L’urena lobata est une plante textile, très répandue à Madagascar,
dont la tige renferme une fibre analogue à celle du jute, et dont jusqu’ici les
Sakalaves et les Betsimisaraks se servaient pour la confection de leurs
cordages.
En outre, il est possible
d’en obtenir des étoffes et des tissus pour les lambas.
Elle ne paraît être
cultivée méthodiquement qu’au Brésil, et pourtant elle mérite de fixer
l’attention des coloniaux, en raison des fortes et longues fibres que l’on
extrait de son liber, et qui trouveraient certainement leur utilisation dans la
fabrication de sacs servant au transport des produits coloniaux.
L’urena lobata est connue dans la Grande Île sous les noms divers de paka, kirijy, et autres ; elle y pousse abondamment à l’état sauvage
et n’est appréciée, come nous l’avons dit, que de quelques tribus indigènes.
Au contraire, à Tahiti,
ses fibres sont tenues pour supérieures à celles du jute, et les habitants les
emploient à la confection de leurs filets de pêche et de tissus, grossiers, il
est vrai, mais durables.
Or, actuellement, la
Grande Île importe annuellement près de 2 millions de sacs de jute, et les
besoins locaux ne font qu’augmenter, sans compter que les îles-sœurs en font
également une grande consommation.
Il conviendrait donc,
ainsi que le dit M. le Gouverneur général de la Grande Île, de favoriser,
à Madagascar, l’installation d’une industrie dont le but serait d’utiliser sur
place une plante dont la fibre est, à différents points de vue, si
intéressante ; d’ailleurs, l’administration locale s’est déjà préoccupée
d’encourager la fabrication locale d’articles d’emballage, et a frappé d’un
droit les sacs de jute, afin de favoriser l’industrie indigène. Mais la
pratique n’a pas tardé à démontrer les inconvénients de ce système, et il
importait de recourir à d’autres mesures.
En conséquence,
M. Garbit a décidé de proposer au conseil d’administration les avantages
pouvant être consentis à la première entreprise de ce genre qui s’installerait
dans la colonie et qui remplirait les conditions que fixerait l’administration
en ce qui concerne les délais d’installation, d’exploitation et l’importance de
la fabrication.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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