En France, la masse
ignore les choses coloniales, c’est entendu, mais encore faudrait-il que les
« spécialistes », ou soi-disant tels, évitent, en pareille matière,
de donner le spectacle d’une ignorance qui, parfois, dépasse vraiment la
mesure.
L’un d’eux vient de
s’attirer les moqueries d’un de nos confrères de la Grande Île pour avoir
inconsidérément confondu « autour » avec « alentour ».
Quelques personnalités malgaches s’étant réunies au temple protestant de
Tananarive, dans le but de faire réparer le tombeau d’un de leurs ancêtres, le
colonial en question a voulu voir là une conspiration.
Il se serait agi, en
l’espèce, de rétablir l’ancienne dynastie hova sur le trône de Madagascar avec
la complicité du gouverneur général actuel.
Voilà une idée qui a, au
moins, le mérite d’être originale et même drôle !
Quoi qu’il en soit, pour
donner à ses sensationnelles révélations quelque vraisemblance, notre
spécialiste a essayé d’étourdir ses lecteurs sous un luxe d’érudition,
hélas ! mal digérée !
Les « conspirateurs »
en question appartenant à la caste des « Andrianamboninolona », il
affirme que de cette caste seraient sortis les souverains hova (il écrit même
« howa » par souci excessif de la couleur locale, sans doute).
Par malheur pour lui, il
n’y a rien d’exact dans cette assertion. La dynastie qui régnait à Tananarive
au moment de l’annexion descendait de Rasoherina, grand’mère de Radama I,
qui n’appartenait à aucun degré à la caste des Andrianamboninolona, laquelle
était simplement une branche collatérale de la famille et occupait le quatrième
rang dans la hiérarchie des castes « merina ».
D’ailleurs, parler, à
l’heure actuelle, de castes à Madagascar paraît aux colons de la Grande Île une
distraction un peu… archaïque ; l’esprit de caste a presque entièrement
disparu là-bas et les mariages entre membres de grandes familles et
« roturiers » sont fréquents.
Ceux qui s’échauffent
ainsi ont peut-être raison de penser qu’un nouveau séjour à Madagascar leur
serait salutaire. Rien ne les empêche de s’y rendre… mais en qualité de
touristes et à leurs frais et non à ceux de la… bonne princesse.
Jean Peyraud.
Le Courrier colonial
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