(Suite.)
Après avoir franchi la
zone marécageuse et être arrivé sur les hauteurs de Farafatra, le chemin n’est
plus qu’une série de montagnes russes, où la virtuosité malgache semble s’être
donné libre carrière pour rendre impossible tout autre moyen de transport et de
locomotion que le bourjane et le filanzane, et pour allonger la route d’une
façon invraisemblable en la faisant revenir constamment sur elle-même.
Mais comme on est bien
récompensé des fatigues et des émotions quand on arrive au sommet de la dernière
colline qui borde la rive gauche de l’Ivondro. Là, une vue splendide s’offre à
votre regard, et vous l’apprécierez d’autant plus que pendant des heures vos
yeux n’ont eu à contempler que la région absolument désertique et dénudée que
vous traversiez.
À vos pieds se déroule en
larges méandres le beau fleuve de l’Ivondro, parsemé d’îlots boisés et bordé
partout d’une ceinture d’arbres vert foncé.
Puis, à perte de vue, sur
les deux rives du fleuve, et grimpant jusqu’au sommet des coteaux, l’œil contemple,
avec l’étonnement et la surprise que l’on devine, des enfilades sans nombre de
plantes régulièrement disposées.
Nous sommes sur les
terres de M. Peyronnet qui s’empresse de venir au-devant de nous, avec la
cordialité qui le caractérise et semble tout heureux de nous faire les honneurs
de son beau domaine. Il est tout naturel qu’il trouve quelque satisfaction à
nous voir admirer l’œuvre qu’on peut qualifier de gigantesque, accomplie par
lui en moins de deux ans de labeur, car il n’y a que dix-huit mois qu’il a
commencé ses travaux.
Le secret de cette
fécondité et de cette rapidité de production est dans la façon dont les terres,
excellentes en elles-mêmes, ont été préparées.
Puis une distribution
intelligente du travail et un ordre parfait existent parmi ces centaines
d’ouvriers qui, s’ils sont menés d’une main ferme, sentent du moins que cette
main est tout à fait paternelle.
Je n’entrerai pas dans le
détail de cette organisation modèle, car cela m’entraînerait trop loin et
dépasserait de beaucoup le cadre de ma lettre, déjà beaucoup plus longue que je
ne comptais la faire en commençant.
(À suivre.)
Le Tamatave
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
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