28 février 2014

Il y a 100 ans : Conspiration à Madagascar!

En France, la masse ignore les choses coloniales, c’est entendu, mais encore faudrait-il que les « spécialistes », ou soi-disant tels, évitent, en pareille matière, de donner le spectacle d’une ignorance qui, parfois, dépasse vraiment la mesure.
L’un d’eux vient de s’attirer les moqueries d’un de nos confrères de la Grande Île pour avoir inconsidérément confondu « autour » avec « alentour ». Quelques personnalités malgaches s’étant réunies au temple protestant de Tananarive, dans le but de faire réparer le tombeau d’un de leurs ancêtres, le colonial en question a voulu voir là une conspiration.
Il se serait agi, en l’espèce, de rétablir l’ancienne dynastie hova sur le trône de Madagascar avec la complicité du gouverneur général actuel.
Voilà une idée qui a, au moins, le mérite d’être originale et même drôle !
Quoi qu’il en soit, pour donner à ses sensationnelles révélations quelque vraisemblance, notre spécialiste a essayé d’étourdir ses lecteurs sous un luxe d’érudition, hélas ! mal digérée !
Les « conspirateurs » en question appartenant à la caste des « Andrianamboninolona », il affirme que de cette caste seraient sortis les souverains hova (il écrit même « howa » par souci excessif de la couleur locale, sans doute).
Par malheur pour lui, il n’y a rien d’exact dans cette assertion. La dynastie qui régnait à Tananarive au moment de l’annexion descendait de Rasoherina, grand’mère de Radama I, qui n’appartenait à aucun degré à la caste des Andrianamboninolona, laquelle était simplement une branche collatérale de la famille et occupait le quatrième rang dans la hiérarchie des castes « merina ».
D’ailleurs, parler, à l’heure actuelle, de castes à Madagascar paraît aux colons de la Grande Île une distraction un peu… archaïque ; l’esprit de caste a presque entièrement disparu là-bas et les mariages entre membres de grandes familles et « roturiers » sont fréquents.
Ceux qui s’échauffent ainsi ont peut-être raison de penser qu’un nouveau séjour à Madagascar leur serait salutaire. Rien ne les empêche de s’y rendre… mais en qualité de touristes et à leurs frais et non à ceux de la… bonne princesse.
Jean Peyraud.
Le Courrier colonial


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