(Suite.)
Telle est probablement la
cause qui a permis à Madagascar de rester le témoin unique d’un âge géologique
dont les traces ont été effacées partout ailleurs, et de posséder un nombre
d’espèces animales et végétales hors de proportion avec le peu d’étendue qu’il
présente aujourd’hui.
Ces quelques données un
peu ardues étant admises, il n’y a plus lieu de s’étonner de découvrir encore
vivants à Madagascar des animaux aujourd’hui disparus de tout le reste du
globe, par exemple d’y voir vingt-trois espèces de ces jolis lémuriens (ou
« faux-singes à museau de renard » comme disait Geoffroy
Saint-Hilaire) gambadant dans les forêts, tandis que leurs proches parents dans
la grande famille zoologique sont morts pendant l’oligocène et qu’on retrouve
nombreux leurs restes dans les gisements de phosphorites du centre de la
France.
Mais, contemporains de
cette faune actuelle, vivaient, il y a peu d’années encore, quelques siècles à
peine, d’autres grands animaux mal armés pour se défendre que leur taille
mettait dans de mauvaises conditions biologiques et que l’homme a
décimés ; il y avait parmi ces disparus des lémuriens géants de la
dimension d’un petit poney, des oiseaux de trois mètres de hauteur, voisins des
autruches, et des casoars. C’est le squelette de l’un de ces grands oiseaux, l’Æpyornis maximus, que le Muséum vient de
monter et expose dans ses galeries.
Depuis le milieu du
siècle dernier, époque à laquelle Geoffroy Saint-Hilaire a attiré l’attention
sur cet animal gigantesque en montrant à l’Académie des sciences quelques ossements
brisés et des œufs de dimensions colossales (d’une capacité de huit à dix
litres, celle d’un seau d’eau) qu’il venait de recevoir de Madagascar, les
hypothèses les plus variées ont été émises à son sujet. Tour à tour, faute de documents
probants, les naturalistes ont voulu faire de l’Æpyornis un oiseau de proie, un
pingouin, un canard ; on a cherché aussi à l’identifier avec le
« griffon », que Marco Polo décrit comme un « aigle colossal
dont les ailes couvrent un espace de trente pas et qui enlève dans ses serres
puissantes des éléphants, les laissant ensuite tomber de haut pour se nourrir
de leurs chairs écrasées », ou au Rokh dont parle Sindbad le Marin, dans
les Mille et une Nuits.
(À suivre.)
Journal des débats politiques et
littéraires
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