maevatanana.
En résumé, j’estime que
le budget local ferait une sérieuse économie en préférant à la route projetée
de Maevatanana à Ambato, la voie fluviale actuelle, améliorée et complétée. Le
premier de ces deux projets est non seulement inutile, il est encore
désastreux, car son exécution aurait pour résultat de laisser à l’abandon une
excellente voie naturelle pour en construire une de toutes pièces, qui ne
représenterait pour les transporteurs ni économie de temps ni économie
d’argent.
Évidemment, ce ne serait
pas la première fois que pareil fait se produirait à Madagascar. Les officiers
du génie qui ont établi la voie ferrée de Tananarive à Brickaville, semblent
bien avoir cherché les obstacles pour avoir le mérite d’en triompher. Ils ont
ainsi prodigué des millions dont l’emploi n’aurait pas été difficile à trouver
ailleurs. Mais le temps où l’on pouvait dépenser sans compter est passé,
M. Francis Mury le disait ici même mardi dernier. La métropole refuse à Madagascar
l’autorisation de contracter un emprunt pour exécuter des travaux d’utilité
publique d’une importance indiscutable. Il faut donc écarter les projets
coûteux pour adopter ceux qui ne nécessitent pas des dépenses trop élevées.
Si les raisons en faveur
de l’amélioration du cours de la Betsiboka ne paraissent pas à tous suffisantes
pour faire pencher la balance au profit de ce projet, l’économie qu’il
représente devrait lui rallier tous les colons de la côte Ouest de la Grande
Île.
Jean Payraud.
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