La nouvelle, absolument
fausse d’ailleurs, du retour de M. Picquié pour raisons de santé, a
produit une assez vive émotion à Madagascar.
Dans les Petites Affiches de Majunga, arrivées par le dernier courrier,
nous lisons précisément un article dont l’auteur démontre les dangers de
l’instabilité du personnel administratif pour nos colonies, surtout des hauts
fonctionnaires, placés à leur tête. Dans nos possessions, les si fréquents
changements de gouverneurs ont des conséquences plus fâcheuses que les crises
ministérielles en France.
Notre confrère rappelle,
à ce sujet, ce qui s’est produit à l’arrivée de M. Augagneur dans la
Grande Île. La plupart des fonctionnaires, dressés à l’excellente école du
général Galliéni, furent renvoyés en France au moment même où ils pouvaient
être le plus utiles et on les remplaça, par des nouveaux venus n’ayant aucune
expérience du pays.
Ce fut, pour eux, toute
une école à faire au grand détriment de la colonie.
Autre danger :
chaque nouveau gouverneur arrive avec des idées personnelles, ou qu’il croit
telles, et prétend les appliquer alors même qu’elles sont diamétralement
opposées à celles qui inspiraient l’administration de son prédécesseur.
Il fait comme un nouveau
ministre qui prétend réformer tout ce qu’a fait son prédécesseur.
Le développement de la
colonie se trouve ainsi ralenti pendant plusieurs années et, lorsque le
gouverneur peut enfin rendre des services, on l’envoie dans une autre de nos
possessions faire de nouvelles et inévitables écoles.
À ce point de vue, les
Anglais nous donnent un grand exemple. Jamais les fluctuations de la politique
métropolitaine n’ont leur contrecoup sur l’administration des colonies, et l’on
voit constamment, tels gouverneurs, nommés par un ministère conservateur,
conserver leurs fonctions dans le même pays, sous un ministère libéral.
La comparaison, facile à
faire, entre la durée du séjour d’un gouverneur britannique et celle d’un
gouverneur français est singulièrement édifiante.
Nous déciderons-nous un
jour à suivre cet exemple ? La prospérité de nos possessions d’outre-mer
s’en ressentirait singulièrement.
Le Courrier colonial
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