(Suite.)
Ce qu’il y a de plus
irritant encore dans cette négligence voulue
qui a fait se détruire le canal d’Ivondro à Tamatave, c’est que cela n’a été
fait que pour favoriser la Compagnie des Messageries françaises,
concessionnaire du canal des Pangalanes, en obligeant tout le trafic de la
vallée de l’Ivondro et du Sud à passer par ses mains.
Et cela a été fait en
plein dix-neuvième siècle, au mépris de
la loi et en violation formelle du contrat intervenu entre la colonie et la
Compagnie concessionnaire qui, ayant établi une voie ferrée d’Ivondro à
Tamatave, était tenue d’exécuter ce qui est stipulé en l’art. 5 de son
cahier des charges, dont la teneur suit :
« Art. 5. –
Le concessionnaire sera tenu de maintenir
les communications existantes des deux côtés de la voie navigable ou de la voie
de fer qu’il établira, au moyen soit de ponts, soit de barques, selon les
dispositions qui seront arrêtées par le Gouverneur Général, eu égard aux
besoins de la circulation. »
Non seulement elle n’a
pas entretenu ce canal en bon état de circulation, mais encore, avec la complicité de l’Administration, elle
a défendu d’y passer, tant aux colons qu’aux indigènes, et cela sous menaces de procès-verbaux et de
poursuites en justice.
Cette manière d’agir,
aussi inique qu’anticoloniale, a-t-elle profité beaucoup à la Cie des
Messageries françaises et a-t-elle fait affluer les recettes dans sa
caisse ?
Pas le moins du
monde ! Elle n’a fait que nuire à ses propres intérêts, tout en ruinant
les colons établis dans la zone desservie par elle, obligeant ceux qui ont pu
fuir à aller porter ailleurs leur activité et leur intelligence, je ne dis pas
leurs capitaux, puisqu’ils partaient ruinés.
Les indigènes en ont fait
autant et les villages dans cette zone se sont dépeuplés.
Puis, on criera bien haut
que les colons, quand ils se plaignent, ne sont que des grincheux, des êtres
insupportables qu’il n’y a pas moyen de contenter.
(À suivre.)
Le Tamatave
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
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