(Suite.)
Il en fut ainsi pour le
bassin de Diégo-Suarez. Entre autres imprévisions ayant grevé le coût prévu de
près de deux millions, je citerai la consistance excessive des fonds à draguer.
Au lieu de boues, ou de terres se laissant facilement sucer ou enlever aux
godets, les entrepreneurs tombaient sur des argiles d’une compacité de roc,
résistant à toutes les machines. Il fallut forer des trous dans cette masse, la
désunir à la dynamite et fragments, que l’eau, pénétrant dans les fissures,
ramollissait et qui, moins résistants, finissaient par céder à la drague.
Puis survint un accident
dont les conséquences furent très onéreuses. La souille du bassin était creusée
en bordure de la falaise argileuse. Dès qu’elle atteignit six mètres de
profondeur, la falaise entière se mit à glisser dans la mer. Pour prévenir un
éboulement qui aurait amené l’écroulement des bâtiments établis sur le sommet
de la falaise et eût comblé d’ailleurs le bassin, on fut amené à soutenir la
côte par des murs cyclopéens.
Bien entendu, personne ne
fut responsable ; les plans, dans leurs promenades de Madagascar à Paris,
avaient pris le caractère d’œuvres anonymes : trop de monde y avait
travaillé pour qu’il fût possible de démêler où, par qui et comment s’étaient
introduites ces erreurs de prévision. L’élaboration du projet avait été
dirigée, vous voyez comme : l’exécution ne fut pas moins singulière.
Constamment, il y eut des
conflits, des discussions parce que la direction des travaux était fatalement
confuse et incohérente.
Le capitaine de frégate,
commandant la défense mobile, éleva souvent, trop souvent la prétention de
donner des directions au personnel technique. Cet officier changeait tous les
deux ans ; il y eut six ou sept frégatons à s’occuper du bassin de radoub.
Tous n’avaient pas les mêmes idées, et plus d’un entendait faire prévaloir ses
conceptions sur celles de l’ingénieur chef des travaux.
(À suivre.)
Les Annales coloniales
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
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