19 septembre 2013

Il y a 100 ans : Une excursion sur l’Ivondro (2)

(Suite.)
Après avoir franchi la zone marécageuse et être arrivé sur les hauteurs de Farafatra, le chemin n’est plus qu’une série de montagnes russes, où la virtuosité malgache semble s’être donné libre carrière pour rendre impossible tout autre moyen de transport et de locomotion que le bourjane et le filanzane, et pour allonger la route d’une façon invraisemblable en la faisant revenir constamment sur elle-même.
Mais comme on est bien récompensé des fatigues et des émotions quand on arrive au sommet de la dernière colline qui borde la rive gauche de l’Ivondro. Là, une vue splendide s’offre à votre regard, et vous l’apprécierez d’autant plus que pendant des heures vos yeux n’ont eu à contempler que la région absolument désertique et dénudée que vous traversiez.
À vos pieds se déroule en larges méandres le beau fleuve de l’Ivondro, parsemé d’îlots boisés et bordé partout d’une ceinture d’arbres vert foncé.
Puis, à perte de vue, sur les deux rives du fleuve, et grimpant jusqu’au sommet des coteaux, l’œil contemple, avec l’étonnement et la surprise que l’on devine, des enfilades sans nombre de plantes régulièrement disposées.
Nous sommes sur les terres de M. Peyronnet qui s’empresse de venir au-devant de nous, avec la cordialité qui le caractérise et semble tout heureux de nous faire les honneurs de son beau domaine. Il est tout naturel qu’il trouve quelque satisfaction à nous voir admirer l’œuvre qu’on peut qualifier de gigantesque, accomplie par lui en moins de deux ans de labeur, car il n’y a que dix-huit mois qu’il a commencé ses travaux.
Le secret de cette fécondité et de cette rapidité de production est dans la façon dont les terres, excellentes en elles-mêmes, ont été préparées.
Puis une distribution intelligente du travail et un ordre parfait existent parmi ces centaines d’ouvriers qui, s’ils sont menés d’une main ferme, sentent du moins que cette main est tout à fait paternelle.
Je n’entrerai pas dans le détail de cette organisation modèle, car cela m’entraînerait trop loin et dépasserait de beaucoup le cadre de ma lettre, déjà beaucoup plus longue que je ne comptais la faire en commençant.

(À suivre.)
Le Tamatave

Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
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