3 mars 2014

Il y a 100 ans : La forêt malgache en péril

Nous avons précédemment entretenu nos lecteurs du rendement du chemin de fer de Tananarive à Tamatave et avons fait ressortir la situation florissante de cette entreprise.
Les résultats obtenus jusqu’ici permettent de bien augurer du prolongement de la ligne sur le plateau d’Imerina jusqu’à Antsirabe.
Mais il est un point qu’il faut prendre en considération, c’est le danger que le chemin de fer fait courir à la forêt malgache par son énorme consommation de bois.
Pour 1911, les quantités de bois nécessaires ont fait l’objet, en décembre dernier, d’une adjudication qui comprenait 5 000 stères de bois dur et 30 000 stères de bois de chauffage. En outre, dans le courant de février, on adjugera la fourniture de 120 000 traverses et de 30 000 stères de bois de chauffage pour le même service.
Des coupes aussi importantes dans les forêts de la Grande Île risquent fort de les appauvrir. Un jour viendra, peut-être prochain, où la question du ravitaillement en combustible du T. C. E. deviendra difficile à résoudre.
Pourquoi ne suivrions-nous pas l’exemple des Belges dans leur colonie du Congo, où les locomotives sont chauffées au pétrole ?

La forêt malgache est en péril, comme l’est déjà la forêt de la Réunion ; et il serait grand temps que l’administration s’en inquiète si elle ne veut pas se trouver embarrassée à un moment donné.

Nos décadents coloniaux

On avait cru jusqu’ici que le genre décadent n’était pas un article d’exportation.
Voilà cependant que cette maladie commence à sévir aux colonies, notamment à Madagascar, où une revue créée à Tananarive par des « jeunes » insère des vers dans ce goût :
Bijoux de jeune fille, innocente parure,
Bagues et bracelets, sautoir d’or ou d’argent,
Avec quelle fierté vous frôlent vos mains pures
Et les limpides yeux qu’elles ont à vingt ans.
Mais quand bientôt faudra vous quitter un à un
Objet de rien, couleur d’opale ou rosacée…
On voit que le « jeune décadent » qui a fait ces vers s’est bien appliqué ; mais pourquoi, diable, a-t-il été cacher ses talents dans la mer des Indes au lieu de venir ici concourir avec les peintres cubistes et symbolistes, sous la présidence du « prince des poètes » récemment élu ? Il se serait fait dans ce cercle une place de choix.
Le Courrier colonial


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