On prétend généralement
que la population indigène n’augmente pas ou n’augmente que dans des
proportions infimes à Madagascar. Or, il paraît qu’en réalité la population de
la Grande Île s’accroît et même d’une manière très sensible.
Si l’on considère, par
exemple, le pays Betsimisaraka, les statistiques établissent que le coefficient
d’accroissement annuel y est actuellement de 35 p. 1 000 alors
que dans des pays neufs et à développement rapide il atteint à peine 15 p. 1 000.
Sans doute des esprits insuffisamment avertis s’étaient imaginés qu’avec le
rétablissement de la sécurité des personnes et des biens, l’accroissement du
bien-être, conséquences naturelles de notre occupation, allait coïncider un
accroissement extrêmement rapide de la population indigène.
C’est que ces personnes
oubliaient que le principal obstacle à l’accroissement de la population n’est
pas tant la mortalité des adultes, résultat des guerres ou des troubles
politiques du pays, que la disparition constante d’une grande quantité
d’enfants en bas âge dues à des causes, également constantes, telles que défaut
d’hygiène, maladies héréditaires, ignorance et habitudes de vie des
populations, causes que de laborieux efforts, soutenus pendant de longues
années, arriveront peut-être à supprimer.
On a également perdu de
vue que le développement des voies de communication entraînait d’abord
l’émigration des régions surpeuplées vers d’autres restées inhabitées, d’où
diminution apparente d’un côté compensée par des augmentations ailleurs, mais
qui restent inaperçues.
Quoi qu’il en soit, cette
prétendue stagnation de la population n’existe pas. Des esprits superficiels
qui s’étaient imaginé que notre occupation allait provoquer un véritable
pullulement de la race ont peut-être été déçus d’espérances chimériques. Ce qui
reste acquis et prouvé par les recensements les plus récents et les plus dignes
de foi, c’est d’abord que la population augmente sensiblement ; c’est
ensuite que la mortalité infantile, assez élevée dans la colonie, ne l’est pas
plus que dans les pays d’Europe, de civilisation avancée, où la lutte sanitaire
est engagée depuis de longues années et avec des moyens d’action infiniment
supérieurs.
Le Courrier colonial
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