(Suite.)
Lorsque la route sera
établie entre ce dernier point et Ambato, le prix s’élèvera à 105 francs,
ainsi qu’il est facile de le prouver.
De Majunga à Ambato les
frais de transport resteront les mêmes, soit 15 francs la tonne. La route
d’Ambato à Maevatanana par Ambala-Zanakaomby aura une longueur d’au moins
180 kilomètres. Or, les transports par les moyens actuels, c’est-à-dire
par les charrettes à bœufs, reviennent à 50 centimes le kilomètre, soit 90 francs,
et 90 et 15 font bien, à Madagascar, 105 francs.
Il n’y aurait donc pas
économie, mais bien perte d’argent. Celle-ci serait-elle compensée par une
économie de temps ? Pas davantage. Les marchandises qui empruntent
aujourd’hui la voie fluviale mettent cinq à six jours pour effectuer le trajet
entre Majunga-Maevatanana. Elles en mettront douze à quinze pour faire le
voyage par terre. Voilà les résultats… à l’envers que nous obtiendrons, et cela
au prix de quels sacrifices ?
Car cette route n’a même pas
l’excuse d’être réalisable à peu de frais. Son établissement serait beaucoup
plus coûteux que la mise en état de navigabilité de la Betsiboka tout au moins
jusqu’à Marololo. En effet, elle nécessiterait notamment sur la Betsiboka la
construction d’un pont de quelques centaines de mètres dont le prix de revient
dépasserait 2 millions.
Ce chiffre n’est
aucunement exagéré, attendu que les assises des piles devraient être établies à
7 ou 8 mètres de profondeur, et avoir semblable hauteur au-dessus de
l’étiage. De plus, il faudrait faire un tablier assez large pour recevoir, à
plus ou moins lointaine échéance, une voie ferrée, fût-ce un simple Decauville.
On ne comprendrait pas, en effet, un pont qui devrait être repris entièrement
dès que la vie économique acquerrait une plus grande activité.
On peut estimer, d’autre
part, que l’établissement, sur 180 kilomètres, d’une chaussée susceptible
de résister aux pluies diluviennes qui s’abattent sur la région, exigerait
également plusieurs millions.
Ainsi donc, nous arrivons
à une dépense totale que les personnalités compétentes estiment devoir
atteindre sept à huit millions.
(À suivre.)
Le
Courrier colonial
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire