12 février 2014

Il y a 100 ans : À propos de fossiles nouvellement exposés au Muséum d’histoire naturelle (1)

Au cours de l’année dernière, la plupart des collections du Muséum se sont enrichies de documents précieux, mais à la surface de notre vieille planète il n’est pour ainsi dire plus de découverte zoologique sensationnelle à faire ; seules la recherche et l’étude des créatures disparues qui ont peuplé la terre aux âges lointains peuvent maintenant donner lieu à des trouvailles dignes d’exciter l’admiration et l’étonnement de la foule. C’est donc vers la galerie de paléontologie qu’il faut, cette année encore, entraîner les visiteurs et les amis du Jardin des Plantes. Ils y trouveront trois pièces qui par leur conservation, leur beauté, leur intérêt scientifique et leurs grandes dimensions, sont dignes d’être signalées à part dans la longue liste des nouveautés entrées dans la collection en 1913 : un crâne de Triceratops, un squelette complet d’Æpyornis, et un cadavre de mammouth.
Madagascar est une terre étrange ; tout y est spécial, caractéristique ; habitants, faune, flore. Son histoire géologique, autant qu’on peut la reconstituer, explique dans une certaine mesure cette individualité. Toutes les découvertes paléontologiques montrent en effet qu’aux temps secondaires l’Amérique du Sud, l’Afrique méridionale, Madagascar et l’Australie formaient un vaste ensemble de terres complètement séparées de celles situées au Nord, qui comprenaient l’Afrique septentrionale, l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord. Vers l’époque jurassique, une grande brèche s’étendant jusqu’aux bouches de l’Indus s’est formée dans le continent indo-africain, et Madagascar s’est trouvé séparé de l’Afrique.
Pendant tout le début de la période tertiaire, Madagascar a donc été rattaché à l’Inde, à l’Australie et à l’Amérique du Sud, mais des cataclysmes volcaniques, dont les nombreuses îles de l’Océan Indien sont encore les témoins, ont démembré peu à peu ce continent, et tandis que l’Amérique du Sud et l’Inde, comme l’avait été précédemment l’Afrique, se trouvaient mis en contact avec les continents du Nord et recevaient ainsi par immigration une faune nouvelle qui détruisait où dénaturait celle existante, Madagascar restait isolé, conservant dans toute sa pureté sa faune tertiaire.
(À suivre.)

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