(Suite.)
Votre zélé administrateur doit faire
entreprendre les travaux de ce nouveau canal, incessamment a-t-il dit !
Mais alors même qu’il le
ferait, vous pouvez être certain qu’une circonstance fortuite… – oh ! très
fortuite ! soyez-en sûr ! – viendra forcer d’interrompre ces
travaux… qu’on vous promettra de reprendre… encore incessamment !…
Et pendant que cet incessamment s’amène, vous, mon brave
colon, attendez sous l’orme, serrez-vous le ventre, et grattez-vous les pouces,
vous en aurez tout le loisir, car pendant ce temps votre zélé administrateur sera parti en congé, sans esprit de retour, du
moins dans notre bonne ville, vous laissant le bec dans l’eau, riant comme un
bossu de la façon magistrale avec laquelle il vous aura roulé !!
Son successeur ?… Vous
le relancerez à son tour. Je le suppose aussi zélé et aussi aimable,
sinon il vous mettra carrément à la porte…
Mais il ne connaîtra pas
la question, – ou fera semblant de ne pas la connaître, ce qui reviendra au
même. Il demandera le temps d’étudier, de réfléchir…
Le chef du service des
Travaux Publics, qui a fait procéder aux études actuelles, parti en congé lui
aussi, – ou expédié ailleurs, – ne
sera pas là pour donner des explications au nouvel administrateur.
(À ce sujet, j’ouvre une
parenthèse pour vous faire remarquer que, dès que nous avons eu de la chance, inespérée, de posséder un bon employé,
travailleur et honnête, on s’empresse de l’envoyer ailleurs, rendant ainsi
inutiles les études qu’il a faites, et l’expérience qu’il a acquises des choses
et des besoins de la région. Mais, par contre, les mauvais employés nous sont
précieusement maintenus, tout cela sous le prétexte on ne peut plus fallacieux qu’on ne sait où les mettre !!…)
Donc le nouvel
administrateur et le nouveau chef du service régional étudieront les plans et
les travaux commencés ou exécutés par leurs prédécesseurs et, naturellement, –
il ne faut pas être grand clerc, ni sorcier, pour prédire ce qui arrivera, –
ils leur trouveront des défauts qui leur serviront de prétexte pour ne pas les
continuer.
(À suivre.)
Le Tamatave
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
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