25 septembre 2013

Il y a 100 ans : Une excursion sur l’Ivondro (6)

(Suite.)
Ce qu’il y a de plus irritant encore dans cette négligence voulue qui a fait se détruire le canal d’Ivondro à Tamatave, c’est que cela n’a été fait que pour favoriser la Compagnie des Messageries françaises, concessionnaire du canal des Pangalanes, en obligeant tout le trafic de la vallée de l’Ivondro et du Sud à passer par ses mains.
Et cela a été fait en plein dix-neuvième siècle, au mépris de la loi et en violation formelle du contrat intervenu entre la colonie et la Compagnie concessionnaire qui, ayant établi une voie ferrée d’Ivondro à Tamatave, était tenue d’exécuter ce qui est stipulé en l’art. 5 de son cahier des charges, dont la teneur suit :
« Art. 5. – Le concessionnaire sera tenu de maintenir les communications existantes des deux côtés de la voie navigable ou de la voie de fer qu’il établira, au moyen soit de ponts, soit de barques, selon les dispositions qui seront arrêtées par le Gouverneur Général, eu égard aux besoins de la circulation. »
Non seulement elle n’a pas entretenu ce canal en bon état de circulation, mais encore, avec la complicité de l’Administration, elle a défendu d’y passer, tant aux colons qu’aux indigènes, et cela sous menaces de procès-verbaux et de poursuites en justice.
Cette manière d’agir, aussi inique qu’anticoloniale, a-t-elle profité beaucoup à la Cie des Messageries françaises et a-t-elle fait affluer les recettes dans sa caisse ?
Pas le moins du monde ! Elle n’a fait que nuire à ses propres intérêts, tout en ruinant les colons établis dans la zone desservie par elle, obligeant ceux qui ont pu fuir à aller porter ailleurs leur activité et leur intelligence, je ne dis pas leurs capitaux, puisqu’ils partaient ruinés.
Les indigènes en ont fait autant et les villages dans cette zone se sont dépeuplés.
Puis, on criera bien haut que les colons, quand ils se plaignent, ne sont que des grincheux, des êtres insupportables qu’il n’y a pas moyen de contenter.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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