Au cours de l’année
dernière, la plupart des collections du Muséum se sont enrichies de documents
précieux, mais à la surface de notre vieille planète il n’est pour ainsi dire
plus de découverte zoologique sensationnelle à faire ; seules la recherche
et l’étude des créatures disparues qui ont peuplé la terre aux âges lointains
peuvent maintenant donner lieu à des trouvailles dignes d’exciter l’admiration
et l’étonnement de la foule. C’est donc vers la galerie de paléontologie qu’il
faut, cette année encore, entraîner les visiteurs et les amis du Jardin des
Plantes. Ils y trouveront trois pièces qui par leur conservation, leur beauté,
leur intérêt scientifique et leurs grandes dimensions, sont dignes d’être
signalées à part dans la longue liste des nouveautés entrées dans la collection
en 1913 : un crâne de Triceratops,
un squelette complet d’Æpyornis, et
un cadavre de mammouth.
Madagascar est une terre
étrange ; tout y est spécial, caractéristique ; habitants, faune,
flore. Son histoire géologique, autant qu’on peut la reconstituer, explique
dans une certaine mesure cette individualité. Toutes les découvertes
paléontologiques montrent en effet qu’aux temps secondaires l’Amérique du Sud,
l’Afrique méridionale, Madagascar et l’Australie formaient un vaste ensemble de
terres complètement séparées de celles situées au Nord, qui comprenaient
l’Afrique septentrionale, l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord. Vers l’époque
jurassique, une grande brèche s’étendant jusqu’aux bouches de l’Indus s’est
formée dans le continent indo-africain, et Madagascar s’est trouvé séparé de
l’Afrique.
Pendant tout le début de
la période tertiaire, Madagascar a donc été rattaché à l’Inde, à l’Australie et
à l’Amérique du Sud, mais des cataclysmes volcaniques, dont les nombreuses îles
de l’Océan Indien sont encore les témoins, ont démembré peu à peu ce continent,
et tandis que l’Amérique du Sud et l’Inde, comme l’avait été précédemment
l’Afrique, se trouvaient mis en contact avec les continents du Nord et
recevaient ainsi par immigration une faune nouvelle qui détruisait où
dénaturait celle existante, Madagascar restait isolé, conservant dans toute sa
pureté sa faune tertiaire.
(À suivre.)
Journal des débats politiques et
littéraires
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