(Suite et fin.)
Les fruits de la zone
tropicale doivent pouvoir participer au commerce mondial des fruits exotiques
qui s’est créé depuis une dizaine d’années. Parmi eux, les ananas et les
bananes paraissent les plus susceptibles de donner à bref délai de sérieux
bénéfices. Il ne faut pas oublier que le bananier assure un rendement
intéressant non seulement par ses fruits, mais encore par sa pulpe, dont la
demande ne cesse de grandir dans le monde entier, en raison de la consommation
toujours croissante de papier.
Actuellement, les ports
des divers pays d’Europe, dont la Méditerranée baigne les côtes, reçoivent
environ 500 000 régimes de bananes, venant des Canaries et surtout
des Antilles anglaises ou de l’Amérique centrale.
A priori, ce commerce des fruits tropicaux peut sembler d’importance minime :
cependant, né il y a quinze ans à peine, il assure déjà l’existence d’une
marine marchande de plus de cent navires anglais ou américains, et l’exemple de
la Jamaïque est là pour attester quel puissant facteur de prospérité il peut
devenir.
Cette colonie britannique
ne s’était pas encore orientée vers ce commerce, lorsqu’elle se trouva ravagée
par des tremblements de terre au cours de l’année 1902 ; à ce moment, le
ministre des Colonies, Joseph Chamberlain, ne se contenta pas d’accorder des
secours à une population déjà trop portée à l’indolence ; il estima que le
meilleur moyen de venir en aide à la colonie était de lui permettre de tirer
parti de ses richesses horticoles, à l’exemple de quelques régions de
l’Amérique Centrale. Par ses soins, une ligne de navires frigorifiques, reliant
régulièrement la colonie à la métropole, fut créée avec l’appui financier du
gouvernement anglais. Cette ligne eut des débuts très pénibles, du fait de
l’inexpérience du personnel naviguant chargé de l’entretien des cales froides.
Cependant, dès 1910, la subvention gouvernementale était déjà devenue inutile,
et la Jamaïque pouvait exporter plus de 10 000 000 de régimes de
bananes sans compter les autres fruits. La colonie a trouvé dans ce commerce un
nouvel élément très appréciable de prospérité et les Anglais de la métropole
ont, d’autre part, à leur disposition un fruit particulièrement sain, qui coûte
quatre fois moins cher à Londres qu’à Paris.
Émile Gouault.
Le Courrier colonial
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