4 septembre 2013

Il y a 100 ans : La haine de la France

Le temple protestant d’Avaratr’ Andohalo est devenu le centre d’une active propagande cléricale et anti-française depuis que le Comité de la « Jeunesse Chrétienne », autorisé par M. Picquié, y a élu domicile.
Nous apprenons, en effet, qu’en suite d’une série de conférences sur l’alcoolisme, inaugurées par le Dr Ranaivo et poursuivies par le sieur Rasafimahefa, membre de ce comité, le sieur Ravelojaona, l’un des membres les plus fanatiques de l’association, vient de donner libre cours aux rancunes protestantes contre les idées françaises.
Ce huguenot a solennellement déclaré que c’est parce que la race française est la plus alcoolique de la terre que la population de la France baisse lamentablement. Il a ajouté, montrant ainsi ses grandes oreilles, que notre pays était aussi le pays des libertins, et en a profité pour établir un parallèle tout à l’avantage de l’Angleterre, pays de boissons hygiéniques et de bonnes mœurs.
Si bien choisi que fût l’auditoire, beaucoup d’indigènes ont murmuré contre ces déductions étroites et tendancieuses.
Il se peut que l’alcool soit nuisible à la race, mais le président à robe courte aurait dû savoir que nos populations les plus prolifiques sont souvent les plus alcooliques, à preuve nos populations arriérées de Bretagne où l’alcoolisme se concilie parfaitement avec le sectarisme religieux. Il aurait dû savoir aussi que, si notre population n’augmente que lentement, elle est loin de diminuer puisque, de 36 millions en 1870, elle a monté à près de 40 millions à ce jour.
Il ne devrait enfin pas ignorer que l’Angleterre ne consomme pas que du thé et que le whisky y est en particulière faveur.
Tout cela ne compte pour rien pour des cerveaux obtus dont le sectarisme ne sait qu’une chose : l’antinomie de la France libertaire avec le dogmatisme clérical.
Et pourquoi se gêner : M. Picquié, le représentant de la République, n’a-t-il pas constamment la bouche en cœur pour accueillir les prêches missionaristes ?
Marianne est bonne fille, mais qu’on y prenne garde, elle pourrait se fâcher.

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