12 août 2008

Ca fait toujours plaisir...

... même si la modestie doit en souffrir.
Je viens de tomber sur une note postée par Vola dans son blog: Attention site culte (-urel). Je ne connais pas Vola, mais elle est parfaite: elle dit tout le bien que je pense de ce blog-ci et... de moi-même (euh... je précise quand même qu'il ne faut pas prendre ces derniers mots au sérieux).
J'ai pourtant le souvenir de n'avoir pas été trop bon lors de la présentation de Zovy au CCAC en janvier. Si néanmoins, dans la salle, les spectateurs ont été heureux, c'est bien.
Et si je lançais un concours d'éloges?...

10 août 2008

Bibliothèque malgache électronique / 41 : Le "Décivilisé", de Charles Renel


Je l'avais promis, je l'ai fait: la Bibliothèque malgache électronique (BME) est de retour après une trop longue interruption.
Symboliquement, le 41ème volume est un ouvrage de l'auteur par qui j'avais ouvert la collection: Charles Renel, que vous êtres nombreux à connaître.

"Le Décivilisé" est un classique du roman colonial, et un cas intéressant... Adhémar Foliquet, ancien pion dans un lycée français, est devenu malgré lui instituteur dans un village de la côte est à Madagascar. Il se trouve bien d'une nouvelle vie dans laquelle il s'éloigne progressivement de la civilisation européenne. Et découvre le plaisir qu'il y a à ne pas avoir toujours quelque chose à faire, à ne plus se préoccuper de l'heure.
Bien sûr, il se pose des questions: est-il bien raisonnable de devenir à ce point un autre?
Le livre fourmille de scènes saisies sur le vif et de discussions sur la valeur comparée de différentes cultures. De Charles Renel, la BME a déjà réédité un autre roman, La race inconnue, et un recueil de nouvelles, La coutume des ancêtres.

Et, puisque nous en sommes à une sorte de nouveau démarrage, on peut faire le point sur la circulation de tous ces textes.
Les 41 titres de la Bibliothèque malgache électronique ont été chargés au total près de 30.000 fois, surtout bien entendu par l'intermédiaire d'Ebooks libres & gratuits. Mais il y a aussi dans ce chiffre des consultations sur le site Scribd. Et un peu - ça commence - sur le nouveau site de la maison d'édition Bibliothèque malgache.
En vedette, et dans un ordre décroissant, le Voyage du général Gallieni, avec plus de 1.600 chargements et consultations, puis le texte seul de Madagascar à vol d'oiseau, de Désiré Charnay (mais il y a plus de 2.400 lecteurs de ce volume et du volume illustré, si on les additionne), le Voyage à Madagascar de Louis Catat, d'adolphe Badin, Une famille parisienne à Madagascar...Au pays malgache, d'Emile Blavet, et l'autre Voyage à Madagascar d'Ida Pfeiffer. Ceci pour ceux qui ont dépassé les 1.000 chargements et/ou consultations.
On continue donc, puisque cela semble le mériter...

5 août 2008

En avant-première, Madagascar dans la rentrée littéraire

Chaque année, je fouine, dans la rentrée littéraire, pour trouver les passages d’ouvrages qui font référence à Madagascar. Honnêtement, je n’ai encore presque rien lu de ce qui va paraître, à partir du 15 août, pendant deux mois – plus de six cents romans, sans compter le reste. Mais j’ai pu, grâce aux vertus particulières du livre électronique, effectuer une recherche dans une trentaine de textes. Le résultat n’est pas très riche, même si Madagascar n’est jamais tout à fait absent.

On aurait pu en attendre une présence moins discrète, cependant, dans les deux ouvrages de Malcolm de Chazal, le Mauricien, publiés par Jean-Pierre Orban dans la collection L’Afrique au cœur des lettres qu’il dirige à l’Harmattan. La Grande Île n’apparaît cependant que dans les commentaires.

Dans le texte de Robert Furlong, d’abord, après l’Autobiographie spirituelle, à propos de l’édition de Sens-Plastique chez Gallimard, à l’initiative de Jean Paulhan :

Jean Paulhan, adepte des hain-teny malgaches – ces poèmes traditionnels courts fonctionnant sur des associations subtiles, qu’il a connus lors de deux années passées à Madagascar comme enseignant et sur lesquels il a publié une étude en 1930 –, aurait-il retrouvé des tonalités similaires dans l’écriture de Chazal, qu’il qualifie dans sa préface à Sens-Plastique de « gerbe d’à la fois science, arts, poésie, psychologie, métaphysique et mystique : secret de la vie, présence de Dieu » ?

Une autre fois, aussi, mais il s’agit d’une redite par rapport à ce qu’on trouve dans l’autre livre, Moïse, où le même commentateur écrit, à propos de cette pièce restée inédite jusqu’à présent et que beaucoup pensaient disparue :

Mais une version dactylographiée de la pièce existait, la pièce ayant dû être tapée en quelques exemplaires pour un enregistrement radiophonique dont la diffusion a eu lieu sur les ondes de Radio Tananarive à Madagascar le 13 décembre 1951.

Un extrait de presse (extrait de Advance) en témoigne d’ailleurs.

Plus inattendu, un personnage du roman de Melanie Abrams, Jeux dangereux (Calmann-Lévy), profite d’une réflexion sur la mort pour faire surgir une image venue de chez nous, et utilisée ici dans le but de séduire :

— Les gens ont des réactions très bizarres face à la mort, conclut-il en lui rendant son manuel. À Madagascar, les Sakalava représentaient sur leurs tombes des hommes et des femmes en postures lascives.

Il laissa sa main posée sur le livre et lui sourit, d’un sourire malicieux qui lui serra le cœur.

— Ça valait le coup d’œil ! commenta- t-il en retirant enfin sa main.

Chez le même éditeur, Xavier Mauméjean décrit un parc floral dans Lilliputia :

Il se trouvait dans un temple vivant aux colonnes fermement enracinées. Angraecum fragrans de Madagascar que l’on infuse avec des feuilles de thé, tubercules d’Inde que l’on réduit en poudre, Spathoglotis plicata qui enivrent les rats de Malaisie, Epidendrum mutelianum refusée aux Lilliputiens car on la surnomme « Orchidée du Haut »…

Bref hommage funèbre aux morts de la campagne des Balkans (1915-1917) dans Zone, de Mathias Enard (Actes Sud), lors d’une visite à la nécropole de Zeitenlick à Salonique :

dans la nécropole se trouvent un carré britannique bien entretenu, un parterre russe, un monument italien, un gigantesque ossuaire serbe, un recoin pour les musulmans d’Algérie, pour les français israélites, pour les bouddhistes d’Indochine, les Malgaches et les Sénégalais le monde entier était venu se faire trucider par les Bulgares sauvages les Allemands et leurs alliés Autrichiens, et le monde entier reposait maintenant entre les cyprès sur l’avenue Langada à deux kilomètres de la mer, dans le soleil d’août

Enfin, et pour être tout à fait complet à propos du corpus visité, j’ajoute une note de bas de page dans la Correspondance entre Jean Malaquais et Norman Mailer qui paraîtra au Cherche midi. Jean Malaquais, en 1953, fait allusion aux événements du Maroc, éclairés par cette note :

Pour avoir soutenu le principal mouvement indépendantiste marocain, Mohammed V fut déposé le 20 août 1953 et contraint à l’exil en Corse, puis à Madagascar ; le 16 novembre 1955, il fut rappelé par le gouvernement Edgar Faure, qui était aux prises avec le conflit algérien naissant.

Je vous parlerai bientôt d'un livre pour la jeunesse et d'un album de bande dessinée, qui nous touchent de plus près.

A suivre, donc.

15 juillet 2008

www.bibliothequemalgache.com



La Bibliothèque malgache possède désormais son propre site Internet, dont voici la page d'accueil.
J'ai choisi le nom le plus simple: www.bibliothequemalgache.com. Tout le monde le retiendra?
On y trouve l'ensemble du catalogue, électronique et papier, ainsi que tous les liens utiles pour les téléchargements des ebooks.
En ce qui concerne les livres papier, il est possible d'en lire les premières pages et, donc, de se faire une idée de ce qu'ils sont.
Le blog Actualité culturelle malgache (vous y êtes) reste actif, de même que le groupe Yahoo.
Les deux permettent en effet d'être informé des nouveautés plus directement que par des modifications sur le site. Le blog, en outre, propose des sujets qui débordent du cadre de la Bibliothèque malgache - mais toujours en rapport avec Madagascar.
Dans le blog comme dans le groupe, les renseignements sur les livres publiés sont éparpillés au fur et à mesure de leur arrivée. Ils sont rangés plus rationnellement sur le site.
D'où son existence.
J'espère que vous serez nombreux à le visiter et que vous ne retiendrez pas vos critiques. Il n'est probablement pas exempt de défauts - je l'ai réalisé rapidement, pour qu'il soit fonctionnel tout de suite - et la grande crainte, sur un nouveau site, est d'y avoir introduit des liens erronés. J'ai tout fait pour que ce ne soit pas le cas, mais je ne suis pas infaillible.
Une adresse électronique accueillera volontiers toutes vos remarques: bibliothequemalgache@bibliothequemalgache.com.

8 juillet 2008

Qu'est-ce qu'on bois ?

Non, non, je n'ai pas fait de faute d'orthographe dans le titre de cette note. Même si j'ai pris quelques libertés avec la norme...
C'est que, pour une fois, je voudrais vous parler des arbres - si, si, il en reste à Madagascar, et même de certaines essences précieuses, très recherchées dans le monde, qui s'exportent encore parfois illégalement. Un "pays d'accueil" est souvent montré du doigt pour pratiquer ce pillage, certes souvent grâce à des intermédiaires sur l'honnêteté desquels il vaut mieux ne pas se poser trop de questions.
Ce pays, c'est la Chine, qui accueille les Jeux olympiques dans un mois. Libération lui consacre une bonne partie de son numéro d'aujourd'hui. Voici la couverture. (Attention, demain, ce ne sera plus celle-là, forcément.) Mais, comme vous êtes sages, je vous la place ici:

On trouve, dans le numéro chinois de Libé, un article intitulé L'atelier mondial du bois illégal. Une belle description sous la plume (comme on dit encore bien que, vous en avez vu souvent, vous, des journalistes écrire encore à la plume?) d'Abel Ségrétin qui est allé à Zhangjiagang où sont débarqués ces bois.
Il commence ainsi:
Sur les quais, au milieu des grues et des cohortes de coolies du XXIe siècle, des dizaines de milliers de troncs d’arbres de toutes les tailles et de toutes les teintes, fraîchement débarqués par bateau, sont empilés en rangées formant des allées, comme une ville dont les immeubles seraient du bois mort. Sinistre image d’immenses forêts couchées à perte de vue, en amas de dix à vingt mètres de haut, coupés à la taille des conteneurs.
Un peu plus loin, il fournit quelques informations sur l'origine de ce bois:
Aux alentours, des milliers d’ateliers et de petites usines débitent sept jours sur sept, vingt-quatre heures par jour, les arrivages permanents de ces gros troncs d’arbres venant du monde tropical et boréal. Sibérie, Indonésie, Brésil, Chili, Gabon, Cameroun, Congo, Mozambique, Birmanie, Cambodge, chaque nouvelle cargaison est empilée selon sa valeur et son origine. Selon l’association Global Timber, plus de la moitié des importations chinoises de bois brut seraient illégales ou intraçables, provenant de forêts officiellement protégées.
Ben non... pas d'arrivage de Madagascar, en tout cas ce jour-là. Je ne suis pas certain que cela soit suffisant pour se consoler... En tout cas, le pillage est global, comme la mondialisation.

1 juillet 2008

Joël A. est partout

Joël Andrianomearisoa est un des artistes malgaches les plus internationaux qui soient. Aujourd'hui, je retrouve son nom au détour d'un article de Libération consacré au dernier spectacle de la chorégraphe haïtienne Kettly Noël. En fait, je lisais cet article pour Kettly elle-même. J'avais apprécié son travail autant que sa personne lors de la dernière édition tananarivienne de Sanga, les biennales de chorégraphie africaine. Et il me plaît de voir sa renommée grandir avec son nouveau spectacle, Chez Rosette, donné à La Villette après Montpellier.
Elle ne travaille pas toute seule:
Kettly Noël, avec la complicité du scénographe Joël Andrianomearisoa et de l’auteur congolais Dieudonné Niangouna, franchit une étape. Elle avait proposé précédemment des spectacles plus convenus, comme gênés aux entournures. Là, elle resplendit, y compris sur scène où elle interprète une méchante femme.
Et c'est là, donc, la petite touche de Madagascar apportée par Joël A., après bien d'autres créations - dont une des plus spectaculaires fut 30 et Presque-Songes l'an dernier à Tana.
Bon vent pour la suite, Joël!

19 juin 2008

Un format de plus pour la Bibliothèque électronique malgache

Les heureux propriétaires d'un Sony Reader, s'il y en a parmi vous, peuvent se réjouir: la plupart des titres de la Bibliothèque malgache électronique ont été convertis au format LRF (le meilleur, semble-t-il, pour lire sur cet appareil qui fonctionne aussi avec les fichiers PDF mais, pour ce que j'en sais, moins bien) par Jean-Yves, membre du groupe Ebooks libres & gratuits.
La liste complète des ouvrages du groupe disponibles sous cette forme se trouve sur cette page. Elle ne contient qu'une liste par ordre alphabétique des fichiers, mais je vais m'empresser d'ajouter au catalogue les liens permettant d'accéder directement au téléchargement des différents titres.

Quant à ceux qui se languissent de nouveautés, je peux les rassurer: cela ne va pas tarder...

17 juin 2008

Madagascar, porte-bonheur des Bleus, ou...?

Une info amusante et qui ne mange pas de pain (ni de riz, ni de manioc), pour une fois. L'équipe de France qui participe à l'Euro 2008 de football, et qui joue contre l'Italie tout à l'heure sa dernière carte, sans trop savoir ce que les adversaires ont en mains, a pris une heure de détente dans la journée.
Sympa, non?
Mais, me direz-vous, quel rapport avec l'actualité culturelle malgache?
C'est tout simple: comme ils sont à Zürich, et que cette ville possède un zoo, ils y sont allés.
D'accord, l'explication n'est pas suffisante.
Mais je suis certain que beaucoup d'entre vous savent et ont déjà compris.
Le zoo de Zürich a reconstitué, sur 11.000 mètres carrés, le biotope de la réserve de Masoala (2.400 kilomètres carrés, quand même), qui se trouve à l'est de Maroantsetra, sur le cap Est. Sous une bulle d'un hectare (je cite cette source), "nous voyageons loin, très loin de la Suisse, sur une grande île près de l'Afrique qui s'appelle Madagascar. Tout y est fidèlement reconstitué, de la moindre plante au plus petit insecte. Il fait 30 degrés et aucun animal n'est enfermé. Ils se cachent au-dessus de nos têtes."
Maintenant, quant à savoir si ce bain de Madagascar transformera les Bleus en reliques ou leur donnera l'agilité de lémuriens, c'est une autre histoire - dont, entre nous, je me moque complètement. Mais l'histoire était belle, non?

16 juin 2008

Elle n'est pas belle, la province?


Je rentre d'Antsirabe, et je découvre ce matin dans la presse malgache le compte-rendu des "derniers" concerts de la tournée de Rossy. Je devrais dire: la presse tananarivienne. Car celle-ci semble ignorer (les journaux que j'ai lus, du moins), qu'il y aura encore un concert le 22 juin, dans quelques jours, annoncé un peu partout dans la ville d'eaux par des grandes banderoles.
Les quotidiens arrivent à Antsirabe à partir de la fin de la matinée. Ceux qui les liront là, à trois heures de route de la capitale, se sentiront frustrés d'être ainsi ignorés. Et ils auront raison de l'être. Un fait divers sanglant trouve sa place dans les pages. Mais que la tournée de Rossy ait un prolongement après les ultimes prestations tananariviennes, on s'en moque.
Dommage.
Pour ma part, je ne regrette pas les conversations culturelles que j'ai eues là-bas.
Avec Ben Arès, écrivain belge en séjour à Madagascar pour s'imprégner d'une atmosphère qu'il compte restituer dans son prochain roman. Le premier, Ne pas digérer, est paru au début de cette année et m'a fait une forte impression.
Avec Bekoto, de retour d'une tournée internationale en compagnie des autres membres de Mahaleo, nous avons surtout parlé de littérature. Et en particulier de Raharimanana, dont il a ramené Za dans ses bagages.
Avec Vahömbey, enfin, il a été question de musique et de sa volonté de s'y impliquer complètement après un an et demi de travail.
C'est cela aussi, Antsirabe: des rencontres comme on peut en faire en province.
Dans la province française, à Montpellier pour l'instant, le Printemps des Comédiens accueille aussi des artistes malgaches. Doly Odeamson a lu des poèmes avec Clarisse et... l'ancien premier ministre français, Dominique de Villepin. Dans Les précieuses ridicules, de Molière, Fela Karlynah Razafiarison et Haingo Ratsimbazafy jouent, Haingo Ratsimbazafy est à la mise en scène tandis que Hanitraviro Rasoanaivo-Anderson chante. Pour lire un compte-rendu du spectacle, voir ici.
Alors, elle n'est pas belle, la province?
Bien sûr qu'il se passe aussi des choses à Antananarivo et à Paris. Mais ne nous limitons pas aux capitales, de grâce!

Et puis, pour ceux qui préfèrent parler aux arbres et aux plantes, voici un bel outil: l'atlas des Plantes de Madagascar, par Lucile Allorge qui n'en est pas à son coup d'essai sur ce terrain. Aux 850 photos annoncées sur la couverture s'en ajoutent 2500 autres sur un CD-rom. Avis aux amateurs...

31 mai 2008

A lire en complément, à voir peut-être

Deux articles parus hier et qui peuvent intéresser ceux qui suivent l'actualité culturelle malgache:
Dans Le Monde, un reportage de Florence Evin, Madagascar, par la nationale 7, qui donne l'impression d'un voyage très bref (à moins que ce soit à suivre, mais ce n'est pas précisé).
Et, dans Le Soir, le texte que je vous avais annoncé à propos de Za, le roman de Raharimanana dont il était question ci-dessous, en même temps que sur un autre roman de Georges Yémy, Tarmac des hirondelles. Cela s'appelle Une langue qui râpe et dérape.

Et puis, pour ceux qui se connectent tôt et sont dans le coin, il y a tout à l'heure (10h30) un forum littéraire au CCAC (à Tana, donc), où j'aurai le plaisir d'interroger trois auteurs pour les jeunes, Jean-Claude Mourlevat, Laurence Ink et Jean-Pierre Haga.
Pour ceux qui ne pourront pas y être, voici quelques références de livres:
De Jean-Claude Mourlevat, L'Enfant Océan, La rivière à l'envers ou Hannah - parmi un nombre considérable de titres.
De Laurence Ink, Piège en forêt.
Et, de Jean-Pierre Haga, Vert de peur.

Maintenant, je vous laisse - je n'ai pas fini de préparer ce forum.

27 mai 2008

Raharimanana en pleine forme


Presque cinq mois déjà que Za, le nouveau roman de Raharimanana, est paru aux Editions Philippe Rey, et je finis seulement aujourd'hui de le lire. Lamentable, n'est-ce pas? Mais il arrive que je me propose de faire telle ou telle chose et que les circonstances décident à ma place. Je suis contraint de reporter cette activité au moment où le temps me sera plus favorable. Pour la lecture des livres, c'est souvent quand j'arrive à glisser dans Le Soir un article sur les titres que j'aspire à découvrir - et à faire découvrir. Voilà, pour Za, c'est fait, l'article paraîtra vendredi - et je pense que vous pourrez le lire sur le site du journal.
Je ne vais donc pas vous le faire maintenant (l'article). Mais je peux déjà vous dire que je suis soufflé par la maîtrise et l'exigence d'un texte formidable (je pèse mes mots).
Voici sans aucun doute le meilleur livre de Raharimanana, qui avait pourtant déjà donné quelques ouvrages importants. L'œuvre qu'il construit depuis Lucarne est de celles qui laissent des traces de plus en plus profondes au fur et à mesure qu'elle s'affirme. Cette voix - déformée dans le cas de ce roman par le zézaiement qui accompagne le personnage principal et qui produit une musique singulière - est celle d'un de nos contemporains capitaux, qu'on se le dise!
Et je m'arrête là, sans quoi je vais finir quand même par l'écrire ici, cet article.
Il me reste néanmoins à vous renvoyer vers quelques lieux qui font écho à ce travail, en commençant par le site d'Africultures où pas moins de quatre articles sont disponibles. Celui de Dominique Ranaivoson a été le premier à paraître, début février. Yves Chemla a suivi le 16 mai avec un autre article, en même temps qu'un entretien réalisé par Virginie Andriamirado. Et Taina Tervonen a conclu (provisoirement?) cette série il y a quelques jours.
Il faut aussi signaler, sur le site de Remue.net (où l'on trouve ce qui se fait de mieux en littérature contemporaine), un excellent article de Dominique Dussidour ainsi que la publication d'un inédit de Raharimanana, Danse.
Enfin (et j'oublie peut-être quelques autres références), Raharimanana répond à Philippe Bernard, auteur d'un article consacré à L'Afrique répond à Sarkozy, un ouvrage collectif auquel l'écrivain malgache a participé, dans un droit de réponse qui avait été refusé par Le Monde.
Ce sera tout pour aujourd'hui. Notez bien que, si Raharimanana est bien évidemment inspiré par Madagascar, sa parole porte aujourd'hui bien au-delà des rivages de la Grande Ile. On ne peut que s'en réjouir. Pour lui comme pour nous.

22 mai 2008

Bernard Giraudeau à Madagascar

Ce n'est pas le Bernard Giraudeau acteur. Ce serait plutôt l'écrivain. Et même pas tout à fait lui, puisqu'il s'agit de Marc Austère, le personnage principal des Dames de nage, un roman publié l'an dernier, qui vient de reparaître au format de poche.
Avant de devenir cinéaste et de tourner des documentaires dans le monde entier, il a été, très jeune, marin. Deux tours du monde dans cette profession lui ont fait faire escale à Tamatave, un lieu cité rapidement deux ou trois fois dans le roman.
Supposons donc que le marin n'a pas cru nécessaire de s'attarder au milieu des Malgaches. En revanche, le cinéaste, qui est bien le même homme avec quelques années de plus, s'est posé un peu plus longtemps. Ses souvenirs sont précis. Ce qui nous vaut une grosse page, vers la fin du livre. Une fois n'est pas coutume, je vais la citer en entier. La voici:
Un hiver de France, j'étais à Madagascar dans un village comme celui du bas. Je descendais une rivière, la Mangouke. Je filmais avec bonheur les rives sableuses, la joie des enfants à notre passage et ce que j'admirais le plus, qui était ma fascination, l'écoulement du temps à travers les regards paisibles, la femme surprise dans sa tâche, le visage du piroguier. Ce temps, ce temps libre que j'enchaînais dans une petite boîte et que je filmais sans jamais le vivre. Arrivé au village, j'avais continué à filmer, épuisant les batteries. J'étais resté une semaine à attendre un assistant qui devait me rapporter du matériel pour achever le film. J'étais fou de rage parce qu'il y avait toujours des scènes surprenantes, uniques. C'est souvent ainsi. Je me consolais à regarder et écouter les hommes et les femmes bavarder, rire. Il y avait une lumière vivante, une lumière de flammes qui faisait danser les corps et les ombres, pas la lumière morte de l'incandescence électrique qui fige la clarté. C'était un bonheur à vivre sans rien faire d'autre que d'être.
Un soir j'étais resté avec un groupe autour du feu. Il y avait un mélange de mots mystérieux mais je saisissais que l'on pariait, que l'on s'amusait des uns et des autres, dont moi, bien évidemment, avec une gaîté communicative. Un certain Momo me traduisit que c'était décidé, l'une était d'accord pour que je l'emmène en France. Rires facétieux. Personne ne craignait les regards dans l'ombre. Les dernières lueurs achevaient de danser sous les jupons qui frôlaient, sans innocence que celle de la nuit, les corps des hommes assis. Les femmes s'éloignaient furtivement. Celle que je devais "marier" fictivement se cachait la bouche avec son foulard et faisait sonner ses bracelets. Plus loin, elle reprenait un chant dont je ne connaîtrais jamais l'histoire. Je devine, ma belle. Une autre jeune fille très silencieuse, visiblement timide, m'intriguait. Elle se cachait toujours dans l'ombre, les mains sur le visage.
- Pourquoi te caches-tu? lui avais-je demandé.
- ...
- Je ne te mangerai pas, tu sais.
Elle avait répondu dans son dialecte et les gens autour de moi avaient ri en se claquant les cuisses.
- Qu'a-t-elle dit?
- "Dommage!"
J'étais resté étonné. Elle ne me regardait jamais. Je la fixais, un peu séduit tout de même, et elle continuait le jeu. Le lendemain je suis passé près d'elle.
- Alors tu trouves dommage de ne pas être mangée?
- Oui, puisque tu me plais et que je te plais.
- Et si je te mangeais, alors?
- Peut-être que ce serait dommage aussi.
Je ne suis pas autorisé, en principe, à citer un si long passage. Je me l'autorise cependant, en échange d'une citation faite, dans la même collection, d'un de mes articles à peu près aussi long.

6 mai 2008

Zafinamiry intime, un nouveau livre sur Madagascar


Les Editions Dodo vole de la Réunion viennent d'annoncer la sortie d'un ouvrage qui était très attendu: Zafinamiry intime. Johary Ravaloson et Sophie Bazin, fondateurs et animateurs de cette maison, en parlent sur leur blog:
Carnet de voyage associant texte bilingue français-malgache et photographies en noir et blanc, préfacé par Juliette Ratsimandrava, cet ouvrage voit le jour après dix années de rencontres entre les auteurs, Johary Ravaloson et Sophie Bazin, et les sculpteurs Zafimaniry, isolés sur les Hauts-plateaux malgaches, au savoir-faire reconnu par l'Unesco depuis 2003.
Proposant une incursion dans les questionnements liés à l'identité autant qu'un voyage dans le temps, ce livre sera présenté en avant-première au Salon du livre de Caen, sur le stand des Editions Dodo vole.
Pour nous joindre : dodovole@yahoo.fr

Quelques photos supplémentaires sont présentes sur la page consacrée à l'ouvrage.

2 mai 2008

SCRIBD : ne me demandez pas comment ça se prononce...

Pendant que la Bibliothèque malgache électronique (BME) reste bloquée à 40 titres, toujours pour cause de préparation d'un volume important de la Bibliothèque malgache contemporaine (mais je vous promets quelques bonnes surprises une fois que ce sera fait), des collaborateurs discrets mais efficaces continuent à faire circuler les textes que j'ai rééditer.
C'est ainsi que l'ensemble du catalogue disponible peut maintenant se lire en ligne, hors téléchargement, sur le site de Scribd, malheureusement en anglais. Mais il semble promis à un bel avenir - c'est-à-dire probablement au multilinguisme et, on l'espère, au français. En effet, le groupe Ebooks libres & gratuits a placé sur Scribd l'ensemble (je crois) de son catalogue, y compris les ouvrages de la BME.
Pour ceux qui préfèrent cette manière de lire les textes, l'occasion est belle.
Le "visualisateur" (il doit y avoir une traduction moins barbare de viewer, mais elle ne me vient pas à l'esprit) est assez commode et ressemble un peu, pour ceux qui l'utilisent, à celui de Google Books.
Et il reste possible de télécharger (download dans la langue de Shakespeare) les ouvrages, apparemment dans différents formats - PDF, DOC et TXT. Je n'ai pas tout testé, peut-être devrez-vous effectuer quelques expérimentations pour y parvenir.
De mon côté, pour vous simplifier la vie, j'essaie de mettre l'ensemble de la BME dans un groupe qui vous éviterait les étapes de recherches par lesquelles je suis en train de passer.
Et puis, je vais aussi ajouter, dans le catalogue ci-contre, les liens titre par titre. Mais pas aujourd'hui.
Je vous tiens informés, of course (comme ils disent là-bas).

18 avril 2008

Le voyage de Gallieni en livre papier

Je n'oublie pas le goût de certains lecteurs pour la lecture sur papier plutôt que sur écran. D'autant que je partage ce goût.
Et je poursuis donc, cahin-caha, la constitution d'une Bibliothèque malgache sous cette forme. Pour les textes anciens, je n'ai pas encore trouvé le financement nécessaire à leur réédition à Madagascar. J'en suis donc toujours, par l'intermédiaire de Lulu.com, à rendre disponibles certains ouvrages dans un catalogue que l'on trouve trouve sur Internet.
En voici le dixième volume (à quoi s'ajoutent trois ouvrages de la Bibliothèque malgache contemporaine) : le Voyage du général Gallieni. Cinq mois autour de Madagascar (209 pages, 12,41 € + port).

Arrivé à Madagascar en 1896 comme gouverneur général, Gallieni (1849-1916) entreprend immédiatement de mettre de l’ordre dans la jeune colonie. Avec des méthodes que l’on qualifiera (prudemment) de musclées. Après moins de deux ans sous son administration, il entreprend, du 2 juin au 8 octobre 1898, un grand tour de l’île afin de vérifier, et si besoin est de consolider, les résultats de la « pacification ». Dans sa suite, un officier dont le nom ne nous est pas parvenu relate le voyage (signé X…). Son récit tient évidemment de l’hagiographie : le général Gallieni est accueilli partout sous des arcs de triomphe aux accents de la Marseillaise. Ce long parcours malgache offre pourtant, sous ses aspects officiels, une vision parfois inattendue de la réalité locale et des pointes d’humour bienvenues. Cette réédition suit le texte publié dans Le Tour du Monde en 1899 et 1900, édité ensuite en volume chez Hachette en 1901.

Bonne lecture à tous ceux qui s'intéresseront à cette page d'histoire malgache.

13 avril 2008

L'ouvrage de Suzy Andrée Ramamonjisoa sur Albert Rakoto Ratsimamanga en librairie à Tana

Il est peut-être dérisoire de parler de livres au lendemain de la parution, dans Le Monde, d'un article consacré au défi inédit pour l'ONU que représentent les émeutes de la faim, en cours de multiplication dans les pays pauvres. On y lit notamment ceci:

Parmi les défis qui attendent l'ONU et qui ne doivent pas être sous-estimés, figure aussi le durcissement de crises locales causé par des "émeutes de la faim", comme celles qui ont secoué l'Egypte, la Mauritanie, le Mexique, le Maroc, la Bolivie, le Pakistan, l'Indonésie, la Malaisie...
[...]
La réflexion onusienne s'appuie notamment sur des données du Fonds international de développement agricole (FIDA), une agence de l'ONU selon laquelle, pour chaque augmentation de 1 % du prix des denrées de base, 16 millions de personnes supplémentaires sont plongées dans l'insécurité alimentaire. Cela "signifie que 1,2 milliard d'êtres humains pourraient avoir chroniquement faim d'ici à 2025 ; 600 millions de plus que précédemment anticipé", prévient le document. Parmi les pays en première ligne : l'Erythrée, la Sierra Leone, Madagascar, Haïti, la Géorgie, le Burundi ou le Zimbabwe.
Je crois pourtant que les livres nous donnent l'occasion de réfléchir. Et qu'il est donc, quelles que soient les circonstances - même et surtout si celles-ci sont difficiles - important de faire vivre le livre et la lecture.

C'est pourquoi je suis heureux et fier d'annoncer la parution, en édition produite localement par la Bibliothèque malgache, de l'ouvrage de Suzy Andrée Ramamonjisoa, Albert Rakoto Ratsimamanga et moi. 1. L'héritage.

Je ne peux mieux faire, pour présenter à nouveau un livre qui était déjà disponible - et le reste - par Internet (voir ma note de blog à ce sujet), que citer l'introduction de l'auteur:

Ratsimamanga vivant

Si l’absence physique du Professeur peut changer certains aspects du projet que nous formulions ensemble d’écrire sur lui, la lecture de ce volume qu’il a lu et aimé montre à quel point l’homme fut jusqu’au bout rempli de cette vie qu’il a tant servie.

Nous avons réalisé les entretiens qui sont à la base de ce volume sur L’Héritage à la fin du XXe siècle. Partout dans le monde le courant prospectiviste depuis une décennie faisait le bilan du XXe siècle pour préparer le XXIe siècle. Avec le Professeur, nous avions discuté des acquis de ce courant à Madagascar. Ce fut un réel plaisir pour nous de penser aux bases de « l’ajustement culturel » nécessaire pour le corps national et international qu’en tant que citoyens malgaches conscients il nous faut construire pour réussir notre efficacité dans le nouveau millénaire.

Ratsimamanga aurait aimé être là pour voir comment les choses vont vite et aurait tout fait pour donner son avis à qui de droit. Mais en lisant les résultats des premiers entretiens, on se rend compte de la vivacité de cet esprit qui, au-delà de l’événementiel, savait identifier l’essentiel et s’y tenir avec l’opiniâtreté stratégique qui le caractérisait.

Ratsimamanga vit en nous et nous donne une belle leçon d’optimisme dans L’Héritage.

L'ouvrage est à présent disponible dans les principales librairies d'Antananarivo.

Bonne lecture.

9 avril 2008

Fleurs malgaches

J'aurais bien d'autres choses à raconter ces jours-ci, mais le travail, le travail...
Donc, à toute allure, parce que le lien ne restera probablement pas valide très longtemps, je signale l'article paru aujourd'hui dans Le Figaro, Madagascar : chasseurs de senteurs, sauveurs de fleurs, à propos des plantes et de leur bon usage - ainsi que de la manière de les sauver, peut-être.
Je suis toujours un peu énervé par les jugements lourdingues sur le tavy - que propose-t-on d'autre aux paysans? Ainsi que par la manie française de n'aller voir que des vazaha dès qu'il est question d'un sujet un peu pointu.
Mais l'article est vraiment intéressant, j'en conseille la lecture

16 mars 2008

Et si Dany Laferrière était un écrivain malgache?


Dany Laferrière vient de publier un roman au titre étonnant : Je suis un écrivain japonais. Etonnant, puisque tout le monde croyait qu’il était un écrivain haïtien – certes exilé depuis longtemps, au Canada, puis à Miami, et maintenant de retour à Montréal.
C’est un livre dont je pense beaucoup de bien. Mais je ne vais pas refaire ici l’article que j’ai publié dans Le Soir. D’ailleurs, ce n’est pas tant de l’ouvrage lui-même que je veux parler ici, mais seulement d’un détail qui trouve parfaitement sa place dans ce blog.
Pendant tout le récit, le narrateur, qui ressemble comme un frère à l’auteur, se débat avec l’idée d’écrire un livre intitulé, précisément, Je suis un écrivain japonais. A tel point qu’au Japon, on commence à faire beaucoup de bruit autour d’un roman qui n’existe pas. Et que cela donne des idées à d’autres. Un jour, Monsieur Tanizaki, de l’ambassade du Japon à Montréal, vient voir l’écrivain :
— C’est une vraie révolution là-bas… Votre livre est en train de devenir un phénomène de société.
— Quel livre ? Je n’ai pas écrit de livre.
— Je parle du livre que vous êtes en train d’écrire.
M. Tanizaki semble survolté. Il agite un mince bouquin sous mon nez. Je l’examine sans parvenir à déchiffrer un traître mot – c’est écrit en japonais. Il me le reprend des mains.
— Le titre de ce livre c’est Je suis un écrivain malgache, et c’est écrit par un Japonais.
— Et alors ?
— C’est ainsi que les jeunes écrivains manifestent leur mépris envers le nationalisme littéraire. Pour eux un écrivain japonais n’écrit pas forcément un roman japonais. D’ailleurs ça n’existe plus un écrivain japonais.

Vous vous en doutez : l’écrivain malgache, alors que Laferrière aurait pu choisir n’importe quelle autre nationalité, m’a intrigué. Comme j’avais l’occasion de l’avoir au bout de sa messagerie électronique, je lui ai posé la question.
Et voici sa réponse :
D’abord c’était un clin d’œil à mon ami l’écrivain Jean-Luc Raharimanana… Ensuite, je ne connais pas malheureusement Madagascar, et j’aime visiter en fiction les endroits que je ne connais pas dans la vie. Et puis j’aime la musique de ce nom : Malgache. De la musique avant toute chose.

Merci pour le clin d’œil, Dany. Et, si Jean-Luc lit ces lignes, je n’oublie pas Za, ton dernier roman, rassure-toi – seulement un peu, beaucoup, débordé d’urgences…

28 février 2008

Bibliothèque malgache / 40 : Une peuplade malgache - Les Tanala de l'Ikongo

J'ai été silencieux pendant un certain temps, mais les activités ne se sont pas ralenties pour autant. Je dois quand même une explication. Elle vient, un instant...

Auparavant, je dois signaler la sortie du quarantième titre de la Bibliothèque malgache électronique, Une peuplade malgache - Les Tanala de l’Ikongo, du lieutenant Ardant du Picq. Malgré ce que semble croire la Bibliothèque nationale de France, l’auteur de ce texte n’est pas Charles Ardant du Picq, connu comme théoricien militaire, mais qui n’a rien de commun avec Madagascar contrairement à celui-ci, qui a étudié plusieurs aspects de la culture et de la civilisation des Tanala de l’Ikongo, dans le sud-est de Madagascar. Dans l’essai ethnographique que nous publions, paru dans Le Tour du Monde en 1905, il fait un portrait à grands traits de cette ethnie et de la région où elle vit.

Il est probable que le rythme des publications électronique diminuera dans les mois qui viennent. Non qu'il n'y ait des projets (beaucoup). Mais je travaille actuellement à l'édition, à Madagascar, de l'autobiographie de Jean-Louis Ravelomanantsoa, qui fut finaliste olympique du 100 mètres à Mexico, il y aura bientôt quarante ans, et dont la vie exemplaire devrait susciter un grand intérêt. Le livre devrait sortir en juin au plus tard.

Avant cela, le premier volume d'entretiens entre Suzy Andrée Ramamonjisoa et Albert Rakoto Ratsimamanga arrivera en librairie à Madagascar également. On en reparlera le moment venu.

1 février 2008

Bibliothèque malgache / 39 : Bulletin du Comité de Madagascar, août 1896

La réédition des Bulletins du Comité de Madagascar se poursuit avec le huitième numéro de la deuxième année (août 1896). C'est donc le trente-neuvième numéro de la Bibliothèque malgache électronique.

Au sommaire, le général Gallieni s’embarque pour Madagascar et Le Figaro en profite pour faire son portrait. L’ancien premier ministre, Rainilaiarivony, peu avant sa mort en exil, exhorte ses compatriotes à accepter pacifiquement la présence française. Les tensions subsistent entre les différentes religions. Et le cacao pourrait se révéler une culture de bon rapport. Quelques nouvelles pages du reportage d’Émile Blavet sont publiées, et la législation précise le régime douanier ainsi que celui des mines. Enfin, des colons de la côte ouest se plaignent de l’insécurité et Alfred Grandidier termine son étude sur la fortune des Malgaches.

28 janvier 2008

L'édition bouge à Madagascar

Et je m'en réjouis, bien entendu. Ce matin avait lieu, au CCAC, la présentation de l'ouvrage ABDlire, un abécédaire destiné aux tout-petits, produit par le CCAC et les éditions Jeunes Malgaches.
Au point de départ, ce travail - d'une qualité remarquable - avait été une exposition sous forme d'affiches, montée par le CCAC en juillet 2007. Puis l'idée d'un livre a germé et, il faut le dire, c'était une bonne idée.
Tiré à un millier d'exemplaires, l'ouvrage est non seulement utile mais aussi (et surtout) très beau. Chaque lettre est illustrée par une photo, ou plutôt par deux photos correspondant à des mots commençant par cette lettre, en malgache et en français.
Présenté à Montreuil, dans la banlieue parisienne, lors de l'incontournable Salon du livre pour la jeunesse, ABDlire n'a recueilli, nous dit-on, que des éloges. Je veux bien le croire. Il ne mérite que cela.

25 janvier 2008

Bibliothèque malgache / 38 : Boutou-Kely, par Robert Dumeray

Un nouvel ouvrage paraît dans la Bibliothèque malgache électronique (dont je rappelle qu'elle est gratuite) : Boutou-Kely, par Robert Dumeray.
Ce texte assez peu connu n’a, à ma connaissance, jamais été publié en volume. Je l’ai repéré grâce à ces quelques lignes du Bulletin du Comité de Madagascar d’avril-mai 1895 :
« Sous le pseudonyme de Robert Dumeray, un homme fort au courant des choses de Madagascar et qui joint, à une connaissance exacte du pays, toutes les qualités d’un styliste des plus spirituels et des plus fins, publie dans la Revue des Deux-Mondes du 1er mai un article intitulé : Boutou-Kely, Souvenirs de la vie malgache. Ce simple récit en dit plus que tout un ouvrage sur les mœurs et habitudes des Malgaches, particulièrement des Hovas. »
Bien qu'ignorant totalement son identité, je soupçonne l’auteur d’avoir été membre du Comité, tant sont nombreuses les thèses défendues par celui-ci à apparaître en filigrane dans la longue nouvelle. Un vazaha y adopte un petit garçon malgache et tente de lui inculquer les bases de la civilisation européenne…
Tous les préjugés de l’époque sont évidemment présents.

23 janvier 2008

Dominique Ranaivoson occupe le terrain


Le samedi 12 janvier dernier, je questionnais Dominique Ranaivoson à propos des dernières publications en rapport avec Madagascar dont elle est responsable.
Les forums littéraires du CCAC, dans le cadre desquels se déroulait cette rencontre, se déroulent depuis des années selon une structure immuable: avant la série de questions-réponses entre l'invité (ou les invités parfois) et l'animateur (ou animatrice), puis le public, la première intervention est une présentation de l'invité. C'est le texte que j'ai rédigé pour la circonstance que je vous propose ici.

***

Dominique Ranaivoson, bonjour. Rebonjour, presque.
En effet, en 2004, vous étiez ici, dans cette même salle – Liliane Ramarosoa officiait à ma place –, pour présenter Iza Moa ?, un dictionnaire des personnalités historiques de Madagascar que vous avez repris depuis dans une nouvelle édition, et dont vous annoncez prochainement une version revue, corrigée et complétée pour l’an prochain.
En 2006, nous étions cinq sur cette scène puisque, outre vous et moi, trois des douze auteurs des Chroniques de Madagascar que vous aviez rassemblés en un volume avaient été invités à prendre la parole.
J’avais proposé à l’époque, sur le ton de la plaisanterie, que vous vous abonniez aux forums littéraires du CCAC. Je ne savais pas que vous me prendriez au sérieux. Pourtant, j’aurais dû m’en douter : votre rythme de travail et celui de vos publications sont si soutenus qu’il est assez logique de vous retrouver en 2008 pour présenter à nouveau quelques livres.
Et puisque le temps nous est compté, je vais faire l’économie de tout ce dont vous avez déjà parlé lors des occasions précédentes pour survoler quelques-unes de vos activités pendant les deux années qui viennent de s’écouler.
Vous êtes l’éditeur (éditrice ?) – au sens intellectuel du mot – du premier recueil de nouvelles de David Jaomanoro, dont vous avez aussi écrit la postface. Pirogue sur le vide, paru aux Editions de l’Aube, est un livre qu’on attendait depuis longtemps et je pense que le sérieux coup de pouce que vous lui avez donné a été une chance pour tout le monde : pour l’auteur, bien sûr, dont les textes tardaient à trouver leur véritable place dans le paysage littéraire, par manque de visibilité ; pour l’éditeur, évidemment, à qui vous avez apporté un manuscrit de qualité et dont vous avez ainsi enrichi le catalogue – comme en outre Marion Hennebert, fondatrice de la maison, est une amie de longue date, c’est presque à titre personnel que je vous en remercie ; enfin, c’est aussi et surtout une chance pour nous puisque nous avons pu lire ces nouvelles et même en parler avec David Jaomanoro, puisqu’il a été invité à nous les commenter lui-même – sur le siège où vous êtes assise aujourd’hui.
Dans la collection Océan indien que vous dirigez chez Sépia et qui est coéditée, pour Madagascar, par Tsipika, vous avez fait paraître, en 2006 et 2007, deux ouvrages bilingues, en français et en malgache. Leur importance n’a échappé à personne : il s’agit de deux recueils de poèmes de Jean-Joseph Rabearivelo, Presque-Songes et Traduit de la nuit, que Claire Riffard, qui a beaucoup travaillé sur les manuscrits, s’est chargée de présenter dans cette édition. Elle nous les a présentés également plus directement, à travers une exposition qu’on a pu voir ici à la fin de l’année dernière, complétée par une conférence très éclairante.
En 2007, vous avez aussi dirigé un numéro de la revue Etudes littéraires africaines, éditée par l’Association pour l’Etude des Littératures Africaines, plus familièrement nommée APELA. Personne ne s’étonnera – ou alors personne n’a écouté depuis le début – du sujet de ce numéro : Madagascar, bien entendu.
On y trouve des articles et des entretiens. Avec Juliette Ratsimandrava sur la langue malgache et les politiques linguistiques, par exemple. On y parle de bande dessinée, de théâtre, de poésie, d’édition, ainsi que du bilinguisme chez Jean-Joseph Rabearivelo et Esther Nirina.
Bref, un large survol, une sorte d’état des lieux qui, je le crois, a rendu et rendra de précieux services.
On n’en a pas fini – vous n’en avez pas fini avec Madagascar. Mais la Grande Ile semble être, malgré ses dimensions, malgré ses richesses culturelles, un terrain de jeu trop étroit pour vous – j’ai dit terrain de jeu ? pardon, je voulais dire : terrain d’études, de recherches, de publications.
Vous venez en effet de sortir, chez Sépia, sur le modèle des Chroniques de Madagascar, un autre volume, intitulé Chroniques du Katanga. Vous voici donc aussi en République démocratique du Congo, dans cette province du sud qu’on appelait autrefois le Shaba et dont la capitale, Lubumbashi, est la troisième ville du pays. Quatorze auteurs disent leur vision de la réalité de cette région à travers des textes courts. Je cite l’argumentaire trouvé sur le site de l’éditeur (je vous soupçonne de l’avoir écrit) : « Le lecteur qui aura traversé les rues de Lubumbashi, les mines de cuivre à ciel ouvert, les boîtes sordides, les immeubles délabrés, les camps de déplacés ou des combats de rues ne pourra oublier ni le policier, ni l’enfant-soldat, ni l’enfant des rues, ni les jeunes filles, ni les fonctionnaires, tous l’accompagneront désormais en un étrange et fascinant cortège. Les mots de ces écrivains vont bien au-delà du reportage par la puissance d’une écriture terriblement efficace. »
Je ferme la parenthèse congolaise, bien qu’elle ne soit pas sans intérêt, pour revenir à Madagascar et aux deux livres qui justifient le forum d’aujourd’hui.
C’est d’abord Zovy, un roman de René Radaody-Ralarosy publié par vous, et que vous préfacez, chez Sépia et Tsipika. Le sous-titre fixe l’époque à laquelle il se passe : 1947. Au cœur de l’insurrection malgache. Nous allons en parler longuement, je ne vais donc pas en dire trop maintenant. Quelques mots, seulement, vos mots tels qu’ils étaient rapportés sur le site Internet de Sobika :
« Il s’agit d’un roman, c’est-à-dire que l’auteur invente des personnages qui évoluent dans une histoire pleine de suspens, de rencontres, d’attentes et de rebondissements. Le lecteur suit les héros insurgés dans les forêts tout en apprenant peu à peu quelle situation politique et sociale les a conduits à cet engagement. Ces personnages romanesques sont construits à partir de modèles directement inspirés de la société malgache de 1947 et agissent en véritables acteurs dans les événements réels et tragiques de cette période. Toute la richesse de ce roman est dans ce croisement entre fiction et histoire qui lui donne à la fois l’attrait d’une aventure et l’intérêt d’une étude historique. »
Nous allons en savoir plus dans quelques instants.
Mais pas avant que j’en termine avec cette brève présentation puisqu’il y a un deuxième livre, 100 mots pour comprendre Madagascar, dont vous êtes l’auteur chez Maisonneuve & Larose et, toujours, Tsipika. Cent entrées, rangées dans l’ordre alphabétique, pour approcher la culture malgache, tant du point de vue de l’histoire que de celui du quotidien le plus contemporain, le plus banal. « Notre souhait, dites-vous dans l’introduction, serait que ces 100 mots se présentent comme ces portiers qui accueillent les invités sur le perron et font entrer les invités jusque dans la maison. »
100 mots… Pourquoi pas 99 ou 101, ou 1000 mots ? Vous allez vous en expliquer.
Mais encore un… mot (plusieurs). Pour dire, en guise de conclusion ouverte sur l’avenir, que vous ne comptez pas en rester là. Et que nous devrions peut-être fixer dès maintenant un rendez-vous dans deux ans.
Vous avez, dans vos projets de publication, si j’en crois la bibliographie que je trouve dans 100 mots, un livre consacré à La littérature francophone de Madagascar. Et vous dirigez la préparation d’un ouvrage collectif sur le grand poète Dox.

21 janvier 2008

101ème note de blog : BOMB !

Je regarde rarement de près les statistiques liées à ce blog. Mais, ce matin, surprise! en créant cette nouvelle note, j'ai eu l'œil attiré par le chiffre tout rond de 100 notes déjà intégrées depuis la création de cet espace, c'est-à-dire depuis octobre 2006. Et, tant que j'y suis, je continue à vous ennuyer avec des chiffres (il est bon d'être ennuyeux de temps à autre, cela dénote l'esprit de sérieux). Cela représente (depuis fin décembre 2006, car je n'avais pas intégré immédiatement d'outil statistique) 8595 visites pour 5771 visiteurs et 12825 pages vues.
En gros, un tiers des visiteurs sont arrivés ici par l'intermédiaire d'un moteur de recherche, un autre tiers directement et la dernière partie grâce à un lien placé sur un autre site. La très grande majorité d'entre eux habitent en France et le deuxième pays le mieux représenté est, assez naturellement, Madagascar. Les Malgaches sont d'ailleurs ceux qui restent le plus longtemps sur le site quand ils y viennent.
Je constate que les mots-clés utilisés dans les moteurs de recherche ressemblent assez à ce qu'on trouve ici: Bibliothèque électronique malgache, bibliothèque malgache, actualité culturelle malgache. Personne ne semble s'être égaré sur mon blog en cherchant des informations sur Carla Bruni, par exemple. (Là, maintenant, on va bien voir si la fréquentation marque un pic soudain!)

Ce bref bilan (provisoire) vous est offert à l'occasion d'un prix qui vient d'être attribué à ce blog: Best Of Malagasy Blogs (BOMB pour l'acronyme), pour la catégorie culture. (Le lien vous permettra d'aller voir la liste complète des lauréats.)
Je ne le cacherai pas, je suis assez fier d'avoir été choisi. Je remercie toute l'équipe qui m'a permis de mener ce travail (moi-même, donc, puisque je fais ça tout seul avec mes petits doigts et mon ordinateur). Et aussi, bien entendu, ceux qui ont voté pour l'Actualité culturelle malgache.
Le champagne, ce sera pour plus tard.

En attendant, la presse a continué à parler de Roman Vrac, la dernière production papier de la Bibliothèque malgache. Le Quotidien lui a consacré un bel article, ainsi que Madagascar Tribune.
Longue vie à ce texte qui me tient à cœur!

17 janvier 2008

Roman Vrac : revue de presse


La trilogie romanesque de Jean-Claude Mouyon est en librairie à Madagascar depuis quelques jours et la presse commence à le faire savoir.
Roman Vrac, je le rappelle pour ceux qui n'auraient pas suivi, a été imprimé à Tana et il s'agit donc de la première production authentiquement malgache de la Bibliothèque du même nom. Et, même si l'auteur est vazaha (l'éditeur aussi, d'ailleurs), c'est bien du pays où nous vivons et que nous aimons, lui et moi, qu'il est question. Du Sud en particulier puisque le slogan trouvé pour promouvoir le livre (et dont je suis, ma foi, assez satisfait) est:

LE SUD COMME VOUS NE L'AVEZ JAMAIS LU !

Aujourd'hui sont parus des articles dans Les Nouvelles et La Gazette de la Grande Ile. Il y en a, il y en aura peut-être d'autres (une journaliste du Quotidien m'a téléphoné hier soir mais cet organe de presse n'est déjà plus disponible dans mon quartier). Je vous le dirai dans la mesure où je le sais, bien entendu.
Si vous voulez les lire et que vous n'avez pas les journaux sous la main, j'en ai enregistré des copies dans la rubrique "photos" du groupe Yahoo Bibliothèque malgache. Il faut être membre pour consulter cette partie du site - une procédure pour laquelle il suffit de suivre les indications qu'on vous donne.
Par ailleurs, l'intégralité du communiqué de presse que j'avais envoyé aux différentes rédactions a été reprise sur le site de Madanight, où vous pouvez le consulter.
Voilà, il ne vous reste plus qu'à passer chez votre libraire préféré et à acheter le livre.

D'autre part (ça n'a rien à voir), je peux d'ores et déjà vous annoncer une surprise plutôt agréable pour lundi...

10 janvier 2008

Meilleurs voeux



J'espère de tout cœur que l'année commence bien pour vous. Et que nous aurons, en 2008, quantité d'informations et de lectures à partager.
On commence tout de suite, puisque j'ai pris un peu de retard en raison de mon absence.

D'abord, la trilogie romanesque de Jean-Claude Mouyon, Roman Vrac, est parue sous forme de livre imprimé à Madagascar. La mise en place dans les principales librairies d'Antananarivo se fait ces jours-ci.
La présentation du livre s'est tenue à l'hôtel Chez Alain, à Toliara, le 29 décembre. C'était pour moi un choix évident: proposer à ceux qui vivent dans le cadre même où s'est écrit et où se déroule le triple roman de le découvrir avant Antananarivo.
A la bonne franquette, Jean-Claude a ainsi parlé de son travail devant une trentaine de personnes et j'ai un peu expliqué ce qu'est la Bibliothèque malgache. L'éditeur et l'auteur sont, sur la photo ci-dessus, tout réjouis de pouvoir enfin proposer un texte qui avait longtemps cherché un endroit pour exister...

Par ailleurs, comme promis, deux nouveaux titres de la Bibliothèque malgache électronique ont vu le jour pendant que j'étais à Toliara.

Le trente-sixième volume est un nouveau numéro du Bulletin du Comité de Madagascar (juillet 1896). Les lecteurs attentifs auront remarqué qu'il manque, dans la collection, le numéro de juin. Je ne l'ai pas trouvé. Si quelqu'un le possède et accepte de le numériser, cela rendrait de grands services à tout le monde.
Au sommaire, outre les événements de Madagascar, une étude d’Alfred Grandidier sur la fortune des Malgaches, une autre de A. Jully sur les constructions anciennes de l’Imerina, toujours la question de l’esclavage et une revue de presse orientée vers la défense des thèses soutenues par le Comité de Madagascar. À l’intérieur de ces extraits, on trouvera une première version de quelques pages ramenées de Madagascar par Émile Blavet – dont l’intégralité du texte, Au pays malgache, est disponible dans la Bibliothèque malgache électronique.

Et le trente-septième volume est - enfin! - un ouvrage d'un auteur malgache. Jean-Joseph Rabearivelo (1901-1937) est un des principaux poètes du début du siècle dernier. Présent (après sa mort) dans l'anthologie que Léopold Sédar Senghor a consacrée aux poètes «nègres et malgaches», il fut de son vivant un lecteur boulimique, un commentateur très fin de la littérature et un véritable polygraphe: poésie, théâtre et roman étaient à son registre, sans oublier les nombreux articles qu'il a écrits – en français et en malgache. Les deux recueils groupés dans le présent livre électronique, Presque-Songes suivi de Traduit de la nuit ont été publiés dans leur version française (celle que je vous propose) en 1934 et 1935. La version malgache, écrite simultanément, a été publiée après sa mort.

Enfin, aux amateurs de statistiques, je signale que la Bibliothèque malgache électronique a franchi, dans les derniers jours de 2007, le cap des 20.000 téléchargements.

21 décembre 2007

Deux semaines d'absence studieuse



Je quitte Tana pendant environ deux semaines, pour Toliara. Des vacances? Que nenni!

Le 29 décembre à 11 heures, aura lieu la présentation du roman de Jean-Claude Mouyon, Roman Vrac, en présence de l'auteur. J'en profiterai pour parler un peu des autres activités de la Bibliothèque malgache.
Les choses se passent à l'hôtel-bar-restaurant "Chez Alain" (quartier Sans Fil).
Il s'agit en fait d'une nouvelle édition de ce livre dont je rappelle qu'il est jusqu'à présent disponible sur commande chez Lulu.com. L'impression, à Madagascar même, des 200 premiers exemplaires d'une édition "locale" est presque terminée et l'ouvrage sort donc à Toliara pour les fêtes, en avant-première. Il sera distribué dans les librairies de la capitale au début de l'année prochaine.

Par ailleurs, la Bibliothèque malgache électronique va continuer à croître en mon absence. Deux nouveaux ebooks sont en effet prêts et seront disponibles sous peu.

Avant la fin de l'année, en principe, le 36e volume sera distribué par l'intermédiaire du site Ebooks libres & gratuits. Il s'agit du numéro de juillet 1896 du Bulletin du Comité de Madagascar.

Ensuite, au tout début 2008, comme promis depuis longtemps dans le catalogue complet, un double recueil de poèmes de Jean-Joseph Rabearivelo verra le jour: Presque-Songes, suivi de Traduit de la Nuit. L'écrivain en mort en 1937 et les livres qu'il avait publiés de son vivant passent donc dans le domaine public le 1er janvier prochain. C'est le cas de ces deux livres, parus respectivement en 1934 et 1935.

Comme je ne pourrai pas vous prévenir immédiatement de la disponibilité de ces deux prochains numéros (36 et 37, donc) de la Bibliothèque malgache, je conseille à ceux qui voudront les télécharger rapidement de consulter régulièrement la page d'accueil de Ebooks libres & gratuits.

Il me reste à vous souhaiter de belles et bonnes fêtes, ainsi qu'un excellent début d'année 2008.

A bientôt.

19 décembre 2007

Les Pangalanes en vidéo avec Myriam Mersch

La galerie Mikea à Tana s'étend sur Internet en proposant des vidéos. La liste complète est ici. Mais je viens de tomber sur deux petits films mis en ligne hier, et j'ai envie de vous les faire partager tout de suite. Ça dure un quart d'heure au total, et on y voit Myriam Mersch, artiste belge installée à Toamasina, descendre le canal des Pangalanes tout en travaillant, dans un accompagnement musical sommaire qui convient bien au sujet.
Comme c'est la première fois que je place de la vidéo sur ce blog, vous ne m'en voudrez pas s'il y a quelques petits problèmes techniques...



12 décembre 2007

Michèle Rakotoson au pays

Il y a deux mois environ, Michèle Rakotoson a sorti un nouveau livre. Sauf erreur, c'est la première fois qu'elle écrit un ouvrage qui n'est pas une fiction. Juillet au pays est sous-titré: Chroniques d'un retour à Madagascar. On ne peut le dire plus précisément.
En juillet 2002 - on se souvient de l'atmosphère singulière de ce moment, la crise post-électorale s'achevait à peine -, elle revient donc. Il y a presque vingt ans qu'elle est partie. Le pouvoir vient de changer de mains. Comment va-t-elle retrouver Madagascar?
Disons tout de suite que le livre est superbe, dans une mise en page dynamique et originale où les illustrations viennent compléter le texte et où quelques effets typographiques, pas trop, juste ce qu'il faut, attirent l'oeil.
Mais c'est évidemment par son texte qu'on attend surtout Michèle Rakotoson. On sent qu'elle a dévoré du regard tout ce qu'elle pouvait observer, qu'elle a capté tous les sons, toutes les odeurs, qu'elle n'a pas oublié un mot de ce qu'on lui a dit pendant ce séjour. On devine aussi qu'elle ne revient pas l'esprit tout à fait serein. Nourrie de son passé, elle a tendance à plaquer sur ce qu'elle voit une grille d'interprétation qui lui paraît évidente, mais dont la pertinence a diminué.
Au moins provoque-t-elle, en ne cachant rien de ce qu'elle ressent et de ce qu'elle pense, la réaction chez le lecteur, parfois secoué dans ses propres certitudes.
Il ne s'agit donc pas d'un livre reposant. Il irrite parfois, il suscitera peut-être des polémiques. Tant mieux puisqu'il déplore, à plusieurs reprises, le fameux "silence malgache"...
Et puis, surtout, c'est un livre d'écrivain, qui a l'art de tracer en quelques lignes le trait juste et celui de donner le ton, comme dans une musique lancinante.

Michèle Rakotoson est, ces jours-ci, doublement au pays puisqu'elle présentera son livre ce vendredi 14 décembre au CEMDLAC (Analakely) à 10 heures. Le lendemain, elle le signera à la librairie Lecture et Loisirs (galerie Zoom, Ankorondrano).

Juillet au pays, par Michèle Rakotoson. Editions Elytis, 208 pages, 20 €.

Je signale aussi un autre récit malgache publié chez le même éditeur au début de l'année: Glissements de terrain, par Dominique Rolland (Editions Elytis, 224 pages, 20 €). Les trois années pendant lesquelles cette ethnologue a étudié les Antemoro de la Matitanana ont donné lieu à un texte magnifique, où l'écart entre la théorie et la réalité se comble petit à petit, dans une véritable remise en question personnelle.

9 décembre 2007

Bibliothèque malgache / 35 : Le voyage de Gallieni


Le 35e volume de la Bibliothèque malgache électronique est paru. Il s'agit du Voyage de Gallieni (Cinq mois autour de Madagascar).
Arrivé à Madagascar en 1896 comme gouverneur général, Gallieni (1849-1916) entreprend immédiatement de mettre de l’ordre dans la jeune colonie. Avec des méthodes que l’on qualifiera (prudemment) de musclées.
Après moins de deux ans sous son administration, il entreprend, du 2 juin au 8 octobre 1898, un grand tour de l’île afin de vérifier, et si besoin est de consolider, les résultats de la « pacification ».
Dans sa suite, un officier dont le nom ne nous est pas parvenu relate le voyage (signé X…). Son récit tient évidemment de l’hagiographie : le général Gallieni est accueilli partout sous des arcs de triomphe aux accents de la Marseillaise.
Ce long parcours malgache offre pourtant, sous ses aspects officiels, une vision parfois inattendue de la réalité locale et des pointes d’humour bienvenues. Cette réédition suit le texte publié dans Le Tour du Monde en 1899 et 1900, édité ensuite en volume chez Hachette en 1901.

7 décembre 2007

Henry Douliot : son voyage à Madagascar en publication papier


Une nouvelle publication vient de voir le jour: le Journal du voyage fait sur la côte Ouest de Madagascar par Henry Douliot en 1891 et 1892.
C'est un texte auquel je tiens tout particulièrement. Il est en effet d'une qualité très supérieure à sa faible renommée. Cet auteur, qui est tombé malade sans avoir pu mener son projet jusqu'à son terme, et qui est mort à Nosy Be, manifeste en effet ici une sensibilité très fine et une ouverture inhabituelle pour l'époque aux populations qu'il rencontre.
Pour celles et ceux qui préfèrent lire sur papier plutôt que sur écran, il m'a donc semblé nécessaire de redonner vie à ce récit de voyage. Il reste évidemment disponible en téléchargement gratuit ici. Le papier ayant un coût, le volume de 185 pages, qu'on peut commander sur Internet, s'achète 11,30 € + les frais de port.
Pour rappel, le catalogue des ouvrages de la Bibliothèque malgache disponibles en édition papier est disponible ici. Et celui des ebooks en téléchargement gratuit, dans la colonne de droite pour une simple liste des titres ainsi que dans la rubrique "fichiers" du groupe Yahoo pour tous les commentaires.

6 décembre 2007

Gallica à Madagascar

Une table ronde se tenait la semaine dernière à Antananarivo (Madagascar), sur le thème « Numérisation et conservation ». Bien qu’en apparence loin du cœur des sociétés où se décident en grand l’avenir de ce domaine (on pense à Google et à sa déclinaison Google Books, évidemment, mais aussi aux projets européens et français), on y a appris deux ou trois choses intéressantes.
Le Fonds Grandidier, par exemple, qui est probablement la plus importante collection d’ouvrages sur Madagascar (plus de 5.000 livres et bien d’autres documents), est en voie de numérisation. Lente, puisque les moyens sont faibles. J’aimerais bien que les choses s’accélèrent, j’en ferais profiter ma Bibliothèque malgache. Bon, on ne pourra pas aller plus vite avec un budget de 10.000 € par an…
Les Archives nationales malgaches sont également numérisées en partie, sur le site Internum – Aristhot. Mais rien n’en est accessible pour l’instant. Je signale le site malgré tout, parce qu’il s’y trouve des choses intéressantes comme, par exemple, certains manuscrits de Zola.
Tout cela pour en venir à l’information majeure, à mes yeux, de cette matinée. J’y ai appris, en effet, que le traitement des documents de la Bibliothèque nationale de France numérisés pour servir à Gallica (dont le site a été récemment modifié) se ferait en partie à Madagascar. En particulier l’établissement des outils de navigation à l’intérieur d’un document, comme la table des matières.
Renseignements complémentaires recueillis ici ou là, c’était en fait déjà le cas. Mais la politique de Bruno Racine qui consiste à augmenter considérablement la partie de la BNF accessible en ligne devrait aussi donner plus de travail aux entreprises malgaches concernées. Bien sûr, les employés seront toujours payés à des salaires malgaches, ce qui explique cette délocalisation. C’est une autre histoire…
P.S. Ceci est la reprise d'une note que j'ai publiée hier dans un autre blog, Livres sur toile. Je crois qu'elle avait aussi sa place ici.

5 décembre 2007

Un tournage à Tsaralalana


Scène plutôt inhabituelle, hier en fin d'après-midi, dans un petit bar de Tsaralalana, quartier réputé chaud et peu fréquentable (chaud, c'est vrai, peu fréquentable, je ne suis pas de cet avis): une grosse caméra, un micro tendu au bout d'une perche par un preneur de son, et Régis Michel, un habitué des tournages à Madagascar où il a réalisé plus de 35 films documentaires.
Il termine cette semaine la mise en boîte d'un documentaire consacré à la télévision malgache et, s'il a atterri dans ce bar, c'est parce qu'il s'y trouve une télévision sur laquelle une partie de la clientèle garde un œil plus ou moins attentif. (Et aussi, accessoirement, parce que je l'avais emmené, il y a trois ans, dans le bar d'à côté pour l'interviewer.)
Doly Odeamson, vieux complice que je ne vois pas assez souvent (Régis a plus de chance puisque Doly lui sert de guide avisé dans la plupart des coins de Madagascar où il se rend) était là pour parler de ce que représente la télévision dans la vie des Malgaches. J'avais aussi mon mot à dire, sans certitude de sa pertinence, mais, puisque Régis me l'avait demandé...
Je ne sais pas quand sera diffusé ce documentaire de 30 minutes (ni ce qu'il restera de ce que nous avons pu raconter dans ce bar, Doly, moi-même ou les deux... euh... jeunes personnes du sexe féminin qui fréquentent l'endroit professionnellement). Mais il est réalisé pour la chaîne Arte. Soyez donc attentifs dans les mois qui viennent.
L'image qui accompagne cette note est un clin d'œil à Frédéric Tonolli, que je ne connaissais pas avant-hier, et qui est le caméraman de l'équipe. Non seulement j'ai découvert un homme très attachant, mais aussi l'auteur de ce livre dont je tenais à vous montrer la couverture, Les enfants de la baleine : Un an au pays des Tchouktches de Sibérie, paru en octobre aux Editions de La Martinière. C'est bien loin de Madagascar, mais pourquoi ne pas s'ouvrir, de temps à autre, à des mondes différents?
Comme je n'ai évidemment pas lu l'ouvrage, je ne peux mieux faire que vous en donner la description faite par l'éditeur:
Entre l'Alaska et la Sibérie, vit depuis des siècles un peuple ancestral: les Tchouktches. Frédéric Tonolli, qui a déjà réalisé trois documentaires sur eux, est parti vivre plus d'un an aux côtés de ces chasseurs de baleines dans le village de Ouélen, à quelques kilomètres sous le cercle polaire. Là-bas, la vie quotidienne est rythmée par les départs en mer, l'élevage des rennes et la brutalité de l'hiver. Mais cette civilisation, marquée par la colonisation russe et la découverte de l'alcool, perd son identité. Dans cet ouvrage réalisé à partir de ses carnets de voyage et de ses photographies, l'auteur fait revivre ce monde méconnu et cette lumière unique : un témoignage émouvant et sensible.

4 décembre 2007

Pierrot Men, notre incontournable

Les 7es Rencontres africaines de la photo se sont ouvertes à Bamako. Madagascar y est, cette année, bien représenté, en en particulier par Pierrot Men. Un artiste au talent fou mais dont la modestie est telle qu’il n’a jamais fait d’ombre à ses confrères malgaches. Un article de Libération, ce matin, lui fait une place :
Mais à Bamako, il n’y a pas seulement des panoramas glacés et des fadas venus du nord. Dans l’autre grand musée de la capitale malienne, le Musée national, c’est la photographie africaine qui régale. Avec des travaux d’artistes de tous les pays, ou presque, du continent.
Par exemple, de superbes images noir et blanc finement composées du Malgache Pierrot Men, qui mêlent les hommes et leur environnement naturel, dans une ambiance tellurique, dramatique.
Libération, 4 décembre
A côté de lui, Maksim Seth était un autre grand, à l’aura internationale moindre sans doute, mais non négligeable. On lui rend hommage à Bamako :
En plus de l'exposition internationale dont les photos ont été choisies par un comité d'experts et qui constitue sans doute l'épicentre de l'événement, la Bibliothèque nationale accueille l'exposition dite « Hommage » qui, comme indique son intitulé rend hommage au travail de deux photographes récemment décédés : le Guyanais Serge Jongué et le Malgache Maksim Seth.
L’Essor, 26 novembre
Pour en finir avec cette rapide revue de presse, n’oublions pas que Sylvain Ralaivaohita, s’il pratique la danse, n’a pas laissé tomber la photo :
La diaspora africaine est représentée aussi, avec les vélos parisiens pris avec un téléphone portable par le Malgache Sylvain Ralaivaohita, l'Angleterre grisâtre du Ghanéen Salifu Oduro-Idriss ou les pavés urbains de la franco-algérienne Nadia Berkani.
Bamako rend par ailleurs hommage à deux photographes décédés, le Guyanais Serge Jongué et le Malgache Armand Seth Maksim.
France 2, 26 novembre

3 décembre 2007

Johnny Hallyday à Madagascar en 2009 ?

C'est une dépêche de l'AFP qui m'apporte l'information, et je me dois de la faire circuler. Johnny Hallyday a programmé sa dernière tournée pour 2009 - jusque-là, ça ne concerne que ceux qui aiment Johnny, et ce n'est que moyennement mon cas - et cette tournée devrait passer par Madagascar.
Je cite la dépêche:
Sa tournée 2009 devrait le mener dans de nombreuses villes de France, notamment dans plusieurs grands stades de province, mais également à Madagascar et à Hanoï, pour des concerts pour des œuvres humanitaires.
Comme vous le voyez, je me retranche derrière cette phrase quasi officielle. Il m'est arrivé, par le passé, d'annoncer des concerts de Jane Birkin ou de Francis Cabrel qui ont fini par ne pas avoir lieu. Méfiance, donc, malgré tout.
Il n'empêche: cette fois, cela a l'air solide puisque, d'après le quotidien suisse Le Matin, Johnny a lui-même fourni la précision hier lors du journal de 20 heures sur TF1:
Hier soir, Johnny a associé sa femme, Laeticia, à ses adieux. «Je vais aller chanter à Madagascar pour soutenir son action pour l'Unicef et sa campagne de vaccination.»
En tout cas, si sa venue se confirme, on peut parier sans risque sur un succès plus grand que celui de la Compagnie créole dont les deux concerts, vendredi et samedi, se sont soldés par un flop retentissant. Ce qui n'empêchait pas la radio branchée par le boucher du marché où je vais boire mon café le matin de diffuser encore un disque du groupe antillais. Histoire de faire regretter leur absence à ceux qui n'étaient pas aux concerts?
C'était "la" nouvelle culturelle du jour.
Et, pour ceux qui n'ont pas le temps d'attendre, il y a toujours la possibilité d'acheter son dernier disque, Le cœur d'un homme. Spécial blues...