8 janvier 2014

Il y a 100 ans : Indiscrétion

Monsieur le Rédacteur du Tamatave,
Vous avez fait si bon accueil à mes précédentes lettres que je m’en autorise pour vous écrire à nouveau.
Comme vous avez pu le constater, nos rues sont arrosées… quelquefois – je dis mal. Sont arrosées seulement nos rues principales, c’est-à-dire la rue du Commerce et une partie de son prolongement, la rue Nationale. Quant aux autres…
À ce sujet, y aurait-il indiscrétion à vous demander pourquoi le tonneau d’arrosage fait demi-tour avant d’arriver au bout de cette dernière rue ? Est-ce que les commerçants et industriels qui sont établis quelques mètres plus loin sont indignes de l’arrosage administratif ? Ou bien il y aura toujours deux poids et deux mesures ?
D’un autre côté, cet arrosage est payé par le budget de la commune auquel contribuent tous les habitants. Pourquoi n’y a-t-il que ceux de la rue du Commerce et partie de la rue Nationale qui en bénéficient ?
Est-ce parce que dans cette première rue se trouvent la Mairie, le Tribunal, la Poste, le Comptoir, les M. M., le Louvre et autres maisons importantes ?
Mais tous ces établissements ont à leur service des plantons nombreux, qui, le matin n’ont pas de grandes occupations, quelques arrosoirs d’eau avant l’ouverture des bureaux ou magasins, et rues et trottoirs seraient arrosés copieusement et mieux que ne peuvent le faire tous les tonneaux d’arrosage. Et ce serait tout autant d’économies pour le budget municipal qui, bien que florissant à l’heure actuelle, ne manque pas d’occasions pour s’employer à des travaux bien plus utiles.
Cordiale poignée de main,
P.
Transmis à qui de droit.
Le Tamatave

Le service géographique de Madagascar

Par suite de la suppression des crédits qui étaient affectés au Service géographique de Madagascar, celui-ci avait interrompu ses travaux depuis deux ans.
Les Services géographiques de l’armée, de l’École des Mines, du Muséum et de l’Académie des Sciences sont intervenus récemment auprès du ministre des Colonies pour obtenir le rétablissement de ces crédits.
M. Morel a fait savoir que, dès cette année, il leur sera donné satisfaction.

Le Courrier colonial

Madagascar en 1913,
l'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits.
Lulu, intermédiaire habituel de la Bibliothèque malgache, au format epub - sans couverture: 6,99 €
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7 janvier 2014

Il y a 100 ans : L’avenir de l’industrie aurifère dans la province de Mananjary

L’exploitation de l’or dans la province de Mananjary va en s’accroissant. Jusqu’à ce jour, les propriétaires de périmètres miniers se contentaient d’acheter directement le métal précieux aux indigènes, mais des recherches ont permis d’extraire de l’or des quartzs et des roches aurifères. Il y aurait aussi avantage à traiter les alluvions au moyen du silice, ce qui permettrait de supprimer la batée indigène. Mais pour tirer tout le parti possible des richesses aurifères de cette province, la main-d’œuvre indigène est insuffisante.
Trois mille ouvriers trouveraient certainement du travail sur les chantiers de la Sahandrambo, de la Maha, de la Saka, du Fanantara et du Sakaleone. Certains chôment, faute de bras ; d’autres pourraient fournir une production quadruple.
En 1911, la production de l’or s’est élevée à 600 kilogrammes, alors qu’elle pourrait atteindre facilement 1 000 kilogrammes, mais il faudrait pour cela favoriser l’émigration des indigènes des régions du nord vers le sud-est.
Il convient de remarquer que la plupart des propriétaires consacrent la plus grosse partie de leurs bénéfices à la création de vastes domaines agricoles, qui seront pour Madagascar une nouvelle source de richesse.
Le Courrier colonial

Elle est bien bonne, celle-là !…

Les câblogrammes que d’ordinaire nous recevons tous les jours, ont eu, jeudi dernier, une demi-journée de retard, par suite du mauvais temps.
Aussitôt notre irascible confrère de la rue Nationale de prendre ses grands airs et de s’écrier : À qui devons-nous nous en prendre ? Est-ce à l’Agence Havas où à M. le Gouverneur Général qui ne DAIGNE pas les faire transmettre ?
Allons ! un bon mouvement, M. Picquié ! Vous devez être désolé de causer le moindre ennui à notre éminent confrère ; et pour que de pareils retards ne se reproduisent plus, de grâce ! prenez un arrêté… Oh ! un tout petit arrêté, en cinq sec, comprenant deux articles seulement, le premier interdisant aux éléments d’interrompre les communications, et le second chargeant de son exécution les administrateurs-Directeurs-Rédacteurs du Journal de la rue Nationale.

Le Tamatave

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6 janvier 2014

Il y a 100 ans : Les avocats défenseurs à Madagascar

Il existe, à Madagascar, aux termes d’un arrêté du 9 juin 1896, des avocats défenseurs chargés de plaider et de conclure, ainsi que de faire tous actes nécessaires à l’instruction des causes civiles et commerciales.
Un arrêté du gouverneur général du 27 avril 1897 leur a conféré un privilège exclusif et a limité leur nombre. Cette limitation fut plusieurs fois modifiée par des textes.
Mais en 1907, le gouverneur général estima plus expédient de supprimer toute disposition limitatrice, puisque l’expérience avait prouvé qu’il fallait à tout moment, suivant les nécessités du service judiciaire, modifier cette limitation.
Il estimait qu’il y avait lieu de laisser à l’administration le droit d’agréer des candidats, par mesure individuelle, au fur et à mesure des besoins.
Cette mesure nouvelle provoqua les réclamations de plusieurs avocats défenseurs qui ont allégué que leur charge constituait un office ministériel et que la suppression d’un maximum portait atteinte à leurs droits acquis.
Ils ont donc demandé une indemnité au ministre des colonies et, sur son refus, ont saisi le Conseil d’État.
Mais la haute Assemblée, conformément aux conclusions du commissaire du gouvernement Corneille et sur le rapport de M. Wurtz, maître des requêtes, vient de décider qu’aucun des arrêtés déterminant le nombre des avocats défenseurs n’a fixé la durée pour laquelle ce nombre était arrêté et que le gouverneur général ne leur avait jamais garanti la jouissance indéfinie des avantages qui leur étaient conférés.
La requête des avocats défenseurs a donc été rejetée.
Le Temps

La protection du vanillier

Notre confrère La Tribune de Madagascar attire l’attention des planteurs de vanille sur une maladie du vanillier qui doit retenir toute leur attention.
Il est, paraît-il, facile de constater que, dans toutes les vanilleries, les feuilles de certains plants sont recouvertes d’un revêtement blanchâtre et que cet aspect tend à s’accentuer et se propager.
Nous pensons avec notre confrère qu’il s’agit d’une de ces multiples sortes de champignons, connus sous le terme générique « Érysiphaées ».
Nos compatriotes ne sauraient prendre trop de précautions en attendant que le service de l’Agriculture ait étudié la question et indiqué les mesures à prendre.

Le Courrier colonial


Madagascar en 1913,
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4 janvier 2014

Madagascar en 1913, l'intégrale en un livre numérique

Depuis des mois, vous lisez ici, comme d'autres (ou les mêmes) dans Les Nouvelles, la chronique Madagascar il y a 100 ans. Dépouiller la presse de 1913 et ce qu'elle raconte d'une île annexée par la France est un exercice riche en informations. C'est par ailleurs souvent irritant.
Forcément, toute cette presse, en particulier celle qui s'écrit en français à Madagascar ou qui rend compte, en métropole, de l'état de la colonisation, est conduite par une seule idéologie. Il ne m'appartient pas de l'analyser, d'autres l'ont fait mieux que moi et continueront à le faire.
Il m'a paru important, en revanche, de m'y frotter, parce que l'ignorance est la pire des choses. De fouiller, jour après jour, ces vieilles gazettes, ces revues oubliées pour la plupart où le nom de Madagascar revenait souvent, et avec lui des études sur la faune, la flore, les habitants surtout (pas toujours gâtés dans les commentaires). Les dirigeants, aussi, gouverneur général et administration, cibles de critiques et de commentaires jusqu'à la caricature...
Ce qui a été publié depuis le début de l'année 2013, et dont le mois de janvier 1913 a déjà été regroupé dans un ouvrage, est assez loin de correspondre à l'intégralité de la récolte. En outre, pour des raisons de mise en page dans Les Nouvelles, je suis parfois amené à couper dans des articles, tout en essayant de ne pas leur faire perdre leur sens. Ne pouvant me résoudre à laisser se perdre les deux tiers de la récolte, je l'ai donc rassemblée dans un (gros) livre, disponible depuis hier sous forme d'ebook: Madagascar en 1913.
Pourquoi pas un livre papier, alors que j'imaginais déjà le début d'une collection de beaux ouvrages reliés? Parce que c'est épais, précisément (Amazon estime la version imprimée à 734 pages), et que le coût d'un tel ouvrage, frais de port en supplément, aurait allègrement dépassé les 50 €. Cela m'a paru excessif, d'autant qu'il était possible de rester dans une fourchette de prix bien plus raisonnable avec une version électronique.
La preuve par les deux plateformes sur lesquelles l'ouvrage est disponible à la vente:

  • Lulu, intermédiaire habituel de la Bibliothèque malgache, au format epub - mais un ouvrage sans la couverture que, pour des questions techniques que je maîtrise mal, je ne suis pas parvenu à intégrer: 6,99 €
  • Amazon, qu'il est inutile de présenter, avec la couverture et le risque d'un prix variable en fonction du cours du dollar (c'est leur devise de base), au format Kindle (Calibre, un logiciel gratuit, permet de convertir aisément en epub si on ne possède pas de liseuse spécifique): 7,49 €


3 janvier 2014

Il y a 100 ans : Il est retrouvé…

Oui, on a retrouvé le fameux projet de création d’une trésorerie à Madagascar, qui était bien parti de la rue Oudinot, mais que le ministère des Finances affirmait n’avoir jamais vu entrer rue de Rivoli…
On a dû organiser une sérieuse enquête, mettre en campagne nos célébrités policières…
Enfin le projet baladeur a été discrètement arrêté ces jours derniers, et, sans doute afin de ne pas attirer l’attention, conduit à l’infirmerie spéciale du Dépôt pour y être minutieusement traité.
C’est ce qui ressort d’une petite note glissée discrètement dans la presse et que voici :
« Il a été décidé d’un commun accord entre le ministère des Finances et celui des Colonies, que l’étude de ce projet pourrait être utilement confiée à une commission interministérielle. »
Notre avis est que Madagascar peut attendre !
Cependant, c’est déjà quelque chose d’avoir retrouvé le projet de décret et nous en félicitons sincèrement M. Bluysen.
Il ne faut pas oublier que c’est grâce à deux questions écrites, lâchées coup sur coup et à bout portant par le député de l’Inde, que la résistance de la rue de Rivoli a pu être vaincue.

Les chemins de fer de Madagascar

Le Journal Officiel du 4 décembre publie la statistique provisoire des chemins de fer des colonies françaises pendant le troisième trimestre de 1913.
D’après ce document, la longueur kilométrique moyenne exploitée pendant ce trimestre sur la ligne de Brickaville à Tananarive est de 346 kilomètres et les recettes de l’exploitation s’élèvent à 725 326 francs. Cette somme, ajoutée aux recettes des deux premiers trimestres de l’année, donne un total de 1 889 014 francs, faisant ressortir la recette par kilomètre exploité à 5 460.

Conférence sur Madagascar

Le samedi 13 décembre, à 8 h. ½, aura lieu, rue du Général Lassale, sous les auspices de la Ligue coloniale française, une conférence organisée par la Société de Préparation Militaire : « Le Réveil du dix-neuvième ».
Cette conférence, présidée par notre directeur, Francis Mury, sera faite par le lieutenant Savry, de l’infanterie coloniale. Elle aura pour objet : « Les mœurs et coutumes de Madagascar, la campagne de 1895 », et sera illustrée de nombreuses projections.

Le Courrier colonial

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2 janvier 2014

Il y a 100 ans : Boissons hygiéniques

Le Tamatave appelle, sur l’importance et la portée de la décision notifiée par le télégramme ci-après, l’attention des intéressés qui ne pourront que remercier le gouverneur général de cette mesure de bienveillance.
Télégramme officiel n° 7584
Tananarive le 29 novembre 1913.
Gouverneur Général à Président Chambre Consultative.
Par mesure de bienveillance et pour me permettre de préparer et présenter au Ministre un projet de création de licence spéciale pour la vente de boissons hygiéniques, j’ai décidé de proroger d’un an jusqu’au 31 décembre 1914, le délai imparti aux débitants de boissons en demi-gros ayant obtenu licence en détail.
Le Tamatave

Les progrès de l’industrie du graphite à Madagascar

Les recherches de gisement de graphite se poursuivent avec une activité de plus en plus grande à Madagascar.
Dans le district d’Ambilobe, l’attention des prospecteurs a été attirée par des gisements dont certains ont une teneur en carbone de 10 p. 100.
Dans la province de Farafangana, on signale également la récente découverte de terrains riches en graphite à grosses paillettes.
Il ne faut donc pas s’étonner de l’augmentation considérable du nombre des bornages pour le graphite. Il y a eu 673 déclarations pour le second trimestre 1913 alors qu’il n’y en avait eu que 136 en 1911 et 192 en 1912 pendant la période correspondante.
La quantité de graphite exportée au cours du premier semestre 1913 s’est également accrue dans de très sensibles proportions, elle a atteint 2 406 256 kilogrammes d’une valeur de 1 051 700 francs, ce qui représente une augmentation de 1 285 000 kilogrammes et de 739 542 francs sur la période correspondante de 1912 qui avait donné 1 120 865 kilogrammes valant 312 158 francs.
La qualité du minerai et le grand nombre des gisements semblent devoir mettre bientôt Madagascar au premier plan parmi les pays producteurs de graphite. Déjà six usines de raffinage fonctionnent, et il est à présumer qu’en raison de l’importance de la production, d’autres usines seront installées.

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1 janvier 2014

Il y a 100 ans : La culture du café à Madagascar

Ce blog va passer doucement de 1913 à 1914, pendant que nous sommes arrivés, déjà, dans la vraie vie, en 2014...Bonne année à toutes les lectrices et tous les lecteurs.

De même que toute thèse a ses partisans et ses détracteurs, celle de savoir si le caféier doit ou non être cultivé à l’abri des rayons du soleil, a fait l’objet de nombreuses discussions entre les planteurs de Madagascar.
La culture du café prenant une extension de plus en plus importante dans la Grande Île, nous avons prié quelques-uns de nos correspondants de nous faire connaître leur avis.
L’un d’eux, partisan de la culture du caféier sans ombrage, nous donne comme principale raison de ce système, que depuis longtemps à Madagascar, on cultive le café et que jusqu’ici on a obtenu de fort bons résultats sans que le caféier ait été protégé contre les rayons du soleil.
À l’appui de sa manière de voir, il nous cite d’immenses terrains situés sur la côte, plantés de superbes caféiers liberias ou malgaches dont les branches plient sous le poids des fruits.
Beaucoup de colons, nous dit un de ces correspondants, sont, au contraire, d’avis que la méthode consistant à ombrager le caféier est la meilleure.
Tous ceux, en effet, qui depuis de longues années s’adonnent à cette culture, se décident après avoir planté le caféier en plein soleil, à le faire pousser à l’ombre. Le caféier produit davantage au soleil mais il dépérit aussi beaucoup plus vite.
En ce qui concerne le choix des arbres destinés à ombrager le caféier, les avis sont également partagés.
D’aucuns préfèrent le simple bananier ; d’autres plantent entre les lignes de caféiers comme tuteurs des pignons d’Inde, dont la feuille tombe en hiver, époque où le caféier est en fleurs, et où il a besoin d’air et de soleil.
Mais le pignon d’Inde a le grave inconvénient, quand il n’a pas atteint une hauteur suffisante, de ne pas abriter le caféier et de constituer une sorte d’obstacle à la pénétration de l’air entre les lignes protégées.
Les deux meilleurs arbres d’abri pour le caféier, semblent être le bois noir ordinaire et le lilas. Tous deux se dépouillent de leurs feuilles à l’époque précise de la floraison du caféier, pour se revêtir à nouveau de leur feuillage au moment des chaleurs.
Enfin, au bout de quelques années, bois noir et lilas deviennent des arbres utiles et de valeur comme essences d’ébénisterie et de charronnage.

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31 décembre 2013

Il y a 100 ans : Lettre d’un broussard (2)

(Suite et fin.)
Il y a plus encore.
C’est aujourd’hui dimanche ; mes ouvriers sont on balade : j’ai donc le temps de vous exposer ma manière de voir, qui, du reste, est celle de tous les voisins avec qui j’ai eu l’occasion d’en parler. Voici :
Quand M. Picquié est arrivé à Madagascar, il connaissait peu, ou imparfaitement du moins, la colonie et ses besoins. Puis il n’a pas tardé à s’apercevoir qu’il ne pouvait pas compter sur ses auxiliaires, du moins sur la plupart d’entre eux.
Alors, en administrateur avisé, consciencieux, vraiment à la hauteur de sa mission, il s’est mis à étudier le pays afin de se rendre compte par lui-même de ses besoins. Cela, on n’est pas venu nous le conter ; nous l’avons vu nous-même à l’œuvre de nos propres yeux.
Et c’est au moment où il vient d’acquérir cette expérience qui lui manquait, au moment où il connaît, en détail, les besoins de la Colonie et ses ressources, qu’il a étudié minutieusement les moyens de donner satisfaction à ces besoins en mettant ces ressources à profit, au moment, par conséquent, où il est le plus apte à rentre des services à notre colonie, c’est à ce moment-là, dis-je, qu’on l’éloignerait de Madagascar ?
Oh non !… ce serait un défi au bon sens et il y a lieu de croire, plus que jamais, que ce dernier règne encore en terre de France.
Que M. Picquié aille prendre quelques mois d’un repos bien gagné, rien de plus naturel et de plus légitime.
Mais qu’il nous abandonne ou qu’on le remplace au moment où il peut nous être plus utile, c’est ce que nous, colons, nous ne pouvons comprendre. Le gouvernement libéral que la France s’est enfin donné, n’y prêtera pas la main, dussent tous les blocards en crever de dépit.
M. Picquié doit à la Colonie, et se doit à lui-même de compléter son œuvre. C’est un droit et un devoir pour lui.
Du reste, rien de plus désastreux pour la bonne marche d’une colonie que ces à-coups, ces changements fréquents dans sa direction. À tout propos on nous cite les Anglais comme colonisateurs modèles. Mais eux ont soin de laisser quinze et vingt ans le même gouverneur à la tête d’une même colonie ; ils sont logiques. Qu’on les imite au moins en cela !
Excusez mon bavardage et cordialement à vous.
B.

Le Tamatave

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30 décembre 2013

Il y a 100 ans : Lettre d’un broussard (1)

Ankorabé, 16 novembre 1913.
Cher Monsieur,
Le respect s’en va !… C’est ce que dit un journal qui m’est arrivé avec pas mal de retard, car la poste, dans la brousse, ne va ni vite ni régulièrement, quand on ne va pas soi-même chercher son courrier.
Et oui !… le respect s’en va !… Nous en savons quelque chose, nous pauvres planteurs que les ouvriers que nous employons traitent de la façon la plus cavalière et souvent la plus insultante. Ils travaillent quand ils veulent, et, il n’y a pas de contrat qui tienne, ils s’en vont quand ils veulent.
Le conseil d’arbitrage, me direz-vous ? Ah ! l’excellente blague, bonne tout au plus à perdre notre temps et notre argent, ainsi qu’à mettre en fuite les ouvriers qui restent, lesquels ont soin de nous planter là, juste au moment où la récolte a le plus besoin d’eux. Il n’y a qu’un moyen, si vous ne voulez pas être ruiné, celui de courber la tête et de ne rien dire.
Mais aussi, si le respect s’en va, à qui la faute ? L’exemple, ou plutôt la leçon, vient de haut, et les Malgaches qui sont de fins observateurs, comme tous les peuples primitifs, s’appliquent à nous imiter dans le bon comme dans le mauvais, et plus facilement dans le mauvais, cela va de soi.
Ceux qui viennent de la ville leur commentent, en les exagérant, ce que disent les gazettes, et je ne saurais vous dire à quel point certains d’entre eux sont contents de voir les insultes que certaine presse, qui se prétend française, déverse tous les jours sur ce qui, dans ce pays éloigné, conquis d’hier, a le droit à tous les respects et à la plus complète soumission, c’est-à-dire au principe même d’autorité qui représente ici la souveraineté française.
Et c’est nous, colons perdus dans la brousse qui en supportons le contrecoup, car, aux yeux de ces primitifs, nous faisons partie, comme Français, de ce principe d’autorité qu’ils voient, avec une satisfaction qui se comprend, bafoué et foulé aux pieds.
Enfin, à quoi veut-on en venir avec ces attaques immondes contre notre gouverneur général qui, ici, personnifie la France ? Que lui reproche-t-on ? Quel est le grief relevé contre lui ?
Le Tamatave
(À suivre.)

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28 décembre 2013

Il y a 100 ans : Comme on écrit l’Histoire (2)

(Suite et fin.)
Vieillard débile et impotent !… Mais alors que direz-vous des hommes éminents qui président aux destinées mêmes de la France, autrement importantes, ce semble, que celles de Madagascar ? Vous oubliez l’âge des Combes, des Clemenceau, des Étienne, des Fallières, des Loubet et tant d’autres, tous plus âgés que lui. M. Poincaré lui-même, qui passe pour un jeune, arrive à l’âge de M. Picquié. Selon votre manière de voir, il faudrait, – ce sont des vieillards, – fendre l’oreille à toutes ces éminentes personnalités ?… Ce serait du propre !…
Incapable de remplir la lourde tâche qui lui incombe…
Par hasard, est-ce nous habitants de Tamatave, qui avons à nous plaindre de la gestion de M. Picquié ?
Entre bien d’autres choses, n’est-ce pas à lui que nous devrons la construction du port, dont M. Augagneur – qu’on élogie maintenant qu’il n’y est plus, – n’avait pas osé entreprendre même l’étude ?
L’opinion réclame une mesure rigoureuse et immédiate… Elle est bien pressée cette opinion !… Au fait !… C’est la même sans doute qui vous avait forcé à pousser, d’une façon si opportune et si patriotique, en mars dernier, ce cri fameux : Pas de fêtes pour M. Picquié ?…
Et dans une population aussi importante que celle de Tamatave, cette opinion était composée de… quatre personnalités, que les mauvais plaisants félicitent encore de leur… intrépidité ! À parier, cher et éminent confrère, qu’aujourd’hui, l’opinion que vous invoquez ne réunit même pas cette majorité des quatre personnalités dont s’agit !…
Avouez que vous n’êtes pas heureux dans votre campagne contre M. Picquié. Il vous est impossible – et je vous mets au défi – de préciser un fait, un seul, de mauvaise gestion que vous puissiez relever contre lui, et donner en pâture à la curiosité maligne de vos lecteurs.
Et alors ? Alors cette impossibilité où vous êtes fait l’éloge de son administration, et il ne peut que vous remercier pour votre attitude… qui ne cause de préjudice… qu’à vous seul !
Pour le surplus, Le Tamatave s’associe sans restriction aux idées exprimées par un Broussard dans la lettre que nous publions plus loin.

Le Tamatave

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23 décembre 2013

Il y a 100 ans : Comme on écrit l’Histoire (1)

Basile a laissé de nombreux successeurs qui sont venus croître et multiplier jusque dans Madagascar.
Que nos lecteurs en jugent :
Jaloux des lauriers conquis par feu le Progrès de Madagascar dans l’art de… dire juste le contraire de la vérité, notre éminent confrère de la rue Nationale, à défaut de la copie qui ne lui vient plus de Tananarive, se fait l’écho d’une diatribe qu’un compétiteur malpropre ou un mécontent évincé a expectoré le long des colonnes des Annales Coloniales.
Encore, jusqu’à un certain point, ces dernières sont excusables, car à la distance où elles se trouvent de Madagascar, elles ont pu, de bonne foi, être induites en erreur par un correspondant malhonnête et mal intentionné, dont elles ne peuvent facilement contrôler les allégations.
Mais ici, à Madagascar, où nous avons sous les yeux, au grand jour, tant la personne que les faits et gestes de M. Picquié, ces allégations n’ont pas d’excuse, et ne s’expliquent que par une inconcevable autant qu’insigne mauvaise foi !… À moins que ce ne soit par rancune pour quelque… faveur ou emploi que le Gouverneur Général se serait vu dans l’obligation de refuser !…
Mais nous parler de décrépitude physique et morale, à nous, les colons de Madagascar et principalement de Tamatave, qui, de nos propres yeux, avons pu, et pouvons tous les jours, constater combien cette allégation est fausse, pour qui nous fait-on l’injure de nous prendre ?
Vieillard débile et impotent, ce gouverneur qui dans une tournée d’inspection à travers une région immense, chaotique, presque déserte, et encore incomplètement soumise, vient de passer quarante-cinq jours en filanzana, sans qu’on ait constaté chez lui aucune marque de fatigue ? Serait-ce, par hasard, à l’administration du Journal de Madagascar qu’on aurait pu se permettre un pareil tour de force ? On y oublie qu’il sied mal de parler de corde dans la maison d’un pendu. Ou bien exige-t-on, comme gouverneur, un hercule de la foire aux pains d’épices ?
(À suivre.)

Le Tamatave

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22 décembre 2013

Il y a 100 ans : Diégo-Suarez réclame toujours des travailleurs

La question de la main-d’œuvre continue à être l’objet des doléances des colons de Diégo-Suarez.
Ils insistent sur la nécessité de lui assurer la stabilité nécessaire en donnant à l’indigène un livret semblable à celui qui existait autrefois dans la métropole pour les ouvriers et sur lequel, outre les renseignements déjà en usage, seraient apposées la photographie et l’empreinte du pouce du titulaire.
L’insuffisance de la main-d’œuvre dans cette région est telle que le chef du service des Travaux publics a dû demander pour son service deux cents Antaimoros de la province de Farafangana.
La Chambre Consultative a également émis le vœu que l’administration fasse venir de la même province les bourjanes nécessaires aux administrations. L’excédent serait mis à la disposition des particuliers qui en manquent toujours.
Malheureusement, les hautes sphères administratives n’ont pas l’air de s’émouvoir de cette situation et aucune solution favorable n’intervient.
C’est d’autant plus fâcheux que la province de Diégo-Suarez ne prend pas, faute de bras, l’essor économique qu’elle devrait avoir.
Enfin, ajoute notre correspondant, si on se décide à nous envoyer des travailleurs de Farafangana, qu’on les embarque à bord du paquebot. Ils pourront ainsi arriver en quelques jours, tandis qu’ils mettront au moins deux mois pour faire le trajet à pied !

Les gisements de nickel à Madagascar

Une nouvelle exploitation semble devoir prendre une grande importance dans la Grande Île, c’est celle du nickel.
Jusqu’ici, la Nouvelle-Calédonie a tenu le record de la production de ce minerai.
Or, un gisement de garniérite, très important, reconnu par une société anglaise, près d’Ambositra, aurait une teneur moyenne de 1 % de nickel.
Ce gisement, qui peut être desservi par Mananjary, est situé sur les hauts plateaux à proximité de la forêt de l’est, près d’une chute d’eau pouvant fournir une force motrice importante.
Le fret de descente jusqu’au port serait de 55 francs la tonne, auquel il conviendrait d’ajouter 12 francs pour frais d’embarquement. Le transport jusqu’à Marseille ou au Havre coûterait de 40 à 60 francs.

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19 décembre 2013

Il y a 100 ans : Le Musée de Tananarive s’enrichit

Grâce à l’arrêté qu’a pris récemment M. Picquié, interdisant la sortie de la Grande Île de tout objet ancien, Tananarive pourra posséder un musée complet d’ethnographie malgache.
Ce qui s’est produit pour la capitale du Dahomey ne se produira donc pas pour Tananarive et nous n’aurons pas à aller à Londres, Berlin ou Bâle pour admirer les richesses artistiques de notre colonie.
Aucun édifice n’était mieux approprié pour recevoir ce musée que l’ancien palais de la reine, bâti par un Français et restauré quand M. Picquié arriva dans la colonie. Le Musée ethnographique y est réellement à sa place.
La collection des lambas forme sa plus grande richesse. Et l’industrie dentellière malgache pourra y trouver ses motifs dans ces étoffes de soir versicolores, animées de fleurs à l’indienne, ornées de motifs géométriques à l’arabe. On sait que les riches Hovas se drapaient dans ces étoffes et que les lambas funéraires, souvent alourdis de pièces d’argent, n’étaient pas les moins luxueux.
On admire également dans ce musée de très curieuses fresques peintes au dix-neuvième siècle par les Malgaches, et bientôt on y verra à côté de ces peintures primitives, les toiles recueillies par M. Dumoulin qui doivent aller augmenter la richesse de ce musée.
Le Courrier colonial

Tribunal correctionnel

Dans son audience du 18 novembre, le Tribunal correctionnel et de simple police de Tamatave a prononcé les condamnations suivantes :
François Thomas, défrichement par le feu de terrains domaniaux, 5 francs d’amende.
Fontaine Louis Eugène, ivresse, 5 fr. d’amende.
Kiba, infraction à l’arrêté municipal du 6 janvier 1910 interdisant de faire paître des animaux sur le territoire de la Commune de Tamatave, 5 fr. d’amende. – M. C. B., son employeur, est civilement responsable.
Madame Veuve L. E., A. A., V. et V. C., même motif et même condamnation.
L. A., violences et voies de faits, un mois de prison par défaut.
Prémont Charles, ivresse et outrages envers un agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions, un mois de prison par défaut.
T. N., violences et voies de fait, 15 jours de prison avec sursis.

Le Tamatave

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17 décembre 2013

Il y a 100 ans : Les communications entre Tananarive et Majunga (3)

(Suite et fin.)
Les nombreux partisans de la voie fluviale disent : il n’y a pas plus de 70 à 80 kilomètres d’Ambato au confluent actuel de la Betsiboka avec l’Ikopa au sud de Marololo. Pour rendre cette partie navigable en toute saison, il suffirait d’un dragage continuel ou de l’établissement, de distance en distance, de barrages biais, autour desquels les sables amoncelés renforceraient les berges et obligeraient le fleuve à rester dans son lit, à creuser lui-même son chenal.
Nous ne sommes pas assez documenté pour apporter ici les mêmes précisions de prix que pour la route, mais tout le monde est d’accord pour dire que même la construction d’un canal latéral serait moins onéreuse que celle d’une route d’Ambato à Maevatanana.
En résumé, j’estime que le budget local ferait une sérieuse économie en préférant à la route projetée de Maevatanana à Ambato, la voie fluviale actuelle, améliorée et complétée. Le premier de ces deux projets est non seulement inutile, il est encore désastreux, car son exécution aurait pour résultat de laisser à l’abandon une excellente voie naturelle pour en construire une de toutes pièces, qui ne représenterait pour les transporteurs ni économie de temps ni économie d’argent.
Évidemment, ce ne serait pas la première fois que pareil fait se produirait à Madagascar. Les officiers du génie qui ont établi la voie ferrée de Tananarive à Brickaville, semblent bien avoir cherché les obstacles pour avoir le mérite d’en triompher. Ils ont ainsi prodigué des millions dont l’emploi n’aurait pas été difficile à trouver ailleurs. Mais le temps où l’on pouvait dépenser sans compter est passé, M. Francis Mury le disait ici même mardi dernier. La métropole refuse à Madagascar l’autorisation de contracter un emprunt pour exécuter des travaux d’utilité publique d’une importance indiscutable. Il faut donc écarter les projets coûteux pour adopter ceux qui ne nécessitent pas des dépenses trop élevées.
Si les raisons en faveur de l’amélioration du cours de la Betsiboka ne paraissent pas à tous suffisantes pour faire pencher la balance au profit de ce projet, l’économie qu’il représente devrait lui rallier tous les colons de la côte Ouest de la Grande Île.
Jean Payraud.

Le Courrier colonial

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16 décembre 2013

Il y a 100 ans : Les communications entre Tananarive et Majunga (2)

(Suite.)
Lorsque la route sera établie entre ce dernier point et Ambato, le prix s’élèvera à 105 francs, ainsi qu’il est facile de le prouver.
De Majunga à Ambato les frais de transport resteront les mêmes, soit 15 francs la tonne. La route d’Ambato à Maevatanana par Ambala-Zanakaomby aura une longueur d’au moins 180 kilomètres. Or, les transports par les moyens actuels, c’est-à-dire par les charrettes à bœufs, reviennent à 50 centimes le kilomètre, soit 90 francs, et 90 et 15 font bien, à Madagascar, 105 francs.
Il n’y aurait donc pas économie, mais bien perte d’argent. Celle-ci serait-elle compensée par une économie de temps ? Pas davantage. Les marchandises qui empruntent aujourd’hui la voie fluviale mettent cinq à six jours pour effectuer le trajet entre Majunga-Maevatanana. Elles en mettront douze à quinze pour faire le voyage par terre. Voilà les résultats… à l’envers que nous obtiendrons, et cela au prix de quels sacrifices ?
Car cette route n’a même pas l’excuse d’être réalisable à peu de frais. Son établissement serait beaucoup plus coûteux que la mise en état de navigabilité de la Betsiboka tout au moins jusqu’à Marololo. En effet, elle nécessiterait notamment sur la Betsiboka la construction d’un pont de quelques centaines de mètres dont le prix de revient dépasserait 2 millions.
Ce chiffre n’est aucunement exagéré, attendu que les assises des piles devraient être établies à 7 ou 8 mètres de profondeur, et avoir semblable hauteur au-dessus de l’étiage. De plus, il faudrait faire un tablier assez large pour recevoir, à plus ou moins lointaine échéance, une voie ferrée, fût-ce un simple Decauville. On ne comprendrait pas, en effet, un pont qui devrait être repris entièrement dès que la vie économique acquerrait une plus grande activité.
On peut estimer, d’autre part, que l’établissement, sur 180 kilomètres, d’une chaussée susceptible de résister aux pluies diluviennes qui s’abattent sur la région, exigerait également plusieurs millions.
Ainsi donc, nous arrivons à une dépense totale que les personnalités compétentes estiment devoir atteindre sept à huit millions.
(À suivre.)
Le Courrier colonial

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15 décembre 2013

Il y a 100 ans : Les communications entre Tananarive et Majunga (1)

Si aujourd’hui les communications entre Tananarive et la côte Est s’effectuent avec une très grande rapidité, il est loin d’en être de même entre Tananarive et la côte Ouest.
Les colons de Majunga se plaignent à bon droit d’être fort mal reliés au chef-lieu de la colonie. Le service automobile qui existe entre Tananarive et Maevatanana a été considérablement réduit et, d’autre part, les relations entre ce dernier point et Majunga sont, comme le disait récemment le Courrier colonial, d’une extrême lenteur.
Aussi, nos compatriotes de la côte Ouest en réclament-ils avec instance l’amélioration, sans être toutefois bien d’accord sur les moyens qui permettront de leur donner satisfaction.
Quelques-uns sont partisans de la création d’une route allant de Marololo à Ambalanja-Komby et de là au Kamoro. Mais beaucoup estiment, nous écrit un colon de Madagascar, M. Guignabert, que c’est l’achèvement de la route Maevatanana-Marololo qui s’impose tout d’abord, en dépit des difficultés qui se sont considérablement accrues depuis que le cours de la Betsiboka s’est modifié.
En même temps, une mission hydrographique pourrait étudier l’établissement d’un chenal rendant la navigation possible en toute saison d’Ambato à Marololo, et, une fois la rivière navigable, il serait aisé d’effectuer les transports dans des conditions particulièrement économiques entre ce dernier point et Ambalanja-Komby.
Autrement dit, les colons de la côte Ouest ont-ils intérêt à voir améliorer et compléter la voie fluviale actuelle, ou doivent-ils demander la création d’une voie terrestre ?
Quand il s’agit de problèmes de ce genre les préférences doivent aller, bien entendu, à la voie qui permet de réaliser à la fois des économies de temps et d’argent.
Or, la route à construire assurerait-elle pour les transports une économie sur la voie fluviale ? Aucunement.
À l’heure actuelle, de Majunga à Maevatanana le coût de la tonne est de 45 francs.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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