L’article que notre
collaborateur, André Reuze, consacrait, le 29 juillet, aux doléances des
Mauriciens, a provoqué dans la presse locale des appréciations diverses sur
lesquelles nous aurons l’occasion de revenir.
Pour le moment, le débat
reste confus et les aspirations de chacun des partis mauriciens ne sont pas
encore bien nettes.
Il est cependant acquis
désormais, qu’une partie des habitants de l’île aspire à un retour vers la
France, mais à défaut d’un self-government.
Cette dernière formule
politique semble rallier la majorité. Mais s’il faut renoncer à l’hégémonie
politique française dans l’Océan Indien, pourquoi ne pas reconstituer,
seulement au point de vue économique, la vieille trinité coloniale :
Madagascar, Bourbon et Maurice ?
Quelle est la situation
de la vieille Île de France au regard des deux autres colonies-sœurs ?
En 1912, les importations
de Madagascar dans cette île ont été de 1 million de roupies et celles de
Bourbon de 340 000 roupies.
Ce sont là des chiffres
infimes si l’on remarque que Maurice importe, au total chaque année, tout près
de 38 millions de roupies.
D’où cette première
constatation : Bourbon – et Madagascar surtout – n’occupent pas à Maurice,
dans le commerce d’importation, la place que nos colonies peuvent escompter.
Nous avons dit :
Madagascar surtout, car l’examen des articles importés, de leur importance et
de leur valeur, nous conduit à une seconde et pénible constatation.
Alors que Madagascar est
d’une richesse inouïe en bovidés, elle n’est qu’un des moindres fournisseurs de
bœufs de Maurice.
Alors que cette île
demande à l’étranger pour sa subsistance 4 millions de roupies de viande
de bœuf, elle ne reçoit de la Grande Île que des envois se chiffrant
annuellement par 8 000 roupies. Il faut donc que nos colons malgaches
obtiennent la première place qui leur revient et qu’il leur est facile de
conquérir.
Encore que cet article ne
fasse l’objet que d’une vente réduite – c’est notre consul qui l’affirmait
récemment – il est certain que Madagascar se trouve désormais bien placé et
outillé pour s’assurer à Maurice un véritable monopole.
(À suivre.)
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Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
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