Monsieur le Directeur du
journal Le Tamatave,
À maintes reprises j’ai
pu lire dans votre vaillante feuille l’opinion émise par vous sur l’avenir de
Madagascar.
Cet avenir, vous
l’estimez des plus brillants, en raison des ressources de toute nature, intrinsèques,
incalculables que possède notre belle colonie.
Votre satisfaction doit
être grande à constater que chaque jour les faits viennent vous donner raison
et établir, par les progrès réalisés, que vous avez été prophète clairvoyant.
Ce que j’ai à vous conter
aujourd’hui vient corroborer mes dires, en même temps que vos prévisions.
Voici :
La fête du 15 août,
en tombant un vendredi, nous a procuré ce que l’on est convenu d’appeler… un
pont, c’est-à-dire trois jours suivis de repos, – trois jours de congé, – bien
difficiles à passer, – sans ennui profond, – dans notre bonne ville de Tamatave
qui, pour être charmante, n’en manque pas moins de distractions.
D’où, nécessité d’aller
en chercher par ailleurs.
Mais Tamatave ne possède
pas de banlieue habitée, ni même habitable ; comme tout le monde sait,
elle est séparée de son hinterland par une série de marais, encore
incultivables.
Si l’on excepte la route
de l’Ivoloina ou du Jardin d’Essai, il ne reste, pour franchir la zone des
marais, que le chemin de Farafatra. À ce point de vue, Tamatave est une des
villes les plus mal partagées de la Colonie, et le filanzane y est encore un
des moyens de transport des plus appréciés.
D’ailleurs on nous avait
dit que le chemin qui, par Farafatra, conduit de Tamatave à l’Ivondro, avait
été remis à neuf par le zélé chef de district actuel, ce fut donc dans cette
direction que fut organisée une partie de plaisir dont j’étais, et nous voilà
partis à la première heure du jour, avec une armée de bourjanes.
La première impression
que produit la voie de communication, la principale peut-on dire, allant de
Tamatave vers l’intérieur, n’est pas des meilleures. On est à se demander à
quoi a bien pu être employée la main-d’œuvre tant prestataire que pénitentiaire
depuis dix-huit ans que la France occupe Madagascar !
(À suivre.)
Le Tamatave
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).
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