Les anciens rois
malgaches étaient des gens pratiques ; ils connaissaient bien leurs sujets
et les traitaient en conséquence :
Si tu trouves des gens
couchés après le lever du soleil, disait le bon prince Andrianampoinimerina à
ses fonctionnaires, tu les réveilleras à coups de bâtons.
Le temps est passé de ces
moyens aussi radicaux qu’efficaces pour secouer la paresse indigène.
Cependant, il est urgent
de mettre un frein aux rapines de trop nombreux Malgaches qui ont pris la douce
habitude de remplacer le produit du travail par celui du vol.
À l’œuvre, nos bons
humanitaires et dites-nous au moins comment il faut s’y prendre pour
transformer les fainéants parasites de nos colonies en travailleurs…
conscients.
Peut-être proposerez-vous
de leur envoyer certains délégués de la C. G. T., que des malheurs
récents ont mis en disponibilité. Ils enseigneront à nos sujets que l’homme est
libre de son travail et qu’il a le droit de gagner beaucoup en besognant peu.
Mais, d’un tel enseignement, l’indigène tirera probablement cette conclusion
qu’il a le droit de gagner beaucoup en faisant le seul effort de se tourner les
pouces.
Allons, messieurs les
humanitaires, nous attendons votre glose !
Un conflit théâtral
Il y a conflit entre
Tamatave et Saint-Denis de la Réunion à propos de spectacles. Les colons
malgaches reprochent aux Bourbonnais de n’aimer que la musiquette et pas la
comédie, tandis qu’eux, à Tamatave, préfèrent, à l’esprit d’un Maurice Donnay,
la force tragique d’un Bernstein et la bonne et franche gaîté d’un Courteline
et d’un Feydeau aux flonflons de Manon
ou de la Mascotte. Et comme c’est la
même troupe qui dessert les deux colonies, nos compatriotes de Tamatave
déclarent que, payant davantage, ils doivent être servis à leur goût.
Là-dessus, les
Bourbonnais de Saint-Denis répliquent qu’ils aiment autant l’esprit qu’à
Tamatave, mais qu’ils réprouvent le théâtre grivois où l’on ne peut aller en
famille.
Espérons que l’on
trouvera bientôt un terrain d’entente et que nous n’aurons pas le douloureux
spectacle de voir la guerre allumée entre ces deux colonies pour les beaux yeux
de Maurice Donnay, d’Audran ou de Courteline.
Le Courrier colonial
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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