3 janvier 1914.
Monsieur le Directeur,
Dernièrement, vous
déploriez dans le Courrier colonial
l’obstination que mettent les pouvoirs publics à empêcher Madagascar de
contracter un emprunt.
La situation florissante
de la colonie, qui lui permet d’entreprendre certains travaux, est la
principale raison donnée à l’appui de ce refus. Mais on devrait considérer que,
malgré l’opportunité des travaux entrepris, il serait désirable de mettre à
exécution un programme plus étendu.
On a pu évidemment, avec
les ressources actuelles, entreprendre des travaux déjà intéressants ;
mais seul un emprunt permettrait de doter la colonie de tout l’outillage
économique qu’exige son développement.
Les centaines de
kilomètres de chemins de fer nécessaires pour le présent et encore plus pour
l’avenir ne peuvent être établis aussi rapidement qu’il le faudrait avec les
ressources ordinaires du budget.
Un emprunt, seul,
permettrait de procéder, dans le minimum de temps, à l’exécution de ces travaux
et, en même temps, de mettre à la charge des générations futures la quote-part
qui leur revient dans les dépenses dont elles bénéficieront légalement.
La difficulté de recruter
la main-d’œuvre utile pour l’accomplissement de ces travaux n’est pas une
raison bien sérieuse. Si, en effet, l’ouverture de nombreux chantiers sur un
même point des travaux à exécuter peut nuire aux exploitations agricoles, la
répartition de ces chantiers dans des régions suffisamment éloignées les unes
des autres écarte le danger de voir les indigènes déserter les exploitations.
La situation de la
colonie et l’accroissement constant de ses ressources constituent des garanties
sérieuses pour les capitalistes qui apporteraient leur concours financier à
Madagascar.
Aussi voulons-nous
espérer ici que cette mauvaise volonté des pouvoirs publics ne sera pas
éternelle et qu’ils donneront à notre colonie toutes facilités pour compléter
son outillage économique.
Labrousse.
Le Courrier colonial
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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