(Suite.)
Dès lors, si toutefois on
n’abandonne complètement l’idée première et les travaux commencés, de nouvelles
études seront jugées nécessaires, et les anciennes iront rejoindre leurs
devancières dans les cartons à oubliettes de la direction, si elles ne vont pas
finir leur existence dans la hotte de quelque chiffonnier.
Avant M. Berthier,
M. Goujon avait aussi entrepris le curage de ce fameux canal. Mais il
n’avait eu d’autre but que de faire taire les colons en faisant semblant de
leur donner satisfaction. De fait, en leur faisant ainsi venir l’eau à la
bouche, il avait simplement renouvelé pour eux le supplice de Tantale.
Vous me trouverez un peu
dur, ajoute mon interlocuteur ; mais pour bien vous rendre compte que je
suis encore bien au-dessous de la vérité, il vous faudrait avoir vécu la vie
réelle de colon sur un point quelconque de la vallée de l’Ivondro.
Par le chemin que nous
avons suivi hier en filanzane pour gagner les rives du fleuve, vous vous êtes
rendu compte qu’il est plus que chimérique de compter sur cette voie, si
ironiquement qualifiée de route, quoique aujourd’hui relativement bien
entretenue, pour transporter les approvisionnements absolument indispensables
dans une ferme.
Encore plus grande est
l’impossibilité d’écouler par cette voie les produits de la ferme sur Tamatave.
Outre qu’une armée de bourjanes serait nécessaire pour cela, la valeur de
beaucoup de ces produits ne suffirait pas à payer les frais de transport.
Il reste la voie
fluviale. Mais à l’heure actuelle elle se termine à Mahatsara, à la gare du
T. C. E. Là se présente une impossibilité d’un autre genre.
Pour voyager en chemin de
fer, les produits doivent être soigneusement emballés et pouvoir séjourner
pendant un certain temps, sans détérioration, dans leur emballage.
Or si quelques produits
de la ferme sont assez riches pour remplir ces conditions et supporter ces
frais, combien d’autres qui ne le peuvent pas, et dont la vente cependant
pourrait couvrir les frais généraux, augmenter d’une façon notable les
bénéfices du colon, et en sauver plusieurs de la ruine.
(À suivre.)
Le Tamatave
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).
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