Il y a des gens qui
s’obstinent à ne pas vouloir comprendre pourquoi les coloniaux se montrent si
empressés à regagner leurs pénates coloniales après un court séjour en France.
La raison en est cependant simple comme une formule de politesse administrative.
C’est qu’ils ne s’y meuvent pas à l’aise. Dans le temps un homme, dont
l’existence tint une grande place dans les préoccupations du monde, que par
convention on appelle toujours civilisé, Bismarck, écrivit une satire mordante
des mœurs de l’époque (1860) et de l’esprit de discipline qui régnait au beau
moment de l’autorité impériale : « … on ne peut se tenir tranquille,
sans entendre à côté de soi : Circulez
s’il vous plaît. Je ne serais pas étonné de voir au lever du matin un
visage avec moustache et impériale sous un chapeau de guingois qui me dise avec
la politesse d’un gardien de prison : Pissez
s’il vous plaît, changez de chemise s’il vous plaît. On cesse de se
moucher, d’éternuer à sa volonté dès qu’on met le pied dans cette
ornière. »
Nous, les coloniaux
d’aujourd’hui, sommes comme le Bismarck de 1860, nous voulons pouvoir éternuer
sans qu’on nous y invite.
*
Il paraît, dit un journal
métropolitain, que la résolution de la question immigration main-d’œuvre à
Madagascar est excessivement grave. Elle nécessite l’intervention de la maison
qui est au coin du quai.
Or, comme par là on est
assez embarbouillé par les histoires de brigand, provoquées par
l’intransigeance de Monsieur Ferdinand, il y en a pour un sacré moment avant
que l’on s’en occupe.
D’autre part, comme au
ministère, il faut se préoccuper de la pénurie des ronds de cuir, de donner
satisfaction aux amicales de budgétivores, de pourvoir aux nominations de
gouverneurs, etc., etc., à propos des nominations de gouverneurs indigènes, il
paraît qu’il fut à un moment donné question de tirer au sort entre les
administrateurs en chef et les secrétaires généraux, mais le garçon du bureau
du ministre a fait remarquer que c’était contraire aux usages.
Au fond, pour nous
colons, ça n’a pas d’importance, ce qui en a, c’est que nos affaires sont
reléguées à l’arrière-plan.
« Des Petites Affiches. »
Le Progrès de Madagascar
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