Le voyageur, qui arrive
pour la première fois à Tananarive, tout comme l’administrateur résident, que
ses affaires ont tenu éloigné plusieurs années de la capitale, sont, l’un et
l’autre, également frappés de l’agréable transformation qui a fait du chef-lieu
de la colonie une cité de parcs et de jardins où l’œil aime à se reposer sur
une végétation verdoyante qui égaie les différents quartiers de la ville.
C’est, en effet, surtout depuis quatre ans, que l’administration de
M. Picquié s’est attachée, suivant un plan d’ensemble méthodique, à
agrémenter la ville de jardins et d’espaces libres.
L’idée qui présida à ces
créations fut d’assainir et d’égayer la ville par la transformation en jardins
publics de tous les bas quartiers, jusque-là terrains à rizières, marécages ou
dépotoirs communs, véritables foyers d’infection et nids à microbes. C’est en
application de cette idée qu’avait été entreprise la création du square
d’Ambohijatovo, dont les allées furent retracées et dont le plan primitif fut
élargi.
Ce square, ainsi
transformé, occupe la place d’un des quartiers les plus sordides de la vieille
ville. À la demande de la commission municipale il a reçu le nom de square
Poincaré.
L’avenue qui le continue
à travers l’ancien marais, récemment comblé pour la construction de la gare,
est en voie d’achèvement. Elle a été plantée de beaux arbres, des deux côtés
des allées charretières. Au centre, de belles pelouses recevront des corbeilles
de fleurs. Cette voie d’accès à la gare, digne de l’édifice auquel elle mène,
ne pourra que donner au voyageur fraîchement débarqué la meilleure impression
sur la capitale des souverains hovas, déjà si transformée que la reine
Ranavalo, elle-même, ne la reconnaîtrait plus.
Cette promenade peut, en
effet, dès maintenant rivaliser avec les plus belles allées de nos grandes
villes.
Poursuivant son œuvre
d’assainissement et d’embellissement, M. Picquié a prescrit de combler et
de niveler l’ancienne rizière de la reine, marécage infect et bourbeux, appelé
place Richelieu, qui n’avait guère de place que le nom. Sous peu, un superbe
square verdoyant, qui ne le cédera en rien au square Poincaré, remplacera le
cloaque d’antan.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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