On nous écrit :
M. le Gouverneur
Général nous envoya, dit-on, un Chef de Province, les poches bourrées de bonnes
intentions, l’enfer en est pavé. L’on ajoute que notre Premier reçut également
des ordres très nets et très précis, entre autres : « Celui d’administrer
lui-même et de le faire sainement, justement sans coteries »…
Eh bien, comment notre
« Honorable » s’acquitte-t-il de sa tâche ?
Administre-t-il lui-même
ou se laisse-t-il berner par quelques personnages intéressés, ou quelques
sous-fifres de son entourage ?… Aurait-il déjà oublié que son prédécesseur
fut soigné d’une très piteuse façon, parce qu’un de ses subordonnés associé à
un grand manitou s’étaient complus à le flanquer dans la mélasse ! – Ne
commencerait-il pas déjà à faire la tête
aux têtes qui ne lui plaisaient pas, lors du règne de l’illustre Cartron !
N’aurait-il pas déjà
donné des preuves tangibles du souci qu’il a des intérêts qui lui sont
confiés ; des intérêts financiers
de la Colonie, nous voulons dire en « oubliant » purement et simplement
de reporter sur les rôles de perception des taxes de 1913, 6 ou 700 bœufs
appartenant à certain propriétaire. Maître Cartron lui fit jadis bien des
passe-droits, mais le souci de la vérité nous oblige à reconnaître qu’il n’alla
cependant pas jusqu’à lui sacrifier les finances de la Colonie.
Il serait intéressant de
connaître l’avis du Gouverneur Général sur ce petit tour de
prestidigitation ; si beaucoup de fonctionnaires s’en permettaient souvent
de pareils, M. Picquié serait moins fier de la caisse d’avance.
Continuez, M. le
Chef de Province ! vous auriez tort de vous gêner, où il y a de la gêne,
il n’y a pas de plaisir, dit un vieux proverbe.
Hixe.
P.-S. Quelques broussards
se réveillèrent stupéfaits l’autre matin… ils aperçurent des Malgaches pressés
par bandes et armés d’angady… « Nettoyage des chemins »,
entendirent-ils…
Hélas ! après
information, on sut que les Malgaches ne devaient nettoyer que les chemins par
où devait passer l’administrateur zélé, flanqué de son chef de district.
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